Lettre du Jura à un ami lecteur – Dans la question catalane, les mêmes ingrédients que dans la question jurassienne


Or donc, la Catalogne. Meurtrie par l’histoire, au même titre que le Pays Basque. Et tant d’autres régions d’Espagne.

PAR PIERRE ROTTET

Meurtrie par cette histoire pas plus éloignée que la mémoire de ceux qui la vécurent. On eut à la souffrir, à la pleurer. On la pleure encore.

N’attends pas de moi que je te dise, écrive sur ce que les Catalans, une partie de ceux-ci, ont vécu ces jours. Il sera bien temps d’en reparler.

Le PP de Rajoy a avancé ses pions. Avec l’arrogance qui lui sied. Et avec la volonté manifeste de ne pas dialoguer. Quoi qu’on en dise. N’en déplaise.

Ce qui m’étonne, dans cette histoire, est l’alignement du PSOE sur l’intransigeance hargneuse de Rajoy. On peut certes admettre et comprendre que ce parti, qui est à la gauche ce que le bikini est à l’habit à mettre en cas de visite au Pôle nord, tienne à défendre l’unité de façade de l’Espagne. Quitte à se déjuger. Il est vrai que les partis socialistes en Europe, et même, oui même en France, n’est-ce pas? en ont pris la fâcheuse habitude.

Mais de là à s’aligner sans ne serait-ce qu’en nuançant sa position… Hormis celle d’avancer des réformettes au niveau de la Constitution à propos des régions. Va comprendre!

C’est leur problème. Et c’est pas nouveau. Surtout qu’une fois encore, un parti censé être de gauche, sur le papier, joue à l’aveugle le jeu du PP. En donnant son feu vert à l’article 155 imposé par Rajoy et les siens. Après le refus, il y a quelques années, via un recours en justice, de la notion de nation à la Catalogne. Une reconnaissance qui eût calmé bien des esprits.

Bref. Perso, je rigole. Imagine un peu, pour en revenir à la Catalogne, que le vote du 21 décembre, imposé par Madrid, avec la secrète idée de voir les indépendantistes mordre la poussière, imagine donc un peu, que ces mêmes indépendantistes raflent une nouvelle fois la mise. En guise de cadeau de Noël. Imagine. Chose possible, somme toute… Sans parler que les antagonismes, des deux côtés, pourraient durcir leurs présences dans la rue.

Et je ne parle pas non plus du danger que représente la résurgence d’un nationalisme qui pourrait conduire les uns et les autres à des affrontements que le pays a connus il n’y a pas si longtemps. Avec en sus le lancement dans l’arène de la «Guardia civil», qui s’est rodée le 1er octobre déjà contre les citoyens catalans armés de leurs bulletins de vote.

Une « Guardia civil », oserais-je le rappeler, de sinistre mémoire sous le dictateur Franco. Les bruits de leurs bottes résonnent en Catalogne et au Pays Basque… et dans les rue de Grenade, depuis que le poète Federico García Lorca a été fusillé. Comme des milliers et des milliers d’autres personnes.

A ce stade de ma lettre, je me demande si l’Espagne mérite d’avoir à sa tête un homme comme Rajoy. Enfin, pour être honnête, je ne me le demande pas.

Pour marquer le 1er novembre, un sondage publié par «El Pais» révèle ce que nous savions déjà, pardon, ce que je savais, à savoir que la Catalogne n’est pas l’Espagne. On y apprend, même s’il faut se méfier des sondages, que les indépendantistes remporteraient le plus grand nombre de sièges. L’enquête révèle en outre que le «oui» à l’indépendance augmenterait de 7,6% par rapport à juin dernier. Ce sont des sondages, certes. Manipulables qui plus est.

Va savoir! Un jour avant, un autre sondage publié par «El Mundo», hostile à tout ce qui vient de Catalogne, pronostiquait, lui, sur la base d’une autre enquête, une courte victoire des partis anti-indépendantistes, avec 43,4% des voix contre 42,5% des voix aux partis indépendantistes. Qui pourraient malgré tout demeurer majoritaires en termes de répartition de sièges au Parlement.

D’où ma question: si les dés ne sont pas pipés pendant la campagne, que fera l’orgueilleuse Madrid au soir du 21 décembre, en cas de victoire des indépendantistes? Respecter le choix des urnes? Ou empêcher les indépendantistes, via une décision de la Cour constitutionnelle en main du PP, de participer aux élections?

Reste que ce serait reculer pour mieux sauter. Dans la mesure où le 21 décembre prochain, dans 5 ou 20 ans, ou plus, l’histoire tournera. Une question de temps, somme toute.

