L’oligarchie financière aux commandes de l’information et donc de la démocratie


Une démocratie repose surtout et avant tout sur un peuple qui prend les décisions stratégiques soit directement, soit à travers des représentants.

PAR LILIANE HELD-KHAWAM

La  démocratie  se définit en effet en tant que «régime politique dans lequel le pouvoir est détenu ou contrôlé par le peuple (principe de souveraineté), sans qu’il y ait de distinctions dues la naissance, la richesse, la compétence… (principe d’égalité).»

Mais pour qu’un pouvoir puisse s’exercer pleinement et de manière optimale, les détenteurs dudit pouvoir doivent être informés au maximum et au mieux.

Dans une démocratie, l’industrie du pouvoir est le pivot central par lequel l’information est transmise de manière saine ou travestie.

Force est de constater qu’actuellement, à l’heure où l’information est «massifiée» à travers la planète, elle s’intéresse toujours plus aux faits divers (idéalement bizarres ou sordides) et toujours moins aux analyses objectives et explicatives qui rendraient le détenteur final du pouvoir démocratique au fait des réalités et des enjeux.

Nous avions même déjà démontré dans «La grande mue: de l’Etat-Nation à un Etat transnational» ou dans notre dossier: «Suisse-UE, l’intégration silencieuse» que des restructurations profondes, essentielles et existentielles se déroulent au nez et à la barbe du citoyen-contribuable sans que celui-ci n’en soit informé.

Toutes ces restructurations bénéficient directement et/ou indirectement aux grands groupes financiers transnationaux  grâce à:

• l’argent frais du contribuable comme dans le cas des banques en faillite;

• la création d’entités munies de puissance publique qui intègrent dans leurs conseils d’administration, de fondation ou d’institut des représentants des groupes financiers;

• l’ouverture des marchés publics à ces groupes internationaux qui bénéficient d’argent gratuit et mettent en danger le dense tissu économique local pourvoyeur d’impôts et d’emplois;

• la privatisation des services publics, source illimitée d’argent grâce à la captivité du client final;

• la privatisation des ressources naturelles qui donne littéralement le bien commun à des traders sans aucune sensation de satiété – il faut dire qu’ils mutent en robots. Nous pensons  bien évidemment à la production d’électricité livrée aux traders qui délaissent l’électricité non polluante telle celle des barrages pour celle du charbon. Des traders qui poussent le vice à l’occasion jusqu’à faire basculer les prix de vente de la production en zone négative, poussant sûrement les producteurs à la faillite. Mais comme les dirigeants-producteurs sont eux-mêmes souvent issus  des rangs de la finance, aucune doléance n’est visible à ce jour dans aucun média.

• la privatisation des biens publics qui sont des biens communs. Ceux-ci ont été vendus pour pas grand chose aux groupes financiers. Etudiez le cas de Swissair et comment elle a été pillée jusqu’au bout et vous aurez le meilleur cas d’école – bien documentée – de ce dont sont capables des dirigeants pour se faire bien voir par les marchés.

• la palme toute catégorie qui est celle de l’octroi du super-pouvoir régalien de création monétaire à des banquiers mutés en usuriers. Ceux-ci prospèrent grâce aux crédits qui leur donnent le pouvoir de créer l’argent prêté. Ce pot aux roses a été découvert grâce au journalisme alternatif qui a refait de la place à l’économiste prix Nobel Maurice Allais.

• etc. etc. etc.

C’est donc sans grande surprise que nous découvrons que les propriétaires des médias de masse sont  en bonne partie ceux qui profitent de la restructuration et de la privatisation des Etats. En détenant le pivot de l’information, la démocratie se grippe et clive la réalité de sa retransmission virtuelle…

Ces bénéficiaires de la nouvelle gouvernance deviennent juges et parties de la mutation qui a lieu et qui est presque terminée.

Ils ne peuvent humainement être neutres et ne peuvent qu’entraver les journalistes de bonne volonté de faire leur métier de manière optimale.

Le journaliste Bruno Donnet a eu l’objectivité de le reconnaître récemment dans le cas du traitement de l’information  sur le Brexit. Il a même parlé de «prosélytisme journalistique».

Il est par conséquent exclu qu’une démocratie amputée de son outil principal puisse fonctionner. Plus grave restera cette constitution d’une oligarchie qui s’attribue les diverses industries y compris celle extraordinaire de la création monétaire – tout en paupérisant les masses sans que personne n’y trouve quelque chose à redire.

Reste Internet qui a joué un rôle didactique extraordinaire même si le vrai y côtoie les rumeurs et que les masses ne sont pas accessibles tant elles sont hypnotisées par les divertissements débiles des principaux médias.

Cet Internet est dans l’oeil du cyclone grâce aux lois diverses et variées sur le Renseignement, le terrorisme etc. Il n’est  pas dit que la censure ne va pas le sanctionner un de ces jours…

Le blog de Liliane Held-Khawam

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Un commentaire à “L’oligarchie financière aux commandes de l’information et donc de la démocratie”

  1. Michelle 10 juillet 2016 at 14:17 #

    Merci pour cette excellente analyse. Dernièrement j’ai été frappée par la manchette d’un journal, suite au drame d’un enfant disparu à cause d’une rencontre sur internet. La phrase était formulée ainsi: ” Les parents seront-ils contraints d’espionner leurs enfants?”, comme si c’étaient eux les ennemis. C’est par de telles subtilités que l’on formate l’opinion publique. Pourquoi n’avoir pas écrit, par exemple: “Parents comment accompagner vos enfants pour éviter les danger du net…”

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