PAR CHRISTIAN CAMPICHE
Emmanuel Macron se rendra à Davos pour la première fois depuis 2018. Au rancart, les gilets jaunes! le chef de l’Etat français a fait imprimer ses cartes de visite frappées du logo des J0, l’événement sportif de l’année 2024. Il pourra les distribuer au tout-venant sur les pistes de la station grisonne transformée en Fort Boyard: 5000 militaires sont déjà sur pied de guerre.
Les autres participants? Prudents plutôt que pudiques, les organisateurs du Forum économique, plus connu sous un acronyme anglo-saxon aux consonances grotesques, le WEF, n’ont pas encore dévoilé leurs noms. Il faudra donc s’armer de patience pour savoir si la présidence américaine sera de la partie à un moment bien choisi entre le 15 et le 19 janvier.
Eu égard à la situation au Proche-Orient, le clou serait une rencontre Biden-Netanyahou. Mais elle reste improbable. Pour rester dans les points chauds de la planète, la question se pose aussi de savoir quelle décision prendra Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien réserve sa réponse, il se tâte. La situation sur la ligne de front avec la Russie est critique, la contestation gronde à Kiev. Qui va à la chasse…?… Quant à M. Poutine, par contre, on peut être sûr de son absence. Persona non grata!
« Rebuilding Trust », « Reconstruire la confiance ». Le thème annuel du WEF ne déroge pas à la tradition: plus bateau, tu meurs. A l’heure de conflits dévastateurs, il y avait sans doute mieux à trouver. Pour autant, la situation au Proche-Orient s’invitera à coup sûr dans les salons feutrés des cinq étoiles davosiens. Le WEF peut d’ailleurs compter sur la rue pour faire mousser l’ambiance. Ce n’est pas un hasard si à Bâle, des milliers de manifestants défileront le 13 janvier, drapés dans les couleurs de la Palestine.
Si l’insignifiance du slogan de la réunion frôle l’indécence, c’est aussi parce que l’on touche du doigt le nœud du problème: la manifestation n’a aucune légitimité démocratique. Le WEF n’est pas l’ONU qui regroupe tous les Etats et les régimes de la planète. Au contraire, la moitié de l’univers le boude. Et comment pourrait-il en être autrement quand on sait que le WEF est contrôlé par une famille, celle de son fondateur Klaus Schwab, dont le père a dirigé la branche allemande d’un groupe fabricant des équipements pour la Wehrmacht. Le WEF représentant des millions de recettes en francs sonnants et trébuchants, on peut aisément imaginer que cette communauté de personnes n’est nullement décidée à transmettre le témoin.