PAR DOMINIQUE OLGIATI
Réveillée par une lune inconvenante et indiscrète, j’ouvre ma fenêtre et regarde mes jardinières…
– Comment ! vous dormez, mes fleurs ?
– Eh ! oui, nous fermons nos pétales, en silence, comme vous, vos volets.
Je balaie alors du regard toutes ces corolles éclairées par la lune. Les roses sont en pinceaux, les violettes, ébouriffées et ratatinées, quant aux bleues, elles sont en prière vers le ciel. Et Les capucines jaunes et oranges, elles font semblant de dormir en froissant seulement leur robe.
Toute la jardinière s’est éteinte dans le sommeil et me donne envie de la rejoindre pour rêver d’un jardin endormi sous la lune : des couleurs en veilleuse qui attendent le réveil par la lumière du jour ; une attente, à l’espère, patiente et inspirante pour nous, les bipèdes sans racines.
Et de l’autre côté de la terre, je perçois le monde endormi et tous ceux qui ont quitté la terre, habillés de leurs couleurs d’âme, ils veillent à leur réveil.
Lumière de lune, lumière divine qui tient toute la création en éveil.
Entre temps, le jour est arrivé très doucement sur la jardinière, cette caresse de lumière réveille les corolles qui disent comme au Petit Prince :
– Ah, je me réveille à peine… je vous demande pardon…je suis encore toute décoiffée…
Je réponds : – que vous êtes toutes belles ! je vais vous servir votre petit déjeuner.
Aujourd’hui, pas de rose aux épines, mais un parfum de fraîcheur devant ce déplissement de pétales qui accueille la lumière et l’eau du petit déjeuner.
Le jour est là, la vie se colore et m’offre un commencement simple jusqu’à la nuit qui refermera mes pétales avec le sommeil de mes fleurs.