J’ai longé le Pacifique, avec ses vagues enragées, qui venaient s’écraser sur les plages et les galets, comme pour me dire «hasta luego». Ciao! A bientôt!
PAR PIERRE ROTTET
La route de la plage, qui mène à l’aéroport, m’invitait au clin d’oeil. Pour imprégner mon regard sur ce paysage tout au long de cette route, l’un des passages obligés pour s’y rendre. Mon préféré! Des heures plus tard, bien des heures après, je veux dire, le train qui n’emmenait de l’aéroport de Genève à Fribourg longeait le lac Léman. Bien trop calme à mon goût. Pas un plissement à sa surface. Pas l’ombre d’un signal de bienvenue. L’indifférence, quoi! Même les «vagues» avaient démissionné.
Tu t’en doutes, ce n’est pas tellement pour te parler de ce nouvel exode que je m’adresse à toi. Un de plus, qui s’ajoute à une longue liste. Non. Comme toi, peut-être, je me suis forcé – crois-moi, c’est le terme – à me farcir les images des chaînes françaises diffusées, cocoricotées dirais-je, lors des journaux du soir, à l’occasion de la passation de pouvoir entre un président sortant et un autre entrant. Au moins n’y avait-il là qu’un résumé de ce que la Frrrannnnce a pu suivre en direct tout au long de la journée. Des heures!
La République a besoin de lambris et de faste. Elle a été servie. Que le bon peuple se rassure. Une monarchie a succédé à une autre. Décidément ce bon peuple de France, enfin, ceux qui s’en réclament, en a pris plein les yeux. Sur leur dos de contribuables! Décidément, rien ne change! Ni l’histoire, ni le présent!
A croire que la nostalgie des bons rois de Frrrannnnce est encore bien présente. Sous les acclamations des « sujets », des courtisans, le souverain nouveau a bien vite fait oublier le souverain déchu. Ce dernier ayant du reste tout fait pour se faire oublier. Au plus vite. Rien à retenir!
Dans ma tête, dans laquelle parfois résonnent des relents d’histoire, des cris – imaginaires, certes, quoique… mais comment de pas les entendre, avec un brin, mais un brin seulement, d’imagination, m’arrivaient des «vive le roi». Républicains, certes, mais comment faire, dis-moi, pour effacer l’histoire de ces monarques sans penser à ces derniers. Je veux dire aux nouveaux. Surtout si les néo-monarques de la Ve République cultivent jusqu’au goût des fastes d’une époque que je pensais naïvement révolue. Et qu’ils perpétuent. Et si tu ajoutes à cela les trompettes de la Garde républicaine sur ses chevaux montée, dans ce décor que seule la France – et les autres royaumes d’Europe – sait entretenir…
Et puis, comme pour faire plus réaliste à l’instar de ce qui se pratiquait à la Cour – «le Roi!»: j’ai sursauté à l’annonce de ce valet, comment le nommer autrement -, lorsque M. Macron fut annoncé à l’Elysée. «Monsieur le président!»
Comparaison osée? Sincèrement, je ne crois pas. Mais c’est là mon opinion. Attends de voir les courbettes, déjà entraperçues en cette journée de passation de sceptre, qui se feront plus ostensiblement basses lorsqu’elles auront pour uniques explications et revendications une place de choix au sein de la République.
J’attends la suite avec ce nouveau monarque. Pour l’heure, je lui accorde le bénéfice du doute. Comme il se doit. Le hic est qu’après les catastrophes de la droite sarkozyenne et des fossoyeurs hollandistes de l’idéal socialiste, enfin du peu qu’il en restait, le nouveau roi Macron, à n’en pas douter, est condamné à réussir. La France risquerait fort de perdre la tête sinon.
Je reviens un instant sur le grand bazar français. Sur ces hommes et ces femmes qui guettent le moindre mouvement pour se faire bombarder qui de députés, qui de sénateurs… Qui dans la brèche de quelques postes rémunérés 3, 4, voir 5 et 6 ou fois 10 plus élevés que les bougres qui bossent à longueur d’heures faites de journée sans fin. Sans parvenir à joindre les deux bouts.
Pourtant, s’il est un homme et je pèse mon mot, méprisant d’entre tant d’hommes méprisants dans ce cirque politiques français, du désormais ex-gouvernement, c’est bien ce bonhomme de Valls. Sans pudeur, cet arrogant personnage affirmait mardi dernier sur RTL que « Ce parti socialiste est mort, il est derrière nous ».
Diable, il es bien placé pour affirmer cela. Il en sait quelque chose, le bougre. Lui qui avec quelques autres dans ce dernier quinquennat, est à l’origine de cette mort. De cet assassinat politique.
Bon d’accord, un tel propos de la part de celui qui s’est employé à creuser la tombe tout au long de son mandat politique a au moins le mérite d’enlever le masque. Pour laisser apparaître son vrai visage, hargneux, colérique et n’appréciant guère la contrariété. Quiconque a un peu pris de son temps en l’observant peut difficilement ne pas être frappé par ce qu’on peut alors lire sur ce visage hautain: le mépris. Et surtout le mépris qu’il porte aux autres.
Et puis, en observant sa bouche, le dessin de cette celle-ci, j’y dénote une accentuation de ce mépris, selon la courbe, plus ou moins marquée vers le bas, dédaigneuse. Insolente!
Alors vois-tu, je ne puis que donner raison à qui disait que Mélenchon aurait mieux fait de se faire parachuter dans la circonscription dans laquelle prétend se présenter Valls. Plutôt que d’aller faire le zouave à Marseille. L’un des principaux fossoyeurs – Valls donc – des restes du défunt socialiste, aurait ainsi pu goûter à un enterrement politique. Sans fleurs. Sans couronnes. Pour trouver à jamais l’oubli politique. Sans retour possible. Dans la politique s’entend….