Et si on disait “merci!” à Donald?


Cessons de diaboliser l’abject Trump.

PAR JOËL CERUTTI

Reconnaissons-lui une vertu : durant quatre ans, il va mobiliser plein de forces intelligentes contre lui. Avant, elles ronflaient sur l’oreiller du conformisme. À présent, elles se réveillent. Ce qui n’est pas un mal…

En préambule, autant ne pas donner dans l’ambiguïté. Jamais, dans les dernières décennies, il m’a été donné de voir un gros débile aussi nourri aux hormones de la connerie abyssale que Donald Trump. Je crois que cet homme personnifie, du moindre atome de son squelette à la pointe de la mèche blondasse de son système capillaire, tout ce qu’il est possible d’abominer dans un monde civilisé.

À lui seul, sur ses deux pattes, bien plantées dans ses bottes, raide de son bon droit, je pense que nous sommes en face de l’homo sapiens qui renie la moindre velléité d’évolution.

Donald barbote dans une mare de superficialité telle que, dans l’aventure du genre humain, je ne crois pas qu’il puisse rencontrer un réel adversaire. Donald, par sa vulgarité raciste, misogyne, patriotique, financière, gomme tout ce que des siècles de culture ont tenté d’apporter à notre civilisation.

Ce qui le rend utile en ce monde si vil.

On dit, avec justesse, qu’un James Bond fonctionne si le Grand Méchant de l’intrigue injecte sa dose de bassesse sordide dans l’intrigue.

Nul besoin de donner dans la demi-mesure, un Couillon Total et Sadique participe à la réussite du scénario. Son nom est Trump. Donald Trump. Ne viens pas me dire qu’avec lui tu restes sur ta faim !

Ses promesses, il les tient. Il a cent jours pour gaver les oies du Capitole américain avec ses diverses régressions, il ne trompe personne sur la marchandise. Le premier qui s’avoue déçu s’avère un faux-cul intégral. Le Mur mexicain, les mesures contre l’avortement, les pipe-line réactivés, bingo, c’est signé, ratifié, en voie d’annulation dans le développement de l’abomination sociétale. Chapeau ! Moi, je lui tire bien bas mon melon, parce que Donald, ce n’est pas du toc, il reste constant dans les égouts du cortex, aucune tromperie sur la fosse d’aisance.

Tant mieux, car…

En face, JAMAIS une telle force ne s‘est déployée pour aller à l’encontre de cet ersatz de pensée négationniste. Soudainement, les journalistes ont décidé de ne plus gober ce que la Maison Blanche affirmait, de vérifier, de recouper, de contrôler. Première magnifique et bonne nouvelle.

En face, sous leurs bonnets roses tricotés avec des oreilles de chattes, des sublimes Amazones ont repris une vindicte féministe et revendicatrice.

Par miracle, le Parti Démocrate sort de sa torpeur et exerce un rôle d’opposition pertinente. Ces répliques cinglantes, on aurait aimé les voir poindre autrement qu’en alignant une Courge blondasse, pourrie de compromissions politiques, face à un abruti qui ferait passer un séminariste d’Ecône pour un Michel Onfray débridé. À vous de décoder ces allusions que j’estime pour le moins pas trop embrouillées.

Les artistes, après avoir menacé de déménager en masse si Trump passait, ont décidé de se battre avec leurs moyens persos. J’admire, Shia LaBeouf, comédien dont les lettres de créances cinématographiques concernaient jusqu’alors des participations à la saga des Transformers ou au plus mauvais épisode d’Indiana Jones. Là, il invente un concept délirant, celui d’assurer un happening, quatre ans durant, face caméra, tant que Donald tient les commandes du pouvoir. Ce qui lui vaut de finir au trou… Génial !

Rendons grâce au 45e président des États-Unis, il inspire, il motive, il permet les meilleurs sketches comiques, les caricatures, les détournements les plus ravageurs. Après 8 ans de ronronnement complaisant autour d’Obama, un tel déchaînement réveille des plaisirs anarchistes plus qu’avouables. ENFIN, un Abominable Gros Con, d’une mauvaise foi sans nuance, avec un discours qui ne prête le flanc à aucune complaisance affadie, occupe le premier rang de la scène internationale.

Tant mieux, bordel !

Grâce à Donald, l’ennemi possède des lignes claires. Avec un avantage pour le principal intéressé. Mettons qu’il ait déposé son nom avec des droits d’auteur, Donald touchera des royalties à chaque vanne balancée sur son incompétence, ses errances, ses agissements vomitifs contre son épouse et je vous en passe des impensables et des pas concevables.

À la fin de son mandat, ce relent du KKK finira avec plus de milliards sur ses comptes qu’avant son investiture. Tapez-lui sur la gueule, carbonisez-lui les gencives, extrayez ses molaires sans anesthésie, il se marre, Trump. Une fois débouté, il pourrait être plus riche que lors de sa carrière de businessman. Normal, dans cet univers, la morale se compare à un tampax que tu flanques aux toilettes en tirant la chasse. Si cela remonte, tu l’enfonces dans le siphon avec le canard WC. Un domaine où Donald connaît le mode d’emploi, moi, je dis…

PJI

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3 commmentaires à “Et si on disait “merci!” à Donald?”

  1. Christian Campiche 27 janvier 2017 at 03:50 #

    A défaut de panache véritable, Trump ne manque pas de courage. Il semble se délecter de la détestation qu’il inspire. A moins que cette insensibilité apparente – est-ce vraiment un manque d’empathie? – soit le symptôme d’une sorte de folie, des psychiatre ont déjà dû se pencher sur son cas.Totalement insensible à la critique, il tient ses promesses à coups de décrets. Fort de ses milliards, il est l’anti-politique par définition, un laboratoire à lui tout seul. Du fait de la gouvernance incontrôlable du monde qu’il induit, il provoque un étrange mélange de révulsion panique et de fascination morbide. J’imagine que certains empereurs de la Rome décadente inspiraient des sentiments analogues. Le paravent à cette démesure est son vice-président. Mais qui est véritablement le mystérieux M. Pence? Imaginer que ce prude évangéliste puisse succéder un jour à un personnage aussi déjanté que Trump est un véritable défi.

  2. Mavilia Magaly 27 janvier 2017 at 11:01 #

    Quel jubilation de vous lire. Au milieu de plumes passées à l’adoucissant après moult lavage politiquement correct, voilà qui fait un bien fou.
    Belles variations qui viennent du fond du coeur et manient avec brio des mots qui, dans un autre contexte, choquerait. Ici, ils sont délicieux.

  3. heizmann 27 janvier 2017 at 11:01 #

    La nature humaine est franchement étrange, imprévisible, et tellement reptilienne.
    Cet article est l’archétype de ce mystère. Car si l’exagération intestinale de ce pamphlet provoque certes une nausée à son lecteur, la cause n’en est pas la date de péremption du hamburger Trump, mais la perception du dysfonctionnement du système digestif de son hauteur… Burk!

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