David Cameron n’avait vraiment pas besoin de ça : son ministre de la Culture rattrapé par un scandale de prostitution.
PAR MARC SCHINDLER
Le premier ministre britannique est déjà empêtré dans une sombre histoire d’argent familial placé dans des paradis fiscaux. Voilà que les médias anglais révèlent que le pas très honorable John Whittindale entretenait une liaison avec une «poule» de luxe, spécialisée dans la domination et le sadomasochisme.
Ce n’est pas la première fois qu’un politicien est compromis dans une histoire de sexe. L’an dernier, le baron Sewel avait dû démissionner de la Chambre des Lords après la diffusion d’une video où, tout nu, il tendait un chèque à une prostituée. Il y a deux ans, un secrétaire d’Etat avait envoyé des photos compromettantes à un journaliste. Sans parler des scandales de pédophilie dans lesquels une vingtaine de personnalités, dont des hommes politiques, sont inculpés.
Le ministre de la Culture a dû avouer à la BBC qu’il avait eu une longue liaison avec cette femme, avant d’être ministre, mais qu’il ignorait qu’elle était une prostituée et qu’il avait rompu dès qu’un journaliste le lui avait appris. La liaison du ministre était un secret de Polichinelle à Westminster et dans la presse. La maîtresse avait même accompagné le ministre lors de manifestations culturelles et mondaines. L’affaire a été révélée par Byline, un site d’information et d’opinion en ligne, qui se proclame plateforme du «journalisme vraiment indépendant» et qui publie des «enquêtes choc que les médias évitent». Il affirme que la prostituée avait aussi comme client un gangster condamné pour trafic d’armes. Elle avait même accès à la Chambres des Communes où elle distribuait des cartes de visite! De là à penser que la sécurité du gouvernement était menacée et que le ministre était une cible pour un chantage. Remember: en 1962, John Profumo, le ministre de la Guerre, avait dû démissionner, quand la presse avait révélé qu’il partageait une prostituée, Christine Keeler, avec l’attaché militaire soviétique.
Le vrai scandale est peut-être ailleurs, selon le site Byline. Les principaux groupes de presse, qui publient des journaux de boulevard à grand tirage, avaient envoyé leurs meilleurs enquêteurs et leurs photographes pour traquer les amants. Ils avaient même écrit des articles sensationnels… qui n’ont jamais été publiés! Pourquoi? Les barons de la presse ont expliqué qu’il n’était pas d’intérêt public de publier la love story d’un député qui n’était pas encore ministre. Mais Byline raconte en détails les enquêtes et publie une série de mails embarrassants de rédacteurs en chef qui expliquent qu’ils ont bloqué les enquêtes sur le ministre, pour «des raisons éditoriales». La vraie raison est peut-être politique.
John Whittindale n’est pas seulement secrétaire d’Etat à la Culture. Comme ministre des médias, il est chargé de réglementer la presse, la BBC et l’Office of communications, l’autorité régulatrice des télécommunications. Il a pour mission de mettre en oeuvre l’enquête publique dirigée par le Lord justice Brian Leveson sur la culture, les pratiques et l’éthique de la presse britannique, à la suite du scandale du piratage téléphonique par News International. Son premier mandat était d’analyser les accusations de piratage téléphonique au journal News of the World, la première enquête policière et les allégations de paiements frauduleux à la police par la presse. Son deuxième mandat était de passer en revue la culture générale et l’éthique de la presse britannique.
Les medias britanniques n’avaient certainement pas envie de mettre en cause un ministre qui attaque le financement de la BBC et qui va décider comment la presse doit être plus étroitement contrôlée, notamment par un code de conduite. Selon une charte royale signée par la reine, les journaux pourraient être condamnés à payer des amendes de plusieurs millions de livres en cas de plaintes de victimes d’abus de la presse.
Le scandale de prostitution est une épée de Damocles sur la tête du ministre. Byline se demande si sa vie privée n’a pas influencé ses décisions politiques. Le site accuse le ministre d’avoir bloqué la législation trop contraignante pour la presse et il affirme que sa position a changé lorsque la presse de boulevard a commencé à enquêter sur sa vie privée.
Quand le sexe, les médias et le pouvoir sont en jeu, il y a vraiment quelque chose de pourri au royaume d’Angleterre!
Rappelons-nous ce vieil adage terrien, qui ne prendra jamais de rides :
“Trois poils du cul tirent plus qu’une paire de bœufs”.
Excellent article et très interessant. La situation décrite n’ est pas unique à l’ Angleterre, pas seulement chez les hommes d état, partout, même en Suisse, même chez les hommes d’ affaires. Il suffit d enquêter.
Le fait que nous recevons de tels rapports de l Angleterre n est pas seulement le signe de la corruption prévalente, mais également que le journalisme d investigation est encore active.
A voir au cinéma, le film “Truth” qui vient de sortir sur un thème analogue. Ou comment les révélations de CBS sur le passé de Bush (Vietnam), ont été torpillées. La cellule d’investigation réduite à néant. C’était en 2004, juste avant la réélection de Bush…