La Chambre Régionale des Comptes vient de siffler la fin de la récréation pour La Rochelle, ville de 80 000 habitants dont la Mairie n’emploie pas moins de 3 300 fonctionnaires soit 4% de la population.
Les remontrances de la CRC concernent moins le nombre de collaborateurs que leur temps de travail: 33,3 heures par semaine alors que le minimum légal est bien de 35 heures. Le conseil municipal doit évidemment présenter à la Préfecture un train de mesures pour corriger cette anomalie mais c’est sans compter avec les syndicats CGT et Sud qui, vent debout et toutes voiles dehors, hurlent à la mort en perturbant les réunions que la Mairie organise pour tenter de dialoguer sur ce sujet délicat et sensible.
Si la ville de La Rochelle était une entreprise, elle serait en liquidation judiciaire avec plus de 3 000 suppressions d´emplois à la clef. Mais les règles de fonctionnement d’une municipalité ne sont pas les mêmes que celles qui régissent le monde cruel des entreprises. Et c’est donc en toute quiétude et sans vergogne que ces braves fonctionnaires rochelais se mettent en grève, manifestant leur mécontentement (et non pas leur désarroi car ils savent que leurs emplois sont garantis à vie) devant la volonté de la Mairie de les faire travailler 1,7 heure de plus par semaine… soit moins de 5% de 35 heures.
L’endettement de la ville dépasse les 100 millions d’euros et chaque habitant devrait en théorie rembourser la modique somme de 1 450 euros. Le taux de chômage est dans la moyenne nationale et le tissu industriel n’est pas très dense. Seul le tourisme et un secteur tertiaire dynamique viennent nuancer ce tableau peu flatteur. Bref, dans une région à l’économie plutôt atone, les fonctionnaires de la Mairie n’ont pas peur de faire un gros caprice parce que le gendarme de la République leur fait une remarque de bon sens qui leur déplaît.
En conclusion, en France on est capable de réunir avec succès 195 pays qui s’entendent pour faire baisser la température du globe de 2 degrés avant 2025 mais on ne sait pas négocier un accord pour que les sympathiques fonctionnaires d’une Mairie de province travaillent 1,7 heure de plus par semaine afin de se mettre en harmonie avec la loi… Quel beau pays que le nôtre!
Albert Ebasque, Nîmes