Le séisme provoqué par la chute de la maison Espirito Santo n’affecte pas seulement le Portugal où la banque, fondée en 1920, était intimement liée au pouvoir économique et politique.
PAR CHRISTIAN CAMPICHE
L’onde de choc se répercute dans 23 pays. Géant bancaire français, le Crédit Agricole, partenaire et actionnaire historique, devra se saigner pour éponger une partie des dettes. L’intervention de Lisbonne permet à une clientèle fortunée et fidèle de sauver ses billes mais elle n’empêchera pas l’enseigne sous sa forme actuelle de disparaître à jamais.
Le scandale touche la Suisse romande également, Lausanne en particulier, où l’établissement portugais avait pignon sur rue. Même si un gestionnaire de fortune genevois s’est engagé à reprendre ses actifs, la région lémanique perd donc une banque et non des moindres. L’émotion se double d’un effet de surprise car à l’image d’UBS au temps de sa splendeur, Espirito Santo se voyait jusqu’ici distribuer des certificats d’excellence par la plupart des analystes. «Une institution socialement responsable, une société solide pour ses clients.» Sur internet, tel site de conseil aux investisseurs français n’a toujours pas retiré ce compliment, dont le moins que l’on puisse dire est qu’il trompe son monde.
En mettant à contribution le portefeuille du contribuable, Espirito Santo rejoint quelque part le club des banques «too big to fail», celles dont la faillite entraîne dans leur sillage veaux, vaches, cochons et couvées. Des établissements qui en savent tellement sur les dessous et les comment des arrangements financiers qu’ils tiennent tout l’establishment par la culotte, parvenant à l’impunité économique.
Au moins dans le cas d’Espirito Santo, la morale s’en sort-elle légèrement mieux par rapport à UBS dans la mesure où son PDG a fini au trou.
Chronique parue dans GHI du 13 août 2014.