Tu vois, il y a dans la question de la Catalogne les mêmes ingrédients que dans la question jurassienne, à savoir, la chose la plus simple au monde, l’identité d’un peuple. Et c’est bien de cela qu’il s’agit aujourd’hui en Catalogne. Avec des Catalans de souche, leur droit à l’autodétermination, et des Espagnols, qui ont choisi la Catalogne pour vivre. Mais qui ne sont pas Catalans. Une nuance. Mais de taille, à mes yeux.

Ce qui me fait dire, écrire, que contrairement à ce qu’en disent les médias, certains politiciens aussi, que la Catalogne n’est pas fracturée, ni même divisée au sens où on l’entend. Divisée? Bien entendu qu’elle peut l’être. Qu’elle l’est. Mais entre Catalans. Entre Catalans de souche. Et c’est bien à ce niveau que commence le véritable débat démocratique. Avec ce droit qu’ont les uns et les autres. Celui de ne pas être d’accord. Et donc de débattre. A la loyale. Sans ingérence extérieure.

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10 commmentaires à “Lettre du Jura à un ami lecteur – Dans la question catalane, les mêmes ingrédients que dans la question jurassienne”

  1. Christian Lecerf 3 novembre 2017 at 11:41 #

    Cest quoi un Catalan de souche?? Et un Suisse de souche? Et un Français de souche?? A combien de générations faut-il remonter pour prouver son identité ou sa nationalité? Bref, à rentrer dans ce genre de dialectique, on risque de tomber dans des logiques d´exclusion qui rappellent des temps que l’on croyait révolus….

  2. Pierre Rottet 3 novembre 2017 at 12:17 #

    Merci pour votre remarque. C’est bien là le débat. Alors permettez cette réponse « succincte ».
    Oui cher Monsieur, de souche, parce que la terre est la leur. C’est vrai en Catalogne comme dans tous les ailleurs du monde. Les Français en Algérie n’étaient pas autres choses que des Français. Des Français. Oui, mais qui vivaient dans une Algérie qui n’était pas la leur. Leurs voix comptaient souvent plus. Et quand je dis souvent… Je veux dire tellement plus, bien plus que les Algériens. De souche. Il en est ainsi de l’histoire de beaucoup d’autres ailleurs dans les rondeurs de ce monde.
    Oui cher Monsieur, il en fut ainsi. Il en est ainsi dans le Jura. Croyez, pour l’avoir vécu, et pour le vivre encore. Le Jura n’a pas été divisé par les Jurassiens eux-mêmes, même si nombre d’entre-eux choisirent de devenir les meilleurs alliés de Berne, et les pires adversaires de l’indépendance. Ce qui était leur droit.
    Voyez-vous, cher Monsieur, j’ai connu bien des gens dans le Jura, venus de partout, de Suisse et de nombreux ailleurs, qui se sont identifiés au Jura, tout bêtement, et à la cause du Jura, par la même occasion, en la faisant leur. Par respect pour les gens de cette terre. Par amour pour cette terre «d’accueil», hospitalière, généreuse, chargée de son histoire, de sa langue, de sa culture, de ce qui fait qu’un Jurassien est Jurassien, ou pour tout homme et femme qui y vivent, «étrangers» en cette terre sur laquelle ils élurent vie. Des gens devenus au fil des ans des Jurassiens de coeur, des amants d’un pays qu’ils respectèrent en ne le cocufiant pas en le reniant pas.
    Des centaines, des milliers de personnes se sont identifiés au combat jurassien. Comme Ernst Stocker… Sans doute ne le connaissez-vous pas. J’ai eu ce bonheur. Ernst Stocker, cher Monsieur, alias Coghuf, le Bâlois, qui a fait sien le combat combat séparatiste. Coghuf trône au gotha des artistes jurassiens.
    Son affiche, sa fameuse affiche contre l’implantation d’une place d’arme aux Franches-montagnes, est dans toutes les mémoires de ceux et celles qui s’engagent dans leur vie. Pour gagner des luttes que nombre de «Davids» gagnent contre des «Goliaths». Et lui, Coghuf, il était là… comme tant d’autres personnes qui, comme lui, venues de tellement d’ailleurs, se sont unis à ce qui était une juste cause: la liberté. Et lorsqu’elle est bien comprise, cette notion de liberté, pour que les homme soient moins cons. Et « dieu » sait s’il y a du boulot.
    Cette liberté là, cher Monsieur, de nombreux Jurassiens de souche – peu nombreux mais puissants – ne l’ont pas voulue. Contrairement aux Bernois venus à l’époque se réfugier en terre d’accueil, devenus Cheval de Troie des gouvernements bernois, c’était leur droit le plus stricte. Je ne leur en ai jamais voulu. Parce qu’il en va aussi de nos libertés que celles de diverger, d’être adversaires. Il en va du respect du débat. Si important. Au même titre que le dialogue, lorsqu’il est vrai et sincère, constructif. Et pas biaisé, en trompe l’oeil, manipulé.
    Personnellement, pour en revenir à « mes Jurassiens », je n’ai jamais compris pourquoi ils mettaient autant de hargne et de zèle à prouver leur allégeance à la Berne cantonale. Sans doute parce qu’ils devaient démontrer au quotidien qu’ils étaient devenus plus Bernois que les Bernois eux-mêmes… Rien de nouveau sous le ciel de l’histoire, n’est-ce pas?
    Oui, cher Monsieur, il y a en Catalogne des Espagnols qui se sentent bien en Catalogne, parce qu’ils y partagent au quotidien les soucis de tout un chacun. Respectueux, je veux le croire, du choix des Catalans. Et il y a les autres, qui se sentent en pays conquis. Auxquels vous ne ferez jamais dire qu’ils sont Catalans. Tout comme il y a des Catalans de souche. A qui vous ne ferez jamais dire qu’ils sont qu’ils se sentent Espagnols. Vous avez dit identité?

