Chine, désastre en devenir

PAR MICHEL SANTI

La population chinoise sera divisée par deux d’ici à la fin de ce siècle. La respectable revue scientifique médicale britannique, «The Lancet», prévoit en effet un effondrement du nombre de chinois à 730 millions, venant de 1 milliard 400 millions aujourd’hui. A la faveur de la crise de la Covid, le taux de natalité s’y est liquéfié de 30% ces deux dernières années, enregistrant ainsi sa chute la plus dramatique depuis la période terrible de la grande famine de la fin des années 50 et du début des années 60. Dans le pays le plus peuplé au monde, seuls 10,6 millions de bébés sont nés en 2021, du jamais vu depuis la prise de pouvoir des communistes en 1949, et ce avec un nombre de mariage qui a logiquement diminué de l’ordre de 12% depuis 2019. 

La Chine subit bien-sûr frontalement les conséquences de sa politique – instaurée en 1980 – de l’enfant unique ayant eu des conséquences dévastatrices à plusieurs niveaux. Ce n’est, en effet, pas uniquement l’indispensable taux de renouvellement des populations qui a été interrompu. Cette mesure à portée civilisationnelle a en outre laissé une empreinte profonde chez le peuple chinois ayant largement intégré  – quasiment dans ses gènes – de ne plus avoir qu’un seul enfant par famille. La flambée du marché immobilier national et la cherté de l’accès à une bonne éducation ont, par la suite, achevé le travail. Le résultat consiste en un contexte où la structure familiale en Chine est aujourd’hui qualifiée de “4-2-1”, qui se résume à quatre grands-parents soutenus par deux époux ayant un enfant. Il n’est donc pas étonnant que la société chinoise se soit adaptée face à cette contrainte et aux poids financier de soutenir les grands-parents avec pour conséquence directe l’impossibilité d’assumer plus d’un enfant. Le marché du travail, enfin, y reste fort rétrograde car les employeurs potentiels interrogent systématiquement les jeunes femmes candidates à un emploi sur leur souhait d’avoir un enfant et même sur leur statut relationnel, à savoir si elles partagent leur vie avec un partenaire. Cette discrimination en bonne et due forme du marché du travail à l’encontre des jeunes femmes chinoises sape évidemment leurs perspectives de carrière car elles sont taxées de ne pouvoir assumer de front leurs responsabilités professionnelles et familiales. 

L’extrême fragilisation de la démographie chinoise n’est donc pas imputable à la crise sanitaire, mais bien à cette propension historique des dirigeants de ce pays à contrôler leur population… qui est du reste encore attestée par les mesures drastiques et aberrantes de confinement quasi généralisé en vigueur actuellement dans les villes du pays. Il va de soi que cette politique débile du zéro covid exacerbe l’infertilité chinoise, comme elle décourage au mariage dans un contexte où les confinements sont annoncés unilatéralement dès lors qu’un seul cas apparaît dans un quartier et même dans un immeuble. Pour autant, le régime chinois est bien trop engagé – voire englué – dans cette politique pour reconnaître aujourd’hui son aspect totalement contre-productif – pas seulement pour la démographie ! – et pour faire machine arrière. Comment, en effet, le President Xi Jinping renoncerait-il maintenant – sans se désavouer – à ce dogme du zero covid dont il a fait un des piliers de sa politique, et alors qu’il s’apprêtait à en célébrer le triomphe en novembre à l’occasion du Congrès du Parti ?     

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