Cela va devenir une tradition. Mardi 6 janvier 2015, une année jour pour jour après une présentation sur le même thème au même endroit, Pascal Broulis a débarqué devant la presse dans l’ancienne halle aux locomotives des CFF.
PAR CHRISTIAN CAMPICHE
Accompagné notamment de la ministre de la culture Anne-Catherine Lyon et du syndic de Lausanne Daniel Brélaz, le grand argentier vaudois n’a pas revêtu la tunique d’un roi mage mais il a apporté un panier d’offrandes: la liste, mise à jour, des sponsors privés de la première phase du projet de Pôle muséal, à savoir la construction, à l’horizon 2018, du Musée cantonal des beaux-arts, à proprement parler. Coût: 83 millions de francs.
Ces mécènes contribueraient aux dépenses à hauteur de 33 millions et des poussières (contre 44,5 millions pour le canton et 5 millions pour la Ville de Lausanne). Or sur cette part de fonds privés, le cadeau royal reviendrait à un “don anonyme” offrant à lui seul 10 millions de francs. Un autre “don annoncé”, sans plus de précision, fait état de 2 millions. Ensemble, ces personnes ou institutions qui agissent derrière un paravent réuniraient donc 12 millions, soit près de 40% du budget (voir tableau ci-dessous).
Actuellement à la Riponne, le Musée cantonal des beaux-arts être devrait être déplacé pour être érigé sur une esplanade autrefois propriété des CFF, à l’endroit des anciennes halles aux locomotives de la gare de Lausanne. Ce bâtiment d’intérêt historique est classé en note 2 (intérêt régional évident) au patrimoine. Le même site accueillerait dans un deuxième temps deux autres musées lausannois, celui de la photo et celui des arts appliqués (budget estimé: 100 millions). Le conditionnel reste de mise car après la levée des oppositions par la ville de Lausanne, un recours est encore pendant auprès de la Cour de droit administratif et de droit public du canton de Vaud. “Nous en tenons compte car nous sommes des démocrates”, a commenté M. Broulis. Un grand argentier apparemment peu préoccupé par l’issue de la procédure puisqu’il prévoit le début de la destruction des halles dans le courant de l’année 2015. “Nous sommes prêts à démolir”, a-t-il ajouté.
Des donateurs sans visage sauvent donc le projet de Pôle muséal. Mais qui sont-ils? Se pourrait-il qu’une banque allonge des millions? Le Médusé a posé la question à la conférence de presse. Réponse de M. Broulis: non, il n’y a pas de banque ou d’institution analogue, il s’agit d’amateurs d’art qui ne tiennent pas à dévoiler leur identité. Le mystère demeure donc entier. Sera-t-il levé un jour? Réalisé en grande partie grâce à l’argent public, le projet mériterait un maximum de transparence, ne serait-ce que pour témoigner de la pureté des fonds annexes investis à l’heure où la finance mondiale traverse une phase troublée.
Liste des sponsors de la première phase du Pôle muséal (en millions de francs, par ordre décroissant)
Don anonyme 10
Fondation Anita et Werner Damm-Etienne 5
Organe de répartition de la Loterie Romande 5
Banque cantonale vaudoise (BCV) 3,5
Fondation Gandur pour l’Art 3
Don annoncé 2
Audemars Piguet 2
Nestlé 1
Fondation Göhner 1
Etablissement cantonal d’assurance (ECA) 0,250
Philip Morris International Management S.A. 0,4
Fondation Payot pour la promotion de la lecture et
l’accès à la culture en Suisse romande 0,030
Association Rétrospective Pierrette Gonseth-Favre 0,015