Jugement climatique de Renens, ces mots… bien malheureux, parfois


PAR PIERRE ROTTET

Il y a comme ça des lectures matinales de la presse qui interrogent. Comme ces quelques lignes, en première page d’un quotidien, parues ce vendredi matin, invitant à lire en page intérieure le développement d’une info.

« Climat : c’est une victoire pour le procureur général du canton de Vaud, Eric Cottier », écrit le quotidien en question à propos du jugement des militants pour le climat, condamnés jeudi en appel à Renens pour une « partie de tennis sauvage devant les guichets de la banque Crédit suisse ». Sponsor du bien discret milliardaire Roger Federer, en ce qui concerne les préoccupations de centaines de milliers de jeunes. En Suisse notamment. 

Le choix des mots… bien malheureux parfois… Ou absurdement mal pesés: Victoire ! Laquelle? Celle du bras de la justice vaudoise en sa qualité de membre du PLR? Dont le parti, en décembre 2018, entre autres, avait rejeté la loi sur le CO2 visant à mettre la Suisse en conformité avec les Accords de Paris.

Coïncidence ? Ou pas ? Ce même jeudi, des scientifiques du Centre Oechger pour la recherche climatique de l’Université de Berne publiaient un rapport prouvant que « les vagues de chaleur en milieu marin détruisent les écosystèmes, avec notamment des conséquences néfastes pour la pêche ». Sans parler de la disparition progressive de la banquise et du blanchiment des coraux…

“Les militants pouvaient attirer l’attention du public et faire pression sur la banque par d’autres moyens… Il auraient pu intervenir davantage dans les médias ou déployer une banderole dans une manifestation”, a estimé sans rire le président du tribunal.

Avec des banderoles… Non mais ! Le président dudit tribunal aurait tout aussi bien pu ajouter : « Chut, silence. Ne pas déranger… A la Suisse ! »

Si les Jurassiens s’étaient contentés de banderoles pour manifester leurs revendications pour la création d’un canton, sûr qu’ils n’auraient rien obtenu. Rien ! Nada ! Et je ne parle pas des Gilets jaunes en France qui obligèrent le gouvernement de Paris à revoir sa copie sous bien des aspects.

C’est avec des banderoles, certes, mais aussi à coups de démonstrations de colère et de revendications devant le Palais fédéral et dans les rues de Suisse que des centaines de milliers de femmes en Suisse ont exigé et exigent d’être entendues pour tellement de choses qui les discriminent encore et toujours en Suisse. Pour faire monter la pression, gageons qu’il en faudra d’autres, des agir et des actions pour réveiller le Berne fédérale. Et pas seulement !

Et les dizaines de milliers de jeunes suisses qui firent la grève du climat dans la rue, se sont-ils contentés de banderoles pour exprimer leurs craintes d’une terre sans avenir ? Courageusement, ils ont bravé autorités scolaires et politiques. Au point de secouer la classe politique suisse. L’obligeant même à revoir quelques mois plus tard sa copie à propos de la loi sur le Co2. Au grand dam du PLR, notamment, aux abois après ce déferlement de revendications de jeunes soucieux pour leur avenir…

Une victoire, a écrit le journaliste de service au lendemain de ce jugement. Sauf qu’elle pourrait bien être à la « Pyrrhus ». Dont le dico nous dit « qu’elle est une victoire tactique obtenue au prix de pertes si lourdes pour le vainqueur qu’elles compromettent ses chances de victoire finale ». Les jeunes se chargeront bien de le rappeler. Dans la nécessité de l’urgence !

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