Charlie Chaplin, dit Charlot ou The Tramp


1889, cent ans après la révolution française, naissait une révolution en soi.

PAR MARTIN DE WAZIERS

Révolutionnaire de son art, Charlot, le personnage créé par Charlie Chaplin trouve son existence comme le Gavroche d’Hugo, l’Oliver de Dickens ou le Tom de Twain, dans la misère londonienne qu’il saura merveilleusement décrypter dans “The Kid”, le film le plus personnel et le plus achevé.

Pitre, clown, une personne qui manque de sérieux, qui fait rire, généralement à ses dépens, grâce à des mésaventures ou une maladresse ridicule, Charlot est d’abord un autodidacte qui crée sa vie avec humour ; “Le Cirque” lui donne un Special Award 1929 ”pour la variété de ses talents et son génie de l’écriture, du jeu, de la mise en scène et de la production”.

Charlie Chaplin ne se laisse pas étouffer à Londres mais, libre, il s’embarque, à sa majorité, pour les Etats-Unis où le triomphe l’attend. S’il fût “Un Roi A New York“ et passera 40 ans de sa vie aux US, son film du même nom dénonce par les armes de la satire la paranoïa et l’intolérance politique qui avaient envahi le pays. Condamné mais libre, il s’installe en Suisse.

En attendant, il était, avant tout entrepreneur et crée, à peine adulte à 28 ans, son propre studio avant de devenir à 30, co-fondateur de United Artists. Est-ce “La Ruée vers l’Or” qui le lance alors? Toujours est-il que l’on notera sa propre composition musicale à la sortie du film en 1926 qui montre, une fois de plus tous ses talents : cinéaste, compositeur et acteur…

Créateur, il est un talent extraordinaire tant dans son jeu d’acteur, et sa créativité burlesque (la danse des petits pains en est l’anthologie en soi!) Il est tellement incroyable d’avoir pu réunir dans le même artiste, étude de caractère, d’émotion et satire comme on le retrouve dans le film le plus intelligent et le plus brillant de toute sa carrière: “Monsieur Verdoux”.

Adaptable au changement, Charlie Chaplin nous apprend à sortir des sentiers battus et nous amène du muet de ses jeunes années, à l’accompagnement musical qu’il compose, à la voix que l’on entend, finalement, tellement clairement à la fin du “Grand Dictateur”. Il nous montre non seulement sa verve, sa créativité, son imagination… et son humanisme!

“L’Opinion Publique” est un tournant: un drame où il n’apparaîtra qu’en une courte scène, après soixante-dix films conséquents, sachant qu’il y a trois femmes à la base du scénario : Edna, Peggy et Pola ! 3, le nombre de femmes dans une vie dissolue, avant de découvrir la femme de sa vie Oona O’Neil et devenir un père enfin heureux et un grand-père comblé!

Chaplin, visionnaire, a toujours été préoccupé par les problèmes sociaux et économiques de ce nouvel âge et, quand en 1931, il a quitté Hollywood pour faire un tour du monde en 18 mois, il a été troublé par la montée des nationalismes, par les effets sociaux de la crise, du chômage, de l’automatisation qui nous donne cet incroyable film : “Les Temps Modernes“.

Complet, peut-on définir le vagabond autrement? Un homme arrivé au sommet de la gloire, un père compliqué peut-être mais comblé avec ses onze enfants, artiste reconnu et adulé, humaniste à l’aune des tous grands… celui qui ne trouvera pas mieux que de réaliser son chef d’œuvre avec les “Les Lumières de la Ville”, ode à la charité, sa très grande qualité.

Nul ne connaît ni le jour ni l’heure mais Charlot nous quitte un jour de Noël, le 25/12/1977 ! Unique, tel est le dernier adjectif que nous devons lui donner et qui lui vaut “Les Feux de La Rampe”. En 1972, 20 ans après la sortie du film, il reçut avec ses arrangeurs Ray Rasch et Larry Russell un Oscar pour la “meilleure partition dramatique originale”: merci, Charlot!

L’auteur est le fondateur d’Alpha Omega Capital; cet article lui a été inspiré par une visite à Chaplin’s World.

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