Tribune libre – De la monarchie et de la république


Le décès récent de la reine Elizabeth II rouvre pour beaucoup les blessures les plus douloureuses causées par le rappel du fait ontologique de la monarchie.

Ceux qui la détestent, la jugeant dépassée, désuète, voire scandaleuse dans un âge démocratique, rêvent de panser la blessure de son existence par sa suppression ; ceux qui lui sont favorables ne peuvent s’empêcher de la juger affaiblie de par son ambiguïté même qui la réduit à l’impuissance.

Que répondre aux premiers, sinon qu’il faut être logique. Asseyons-nous un instant au sommet d’une colline et observons le spectacle déprimant, pathologique de ce que nous appelons « démocratie ». Née en Grèce il y a très longtemps, elle semble pourtant avoir réellement pris naissance pour nous en 1789, ou plutôt le 21 janvier 1793. « A l’instant où le couperet trancha la tête du Roi, le pouvoir passa au peuple », nous asséna il y a quelques années Robert Badinter lors d’une émission de télévision. Comment peut-on affirmer les yeux dans ceux de la caméra un pareil mensonge ! La réalité est que lorsque la tête de Louis XVI chut dans le panier, le pouvoir tomba tout cru dans la main des bourgeois d’affaires, des financiers, des grands industriels, des paysans les plus aisés qu’enrichirent bientôt les biens du clergé et ceux de très nombreux aristocrates, en bref : la démocratie fut court-circuitée par l’oligarchie, devenue aujourd’hui ouvertement ploutocratie criminelle. Le sort des plus défavorisés sous la royauté empira sous les différentes républiques, les libertés disparurent, l’esclavage industriel accabla des millions de citoyens. Car la république, nous en avons la preuve chaque jour sous les descendants actuels des capitalistes prédateurs du XVIIIe siècle, la république n’est pas bonne, la république tire sur le peuple, elle l’éborgne, elle le jette en prison, elle le paupérise, elle l’abrutit, elle le méprise.

Quant aux défenseurs de la monarchie, on doit leur dire qu’en effet celle-ci est au XXIe siècle dépassée, non pas du fait qu’elle est monarchie, mais du fait qu’elle n’est plus qu’une monarchie tronquée. Elizabeth II a dû en savoir quelque chose, elle que les mesures pro-riches, pro-financiers, pro-exploiteurs d’une Margaret Thatcher révulsa souvent. Un roi, une reine devraient ne se concevoir que gouvernant et prenant des décisions politiques, faute de quoi leur rôle est effectivement bancal, difficile à justifier en dehors du symbole rassurant qu’il peut représenter. Un Macron, un Draghi, mais avant tout un Gates, un Schwab, les directoires d’un Goldman Sachs, d’un cercle de trahison tel que l’Union européenne, un vrai souverain, dépositaire du pouvoir politique, devrait être en mesure de les stopper, d’en débarrasser le monde civilisé.

Qu’ont accompli la Révolution française, mais également, avant elle, la Révolution anglaise qui se termina par l’exécution de Charles Ier en 1649 et tant d’autres révolutions censées avoir instauré la «démocratie» ? La réponse est simple: elles ont éliminé, en tuant le Roi, la possibilité même, pour le peuple, le risque, pour les ploutocrates prédateurs, de l’arbitral. Non pas l’arbitraire, qui est ce qu’exercent en ce moment un Macron, un Biden, un Scholz et tant d’autres (en réalité, les États profonds derrière eux), mais la fonction royale d’arbitre entre les intérêts privés et l’intérêt commun, entre les lobbies, les groupes à l’égoïsme criminel agissant, plus puissants que les États et leur dictant leur loi, et le bien commun, notion totalement disparue de nos républiques dites « démocratiques ».

Alors, monarchie réelle, avec ses failles humaines, trop humaines, mais sa force arbitrale possible? Ou «démocratie», cette caricature de pouvoir que les ploutocraties mondialistes sont en train de transformer en prison des peuples? Peuples que l’on mène, à coups de trucages (virus trafiqué, injections périlleuses, religion du climat, fausses récessions préparées par des sanctions aussi scandaleuses qu’imbéciles, guerre en Ukraine rendue inévitable et prolongée sciemment au mépris des morts d’innocents et des destructions), vers les camps de concentration « démocratiques » concoctés par la finance davosienne triomphante ?

Je crains fort, hélas, que l’on ne donne guère le choix aux peuples avachis et abêtis de notre Occident déjà trop avancé sur la pente le conduisant à l’abîme.

Michel Bugnon-Mordant, Fribourg

Louis XVI au pied de l’échafaud par Charles Benazech

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