Edouard Morerod, comme un météore


Edouard Morerod naît à Aigle en 1879. A dix ans, il perd son père, deux ans plus tard sa mère. Orphelins, sa sœur aînée Hélène et lui connaîtront une enfance chahutée, de pension en pension. Au terme de sa scolarité, baccalauréat en poche, le jeune homme fait son service militaire, abrégé par une chute de cheval, puis se rend à Paris. Nous sommes en 1900. Un an plus tard le voilà précepteur auprès du prince Wiasemsky en Russie, à Lotarevo. De là datent ses premières esquisses et sa première peinture. De retour dans la Ville Lumière, il rencontre deux compatriotes, les peintres Steinlen et Marius Borgeaud, des liens d’amitié s’établiront avec ce dernier. Epris de poésie, Morerod s’oriente néanmoins vers le dessin et la peinture. En 1903, un premier séjour en Espagne ; il fera de la péninsule ibérique sa seconde patrie, séduit par la lumière et les caractères variés des lieux traversés dont Almeria, Tolède, Guadix, et surtout Séville. Il y rencontrera en 1907 Pastora, figure emblématique qu’il évoquera tout au long de sa trop courte existence. Par sa diversité, Paris le mobilise et ses talents de portraitiste font le reste. Des cocottes de la Belle Epoque à des personnalités en vue en passant par les déshérités servant de modèles à la Grande Chaumière, tous orneront les planches de celui qui connaîtra des fortunes diverses. A la dèche trop souvent présente succéderont de francs succès. Il expose au Salon d’Automne déjà en 1907, faisant partie du jury quelques années plus tard.

En 1911 survient une parenthèse dans son cursus artistique. Quelques mois passés au Maroc, à Tanger, lui font découvrir la force du trait, les femmes voilées faisant obstacle à celui qui cherche le visage avant tout. Parmi les expositions, celle du musée Rath à Genève en 1913 le fait connaître d’un public qui ignore tout de ce Romand bien peu accommodant pour ses compatriotes qu’il qualifie de «barons du fromage».

La première Guerre mondiale n’est pas sans conséquence pour l’artiste. Ne pouvant s’engager, il peint des groupes de veuves. La série de pochades qu’il réalise à St-Jean-de-Luz en bord de mer s’inscrit en contrepoint de cette période difficile. Dans le même temps, il découvre un nouveau modèle, la Dame admirable, comme un aboutissement dans sa quête plastique. C’est de la tuberculose qu’il décède à Lausanne le 22 juillet 1919.

Jacques Dominique Rouiller, Président de l’Association des Amis d’Edouard Morerod

L’exposition « Au cœur de l’humain » mettant en lumière les peintures et dessins du peintre vaudois Edouard Morerod (1879-1919) est à voir à la Fondation l’Estrée à Ropraz du 4 septembre au 31 octobre 2021. Vernissage 4 septembre dès 16h.

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