Trump, roi du pétrole


On ne parle que très peu du pétrole dans la crise nucléaire iranienne. Les journaux titrent sur la dénonciation de l’accord de 2015 par le gouvernement américain, son impact sur les relations internationales, les risques d’une guerre. Mais beaucoup ne disent mot de l’enjeu pétrolier. Ce dernier préside pourtant à la décision de Washington. 

Le prix de l’or noir a plus que doublé au cours des deux dernières années, mais cette situation ne profite pas à tous les pays producteurs de la même manière. L’Arabie saoudite engrange les dividendes de la manne pétrolière, les Etats-Unis aussi. Ceux-ci sont devenus des exportateurs de première taille grâce à l’extraction de schiste, coûteuse et polluante, et comptent damer le pion à Gazprom en concurrençant le géant russe sur sa propre réserve de chasse, l’Europe. 

L’Iran pouvait croire à un retour de balancier grâce à l’accord sur le nucléaire de 2015, qui lui permettait de reprendre les exportations de brut. Le retour à l’embargo décrété par Trump et ses amis des majors du pétrole compromet l’édifice difficilement construit. Mais le dindon du vaste jeu de dominos pétrolier de cette année 2018 est aussi sans conteste un autre «ennemi» de Washington, le Venezuela. Sur le papier une reprise des cours avantage le pays bolivarien qui dispose des plus grandes réserves de pétrole au monde. En réalité Caracas n’en bénéficie pas du tout car sa production a chuté de manière drastique. L’entité qui gère ses hydrocarbures subit un imbroglio dont les causes demeurent obscures et le Venezuela n’est plus que l’ombre de lui-même sur l’échiquier de l’exportation de brut.

L’affaire iranienne jette une lumière crue sur la stratégie géopolitique américaine depuis l’accession à la présidence de Donald Trump. En dépit d’apparences chaotiques, elle est d’une cohérence redoutable. Elle ne s’embarrasse surtout d’aucun scrupule. Cette communication basée sur la violence à état brut la différencie de l’administration précédente, laquelle soignait la forme mais ne poursuivait pas des objectifs fondamentalement différents au Moyen-Orient.

Dans le jeu pétrolier, les Etats-Unis redeviennent les maîtres et la Russie est loin d’avoir dit son dernier mot. L’Europe dans tout ça? Comme lors d’un match entre Federer et Nadal, elle compte les points.

Christian Campiche

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