PAR DOMINIQUE OLGIATI
L’habitude est cet habit endossé en naissant et qui va s’épaissir en vivant ; un pli sur le quotidien ; c’est le robot qui formate nos vies en traçant une ride dans nos journées. Habillés d’habitudes voulues ou non, leurs automatismes nous guident et s’agrippent.
L’habitude crée une ornière, un frein à l’adaptation au changement nécessaire à l’évolution.
Pourtant l’habitude est aussi bien arrangeante : elle range, ordonne, sans nous, elle s’accommode de distraction, elle utilise nos dispositions à répéter, et au copié-collé.
Et alors la fidélité ? elle, n’a rien d’acquis vu que le mot vient du latin fides, donc de la foi ; elle nait d’une force, d’une énergie poussée par la conscience et la responsabilité. Nulle répétition machinale et stérile mais la tenue résiliente et patiente d’un lien serein et confiant.
La fidélité humaine requiert une sincérité, et un être vrai.
Dans l’univers naturel, il y a d’autres fidélités ancestrales, et je pense aux graines qui croissent invisibles, en silence et aux arbres centenaires qui se dénudent pour faire monter leur sève, habiller branches et feuilles, et gonfler les bourgeons pour des promesses de fleurs et de nichées d’oiseaux.
Sous la terre, le lacis des racines, fidèles à leur tâche nourricière qui fait renaître leurs familles d’arbustes.
Que dire de l’orchestre qui dirige le fidèle émerveillement de l’éveil saisonnier?
Le peuple ailé est fidèle dans notre ciel et certains oiseaux sont fidèles en amour.
Quant à l’amour humain, au fil des ans, il a émaillé sa fidélité de répétitions, d’habitudes et d’hypocrisies mensongères d’où son manque de créativité ; heureux et joyeux sont les amours d’enfants, qui nous apportent la candeur avec une transparence lumineuse.
Habitués et fidèles c’est là notre réalité ; il importe juste de distinguer que l’une est répétition et que l’autre est don.
Illustration: linogravure de Reto Olgiati, du livre “le Saule et la Rivière”, ed 2022.
