Engagement humanitaire au Liban, appel au secours


La situation humanitaire est très préoccupante dans le nord du Liban autant pour les réfugiés syriens que pour les libanais qui ne peuvent plus joindre les deux bouts.

Il y a un an, je m’envolais pour l’Akkar, la région au nord du Liban, considérée comme la plus pauvre du pays. J’y passe 5 mois à travailler pour la petite ONG Relief and Reconciliation for Syria (R&R) afin de valider mon Master que j’étudie à l’Université de Genève sur le Moyen-Orient. J’y écrivis ces quelques lignes :

« Comme dans un film »

Au-delà du mur, dans le nord du nord du Liban, se trouve l’Akkar. Il y fait presque aussi froid que dans le nord des sept couronnes de Game of Thrones. Cependant ce ne sont pas des sauvageons qui vivent ici, mais des familles libanaises et syriennes. Néanmoins, elles ont autant de peine que les Sauvageons à subvenir à leurs besoins. Non pas à cause d’un mur imposant ou de la neige éternelle mais à cause d’une triple crise (économique, sociale et sanitaire) qui touche le pays de plein fouet.

Certes il n’y a pas de réel mur entre l’Akkar et le reste du Liban. Pourtant l’on ressent clairement un fossé. Rien qu’en termes d’infrastructure, les trottoirs sont aussi rares que les voitures avec une vraie plaque d’immatriculation. Dans ce Far West libanais, les pistolets à la ceinture sont aussi courants que dans l’Ouest américain. Le petit village chrétien de Bqarzala accueille notre QG qui ne s’arrête jamais, même en temps de coronavirus. J’ai vécu le confinement « le plus strict au monde » pourtant j’oublie que le covid-19 existe. A quoi bon s’occuper du coronavirus lorsque les gens n’ont plus accès à des médicaments contre le diabète ou l’hypertension… La mort est déjà proche. Ces médicaments sont devenus très rares et extrêmement chers pour une population qui vit au seuil de l’extrême pauvreté. Pour beaucoup ici, travailler est synonyme de manger alors à quoi bon respecter un confinement si c’est pour mourir de faim…

Aujourd’hui, je suis témoin de la détresse humaine. Avec R&R, nous essayons d’y faire face, distribution quotidienne de pain, éducation et soutien scolaire pour les enfants. Mais malgré tous nos efforts, nous ne sommes pas des Robin des bois.

Lorsque je rencontre des familles syriennes, j’ai trop souvent la sensation d’être dans un épisode de Homeland ou du Bureau des légendes. Les histoires de torture ou d’espionnage sont quotidiennes. Je ne me suis jamais autant dit « c’est comme dans un film » non pas parce que c’est beau ou romantique mais parce que l’histoire me paraît surréaliste. Il y a des Jason Bourne et des James Bond à chaque coin de rue. Venant d’un petit village des Alpes suisse, je suis dépaysée !


Camp de réfugiés syriens de Kousha, Akkar, Liban 2021 (Photo DR).

Parfois, des actions qui me paraissent naturelles ou ordinaires deviennent surprenantes. J’enseigne le français à des enfants qui ne sont jamais allés à l’école de leur vie. Comment aurais-je pu imaginer la première chose à enseigner à ces enfants. Le respect, le calme, l’écoute, l’écriture… ? Non. S’asseoir sur une chaise et regarder en direction du tableau. Sans cet acquis, il ne peut y avoir d’école. Et croyez-moi, c’est loin d’être aussi simple qu’il n’y paraît. Occasionnellement, on commence par expliquer aux parents l’importance de l’éducation malgré la situation extrême qu’ils vivent. L’éducation est un droit humain même en situation de crise.

Je ne peux me lasser de l’accueil chaleureux et de l’hospitalité dont ces gens font preuve malgré leur condition. Le thé et le café sont fidèlement servis lors de chaque visite, sur la table quand il y en a une ou à même le sol. Leur générosité et leur résilience continuent à me surprendre autant que leur récit, ce sont eux les super-héros.

« Comme dans un film » peut-être qu’il serait temps d’en faire un film…

Aude Sublet

Malheureusement faire un film est un processus long. En attendant, je reçois des appels à l’aide de plus en plus désespérés, touchés de plein fouet par la crise libanaise avec une inflation record, ils manquent de tout (médicaments introuvables, de l’électricité avec de la chance, ils en ont 1 heure par jour, de l’eau potable, de l’essence, de la nourriture qu’ils peuvent peut-être se payer…). En septembre dernier, je fais en urgence un aller-retour afin de leur apporter des médicaments et des vitamines pour les aider à passer le rude hiver libanais.

Ces gens qui connaissent aussi bien que les Ukrainiens le son des avions russes n’ont toujours pas la chance d’avoir un vrai toit sur leur tête ou une simple douche, après 8 ans de patience.

Il y a un mois, les appels au secours se sont intensifiés sur mon téléphone portable. Il n’y a plus d’électricité public depuis deux semaines dans la région de l’Akkar et les ONGs ne paient plus aux professeurs les petits salaires qu’ils arrivaient à gagner en enseignant aux enfants les maths, le français, l’anglais, le sports ou l’arabe. Les ONGs aussi manquent de tout et aujourd’hui particulièrement de dons.

Par ces quelques lignes j’appelle à votre générosité et votre aide.

Comment aider à court terme

  • Faire un don en argent
    A des ONGs basées dans l’Akkar via internet avec la mention « teacher salary »:
  • Faire un don matériel : de médicaments / vitamines / lait pour bébé / batterie solaire

A envoyer ou déposer à cette adresse avant le 25 avril 2022, départ pour Beyrouth fin avril. Attention aux dates de péremption merci.

Aude Sublet
Chemin de Montelly 8
1007 Lausanne

Comment aider à long terme

  • Par une donation mensuelle de 70 Dollars, soutenez une famille syrienne.
    • Soutenez Manar, elle enseigne l’anglais dans les écoles des camps, elle est divorcée et a deux petites filles.
    • Soutenez Khodar et Omar, deux frères qui ont créé un club de foot pour les enfants syriens, ils essaient d’apporter une autre vision de la vie aux jeunes en leur inculquant les valeurs du sport.

Pour plus d’informations me contacter par mail ou téléphone : audesub@hotmail.com / 078 858 11 09

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