Dans les poches des autres


PAR CHRISTIAN CAMPICHE

Berne va finir par regretter Donald Trump ! Il n’aura pas fallu trois mois de présidence Biden pour que Washington se rappelle au mauvais souvenir des banques suisses. La Suisse, paradis fiscal, on l’avait oubliée, cette tirade-là !

Dans son discours sur l’état de l’Union, M. Biden a ressorti de ses tiroirs un cadavre de l’époque Obama, le temps où le secret bancaire faisait les choux gras de la presse américaine. Rappelez-vous, la Grisonne Widmer-Schlumpf en avait perdu son ladin, allant jusqu’à s’aplatir devant le grand inquisiteur yankee. Amputée de son fonds de commerce, la Suisse n’avait plus jamais été inquiétée depuis lors.

Maladresse ou début d’un nouveau cauchemar ? Ueli Maurer sera vite fixé. Le grand argentier rencontrera prochainement sa contrepartie américaine. Il lui expliquera que la Suisse de 2021 n’est pas la Suisse de 2014. Encore moins la Suisse de 1997. Pourquoi revenir aux vieux poncifs ?

La Suisse l’apprend une nouvelle fois à ses dépens : pour vivre heureux, il ne suffit pas de vivre caché. Encore faut-il parvenir à gommer cette image de pays de cocagne, tellement heureux de son sort qu’il claironne à longueur de journée que son taux de chômage n’a pas bougé, nonobstant la Covid.

Biden n’est pas aveugle. Il n’est pas amnésique non plus. Il doit financer son plan de sauvetage du pays. Il a promis des centaines de milliards au peuple américain. L’argent, il le prendra là où il le trouve. Dans les poches des autres.

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4 commmentaires à “Dans les poches des autres”

  1. Marianne Waeber 30 avril 2021 at 22:50 #

    Il semblerait dans votre article que M.Biden soit un grand méchant loup qui s’en prend aux Suisses innocents…

    Ce n’est pas un constat très juste. Il ne fait pas mention des innombrables contorsions des banques suisses pour contourner les législations anti-paradis fiscaux. Le Crédit Suisse vient de se faire épingler pour une série d’opérations plus que douteuses.

    On peut certes défendre jusqu’à un certain point les fortunes accumulées dans nos coffres bancaires par des personnages douteux, plus soucieux de sauvegarder leurs fortunes que d’aider leur pays à se doter des infrastructures nécessaires à la vie sociale… Mais il semble que nous ayons atteint un stade de combines financières difficile à accepter. Et pas seulement pour des raisons morales !

    Si les USA veulent récupérer les énormes sommes hébergées dans notre pays, et qui échappent au fisc américain – et donc à leurs compatriotes – je ne vois rien là que de normal. Et je comprends mal votre ire contre un Biden qui ne fait que son devoir de président qui a à gérer un immense territoire, et qui pour cela ne peut plus tolérer l’évasion fiscale de ses riches concitoyens.

    La Suisse doit se tourner vers d’autres activités bancaires, car de plus en plus de pays vont l’épingler à l’avenir – et cela d’autant plus qu’elle risque bien de se mettre à dos l’UE, et donc de se retrouver bien solitaire…

  2. Christian Campiche 1 mai 2021 at 09:35 #

    J’ai dit tout le mal que je pense d’UBS dans mon essai “Le krach mondial”, paru en 2008. Mais tel n’est pas l’objet de mon article. La question n’est pas de savoir si la finance suisse mérite plus qu’une autre des sanctions. Il s’agit de déplorer un fait du prince: pour regarnir sa besace, rien n’est plus facile que d’aller piquer ailleurs quand on est très puissant. Et si l’on parle de privilèges fiscaux, eh bien allons-y: l’un des plus grands paradis au monde est le Delaware. Aux Etats-Unis…!

  3. Jean-Philippe Chenaux 1 mai 2021 at 13:19 #

    En quelques lignes et avec le titre idoine, tout est dit.

  4. Pierre-Henri Heizmann 1 mai 2021 at 19:44 #

    Félicitations pour la pertinence de votre article, avec une fois encore cet éclairage sans concession qui vous caractérise!
    Merci pour votre présence chatoyante dans le paysage morne et aseptisé des médias romands ; un arc-en-ciel dans le sepia jauni du politiquement correct!

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