Accusé d’optimisation fiscale, le grand argentier vaudois devrait-il se reconvertir dans la science de la prémonition? En 2011 et 2016, Pascal Broulis sortait deux livres intitulés « L’impôt heureux » et « Fragile pouvoir ». Le premier ouvrage, c’était à l’époque où personne ne se souciait de savoir où le chef des finances du canton de Vaud payait ses impôts. Parce que tout le monde pensait que le conseiller d’Etat aux manières patelines ne pouvait que les déclarer à Lausanne, la ville où il a son bureau et son fils va à l’école. Et non en grande partie à Ste-Croix, sa localité d’origine, considérée comme un paradis fiscal si on la compare à la capitale du canton. Et puis un jour, un journal… zurichois l’a appris et l’a révélé. De sorte que Pascal Broulis fait face aujourd’hui à des soupçons embarrassants. Et doit s’étonner de sa faculté d’anticiper le cours de sa propre vie. L’impôt est-il toujours « heureux »? Quant au pouvoir, il est chose bien fragile, en effet. Sic transit…
Lui faire ce coup, à lui, Pascal Broulis! Franchement le titre du groupe Tamedia, qui a sorti l’affaire, aurait pu se montrer plus respectueux et attendre au moins que l’intéressé rentre des JO d’hiver de Corée pour lâcher son scoop. Le ministre vaudois est l’un des piliers gouvernementaux de la région qui héberge le CIO, l’UEFA, le Tribunal arbitral du sport, l’Agence antidopage et moult fédérations sportives. De quoi a-t-il l’air désormais, le pygmalion de la culture lémanique, l’artisan d’un « Pôle » muséal qui coûtera 200 millions au contribuable? Prisonnier de misérables arguments à des milliers de kilomètres de ses conseillers en communication! Alors qu’il n’a rien fait d’inégal. Mais de quoi se mêle la presse alémanique?
Quel cauchemar! Voilà que le parlement cantonal s’est mis dans la tête de poser des questions. Le conseiller d’Etat bénéficie-t-il de passe-droits? M. la Rigueur du fisc, le donneur de leçons si prompt à coincer les fraudeurs, expliquez-vous! Ouvrez tout grand vos comptes! D’accord, la vision de la probité fait le grand écart au-dessus de l’article 14 de la loi vaudoise sur les impôts communaux. Le séjour saisonnier, y est-il précisé, implique que « le contribuable qui séjourne plus de nonante jours par an dans une autre commune que celle de son domicile, en y occupant un logement lui appartenant ou pris à bail pour une longue durée, paie l’impôt dans cette commune proportionnellement à la durée de son séjour ». La gauche l’interpelle, la droite, fief de Pascal Broulis, juge la polémique puérile. Mais cette dernière position est-elle défendable? A l’heure où les finances de l’Etat donnent du souci, un grand argentier peut-il invoquer la légalité pour s’assoir sur la morale? Ne doit-il pas donner l’exemple?
Merci Christian, tes articles sont toujours intéressants.
Thierry Fischer dans sa fameuse émission “Médialogues” à rts1 ne tarit pas d’éloges sur ton professionnalisme de journaliste. BRAVO !