Point com. Point comme. Y en a point comme nous, braillent les pub qui envahissent internet après avoir défiguré nos villes et pollué nos campagnes.
PAR PHILIPPE JUNOD
La communication est la nouvelle divinité du panthéon moderne. On lui consacre des musées, des expositions, des écoles, et surtout beaucoup d’argent. Les firmes dépensent des millions pour changer de logo, 300 millions pour EDF, 200 pour Orange, 180 pour GDF selon le “Canard enchaîné“. Et combien pour Swisscom? Merci pour les clients et les contribuables, qui paient la facture en dernier ressort. Il en va de même pour le budget promotion des pharmas, qui rivalise avec celui de la recherche. Dans les musées, les “médiateurs” seront bientôt plus nombreux que les conservateurs ou les chercheurs. Quant aux politiques, ils s’entourent eux aussi de ces nouveaux gourous et se ruinent en sondages pour peaufiner leur image.
Mais la com peut aussi tuer la com et provoquer l’exaspération des destinataires. Quand le design règne en maître, la forme éclipse parfois le contenu. Combien d’affiches illisibles, et qui n’a pas dû retourner dans tous les sens un prospectus pour essayer de comprendre de quoi il s’agissait? Couleurs envahissantes, inscriptions ton sur ton, compositions tarabiscotées: avec leur prétentions esthétiques, les graphistes se font plaisir, au point d’oublier souvent le but de leur travail, qui est transmettre un message.
On a pu dire que la statistique est la forme scientifique du mensonge. La pub, qui est l’art de prendre les gens pour des imbéciles, en est sans doute la forme la plus insidieuse. Et la com est son laquais servile. Mais l’overdose menace, du tsunami de spams qui encombrent nos boîtes de courriel, à la saturation obscène des panneaux d’affichage et autres écrans mobiles. Quant aux réseaux dits “sociaux”, s’ils charrient le meilleur et le pire, on peut se demander s’il favorisent vraiment le dialogue quand on voit tous ces gens qui se côtoient tout en restant scotchés à leur smartphone…