Pierre Mendès France
(1907-1982)
Jean-Louis Servan Schreiber
(1937-2020)
Je reste marqué par cet EXTRAORDINAIRE 🌹🌹🌹🌹🌹 et REMARQUABLE 💐💐💐💐💐entretien ; les majuscules le qualifiant restant en deçà de la superbe éloquence, de la formidable hauteur de vue et de l’impassible rectitude du grand homme d’Etat que fut et reste Pierre Mendès France pour la postérité.
UN PHARE !!!
Différents navires, actuellement, ballottés, à hue et à dia, par de forts courants, n’ayant plus que des boussoles – devenues folles, elles aussi – pour les diriger, s’échouent pitoyablement sur des récifs et coulent corps et biens !!!
Et ma foi, il n’est pas désagréable de regarder le jeune, beau, séduisant et brillant Jean-Louis Servan Schreiber le questionner intelligemment.
Cela nous change de la pauvreté du langage, des sempiternels bavardages et des logorrhées creux qui envahissent les médias !!!
Quelques extraits hautement significatifs !
… Il y avait eu sous un gouvernement précédent des discussions à perte de vue sur la Tunisie, et l’Assemblée nationale avait pratiquement rejeté toutes les motions qui lui étaient proposées – c’était avant que je sois au pouvoir – il y avait eu sept motions successives dont l’ordre du jour pur et simple, et tout avait été repoussé ; la position était totalement négativiste … totalement négativiste…
… Il y a un homme qui l’a éprouvé après moi, et d’une manière bien connue, et c’est De Gaulle, et qui avait de vastes ambitions, peut-être d’une nature différente de la mienne … ce n’était pas l’économie qui le passionnait le plus ; mais enfin il avait de vastes ambitions, c’est notoire…
… Ecoutez, dans des périodes de ce genre, il faut regarder les actes plutôt que les paroles…
Jean-Louis Servan Schreiber :
Une dernière question, Président !
Conseilleriez-vous, néanmoins, aux jeunes gens, qui nous écoutent, de se lancer à leur tour dans la politique ?
Pierre Mendès France :
Eh bien, cela dépend ce qu’ils y cherchent ; s’ils cherchent du galon, des grades, de l’avancement, des maroquins – ils en sont meilleurs juges que moi. Je ne suis pas bien placé pour avoir une opinion, car cela n’a jamais été ma méthode et mon critère.
Mais, un jeune qui s’intéresse, dans le fond, aux véritables problèmes qui se posent à un pays comme le nôtre ; un jeune qui veut s’employer à faire avancer les idéaux auxquels il croit, les convictions qui sont les siennes, qui ne voit rien de plus important que de contribuer, fusse modestement, aux progrès de son pays, alors celui-là il doit faire de la politique.
Faire de la politique, ça peut signifier avoir un jour des responsabilités, cela peut signifier rester au grade de militant, ça peut signifier être dans l’opposition, ça peut signifier être au pouvoir ; c’est toujours le même métier qu’il fait. C’est-à-dire, dans un cas comme dans l’autre, il se bat pour des choses qu’il croit bonnes pour la collectivité et qu’il veut faire mûrir. Et, en ce sens, au fond, il est toujours un militant ; même s’il a de l’avancement, même s’il gagne ses maroquins dont je parlais tout à l’heure. Il reste un militant puisqu’il continue à se battre et, qu’à chaque instant, il n’accepte JAMAIS de faire céder les choses auxquelles il croit, les convictions profondes qui sont les siennes, la vérité à laquelle il est attaché, à sa promotion personnelle, à son avancement.
Si il est capable de ça, alors il doit faire de la politique ; parce qu’alors il rendra service à la collectivité.