  3. Christian Lecerf 3 novembre 2017 at 12:31 #

    “Oui, cher Monsieur, il y a en Catalogne des Espagnols qui se sentent bien en Catalogne, parce qu’ils y partagent au quotidien les soucis de tout un chacun. Respectueux, je veux le croire, du choix des Catalans. Et il y a les autres, qui se sentent en pays conquis. Auxquels vous ne ferez jamais dire qu’ils sont Catalans. Tout comme il y a des Catalans de souche. A qui vous ne ferez jamais dire qu’ils sont qu’ils se sentent Espagnols. Vous avez dit identité?”

    Je reprends votre dernier paragraphe car il résume un peu tout… Donc, si je comprends bien, en cas de consultation électorale sur l´indépendance, il faudra bien distinguer les Catalans de souche des autres, c´est-à-dire le bon grain de l´ivraie….. Bon courage !!

  4. Pierre Rottet 3 novembre 2017 at 19:32 #

    Je vais vous raconter une histoire, cher Monsieur, pour clore ce chapitre dans le débat entre vous et moi. Jamais je ne l’ai racontée… Nous sommes en 1974. Je viens d’épouser ce que la vie ma donné de plus beau, avec ma fille, je veux dire mon épouse. Péruvienne. Cela faisait quelques mois seulement que nous étions mariés… elle, venue de son pays en 1973. Moi, le bourlingueur qui avait alors connu le monde dans tous ses ailleurs, Le 23 juin 1974, jour du vote historique pour la création d’un Etat, je dis bien d’un Etat, fût-il canton, je me suis rendu aux urnes. Pour y glisser mon “oui” dans l’urne. Un geste que va également accomplir mon épouse, avec un “oui”, parce qu’elle avait simplement compris notre combat. Oui, cher Monsieur. Un “Oui”. Elle aurait tout aussi bien pu glisser un “non”, que je ne l’aurais pas moins aimée. Mais ce faisant, cher Monsieur, par un non dans l’urne, elle aurait annulé mon oui. Annuler mon vote, celui du destin d’un peuple. Qui est mien depuis des générations.Et encore des générations. Un jour, un monsieur demandait à l’un des petits-fils d’où il venait. Il a eu cette réponse; du Jura, de Fribourg, de Suisse et du Pérou.

  5. Pierre-Henri Heizmann 4 novembre 2017 at 08:54 #

    Cher Monsieur, c’est étrange cette manière de prétendre que les régimes socialistes qui exercent le pouvoir en Europe depuis des décennies ne le sont pas, mais si ils le sont socialistes, justement!

  6. Danièle Fähndrich 4 novembre 2017 at 10:26 #

    Merci, Pierre! Catalane, non de souche, mais depuis 47 ans,j’ai aussi souvent comparé la lutte du Jura avec celle des Catalans. Je me considère,comme toi,un peu de partout où j’ai vécu ou d’où je suis originaire: Jura, Vaud, Suisse, Hongrie, Autriche, Pérou, Colombie, Catalogne.
    Ce combat pour l”indépendance, je le mène pour le futur de mes petits-enfants.
    Il faut connaître l’Histoire de la Catalogne, ses tribulations avec les gouvernements de Madrid,”el amor-odio “à son égard.
    J’espère que le 21 D donnera la majorité à l’indépendantisme ….

  7. Le Médusé 4 novembre 2017 at 11:18 #

    Quand des intellectuels du monde entier s’inquiètent de la situation en Catalogne:
    https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/031117/catalogne-defendre-l-etat-de-droit-dans-l-union-europeenne

  8. Christian Lecerf 4 novembre 2017 at 12:45 #

    Merci de m´expliquer quel serait le projet de société d´une Catalogne indépendante… et ce par rapport à la situation de ces trente dernières années.

  9. Pierre Rottet 5 novembre 2017 at 23:09 #

    C’est pas que que je tienne à prolonger ce débat, cher Monsieur qui tant se préoccupe de l’avenir économique et de l’avenir de la Catalogne. Perso, je fonctionne à la sympathie, au coeur, au-delà des affinités. Et voyez-vous, cher Monsieur, un pays comme la Catalogne qui interdit la corrida ne peut qu’être respecté. Au-delà de mes affinités. Oui. La Catalogne a interdit les corridas… Il y a quelques années. Sauf que le tribunal constitutionnel espagnol (TC), en mains du PP, a une nouvelle fois fois fait valoir son diktat, en annulant en octobre 2016 la décision de l’interdiction des corridas votée en juillet 2010 par le Parlement régional catalan. Corridas, dit en passant, déclarées «patrimoine culturel». Faut l’faire. Un comble, pour oser déclarer ce genre de violence, y compris dans une arène, patrimoine culturel d’un pays. La culture du sang, en quelque sorte… C’est pas que je tienne à avoir raison. Mais comment pourrais-je en vouloir et, surtout, ne pas encourager, un pays, la Catalogne, donc qui empoigne son destin par les cornes. Pierre Rottet

  10. J. V. de Muralt 18 novembre 2017 at 15:34 #

    Ce problème est vraiment la bouteille à l’encre.

    On comprend très bien le sentiment des Catalans “de souche” qui rappelle en effet le combat magnifique du peuple jurassien, auquel vous avez participé. En même temps on ne peut que comprendre aussi les Espagnols, de tous bords politiques, qui n’ont pas envie de voir démembrer leur nation par une sécession unilatérale. Si l’on pense au cas jurassien, il a connu une issue heureuse et pacifique, mais c’est tout de même qu’il y a eu consentement mutuel. Les Jurassiens portés par leur instinct de “race” (terme à prendre du sens qu’on lui donnait avant la guerre de 14, sens que lui donnait Ramuz, c’est à dire ethnie, culture, tradition, religion, sensibilité, rien de biologique) ont concrétisé leur rêve: avoir leur Canton. Mais les Confédérés des 22 autres Cantons ont aussi donné leur accord. Et puis il y a eu création d’un nouveau Canton suisse, pas sécession pure et simple.

    S’il y avait en Espagne un vote de tout le pays, il y aurait, peut-être, une majorité sécessionniste en Catalogne, mais très probablement les autres provinces espagnoles et le peuple espagnol majoritaire dans son ensemble, serait contre. Peut-on faire sécession dans ces conditions? Sans doute pas. Du côté des autorités européennes ils sont dans l’embarras. Bien sûr ils aimeraient dissoudre les nations, pour que des mini-Etats puissent dépendre direçtement de Bruxelles et court-circuitent leur ancienne capitale nationale. Mais d’un seul coup les eurocrates ont senti la terre trembler sous leurs pieds. Ils ont compris que çe serait ouvrir une boîte de Pandore et que tout l’édifice européen dejà bien branlant risque de s’écrouler. Donc rétropédalage…

    Et il y a aussi des milieux jusqu’au-boutistes qui poussent au clash pour faire avancer des intérêts troubles… Passons…

    Qui va l’emporter?

    Vraiment on ne voit pas bien dans quel sens ça va évoluer. Que Rajoy soit sympathique ou pas, qu’il soit un piètre politique ou pas, il est tout de même dans son bon droit. J’aurais plutôt tendance à penser que l’intérêt des bonzes de Bruxelles étant pour le moment de maintenir le statu quo, le plus probable est qu’il n’y aura pas de sécession. Mais si des activistes jusqu’auboutistes forcent les choses et qu’il y a une sorte de hold-up, ou de coup d’état (ce que serait l’indépendance pure et simple de la Catalogne) alors les contrecoups seront énormes car la Corse, la Padanie, la Savoie, etc., voudront suivre l’exemple. Et pour la Suisse cela créera une situation très compliquée car beaucoup de régions limitrophes seront tentées par ce que la Ligue Savoisienne appelle l’option Suisse: c’est à dire se rattacher à la Suisse et non à ce machin de Bruxelles qui prend l’eau de toute part et menace de faire naufrage.

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