MÉDUSÉMENT VÔTRE – Cours d’eau pollués de Suisse romande, petits pêcheurs et gros poissons

– C’est quoi la guerre, Père?

– Je n’ai pas vraiment envie de te montrer à quoi elle ressemble, ma fille. A tes frères non plus. Mais il faut que je te dise. Tu vois, dans chaque guerre, il règne une constante. Les acteurs ne voient pas la guerre avec les mêmes yeux que les autres. Les acteurs, ce sont les armées, bien sûr, mais aussi les populations. Les autres, ce sont ces spectateurs plus ou moins lointains qui applaudissent ou sifflent lors de chaque phase du jeu.

– Ils applaudissent les bons, ils raillent les mauvais…

– Cet aspect de la guerre est terrible car il est totalement subjectif, soumis à la propagande et la manipulation. On te parle de crime de guerre pour démolir la réputation d’un camp, accroître la défiance et la haine. Mais toute guerre est un crime. De part et d’autre des exactions sont commises. Les médias ne relaient souvent qu’à sens unique. Ils utilisent les informations à leur disposition, qui émanent du camp le moins opaque, celui où la liberté de la presse n’est pas encore totalement un vain mot. Un jour vient pourtant, où les armes se taisent. La vérité jaillit. Les otages parlent. La population se libère de ses chaînes. Elle raconte comment une soldatesque sans scrupules sévissait dans l’ombre. Derrière son dos ou mêlée à la foule, elle faisait rien de moins que la guerre.

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Les artères de Lausanne sont-elle devenues le lieu du combat des ombres? Excédés par les incivilités et les problèmes d’accessibilité motorisée en ville, des commerçants lausannois expriment leur ras-le-bol sur une affiche collée aux vitres des magasins, appelant à voter contre la municipalité rose-verte actuellement au pouvoir lors des élections de 2026. Dans un journal romand, un élu socialiste s’emporte de son côté contre l’anonymat derrière lequel se cachent les animateurs de la fronde, également auteurs d’un site exhibant le slogan « Stop, on en a marre!« . Ce politicien pourrait aussi dénoncer l’anonymat des collectifs de militants qui s’emportent contre certaines pratiques policières dans les rues chaudes. Cohérence, svp!

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Les pollutions de rivière sont chose hebdomadaire en Suisse romande. La dernière en date touche la Mèbre, un cours d’eau qui prend sa source dans le Jorat. Une hécatombe de poissons et toujours cette même musique: « une enquête est en cours, nous ne pouvons pas communiquer davantage »… On n’appellera pas le Tribunal de la Haye, tout est sous contrôle, chef, rien ne sortira d’ici! En aval les petits pêcheurs rangent leur matériel et rentrent bredouilles, en amont les gros poissons magouillent.

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« Madrid s’insurge contre les massacres à Gaza », titre le Monde Diplomatique d’avril 2025. Avec cette conclusion: « la ligne de conduite du gouvernement espagnol repose sur un principe universaliste intangible: le droit des peuples à n’être ni envahis ni massacrés ». Tartuffe ne s’exprimerait pas mieux. Ô Catalogne, qu’en penses-tu? Jean, ami de Barcelone:

Ils sont très forts et sans scrupules dans leur capacité à manier l’énantosiémie. Ils ont l’art de donner aux autres des leçons de morale ».

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Face à la menace russe, le Danemark déploie l’artillerie lourde. Depuis mardi 1er juillet, les Danoises âgées de 18 ans et plus peuvent être enrôlées dans l’armée. En Suisse, les femmes aux bras noueux bien disposées à l’égard de la troupe représentent la moitié de la population féminine, se réjouit l’état-major militaire. Le contraire eût été décevant, vu qu’il s’agit d’un sondage commandé par ses soins qui l’affirme.

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A Budapest, 200 000 personnes défilent à la marche des fiertés dans un climat de fête populaire unique en Europe. A Istanbul, une cinquantaine de personnes tentent de manifester derrière le drapeau au couleurs LGBT mais se voient embarquées par la police turque. Cherchez l’erreur.

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La population veveysanne a dit « non » à un projet d’installation de caméras dans les rues, destinées à décourager le deal de drogue. Ce faisant, elle a désavoué sa municipalité, à l’origine du projet, mais pas le syndic décroissant qui s’en était désolidarisé, on n’a jamais très bien su pourquoi. Il ne faudrait pas que de telles affaires se répètent trop souvent car elles aboutissent à faire un pied-de-nez à la démocratie de type suisse, basée – on peut l’aimer ou non, mais le système a fait ses preuves – sur le consensus. Que dirait-on du Conseil fédéral si ses membres commençaient à tirer la corde à soi publiquement lors des décisions collectives? Le pays deviendrait ingouvernable, tout simplement. Ce nonobstant, au sein des municipalités du canton de Vaud, il semblerait que l’on commence à prendre goût à un déballage cacophonique qui ressemble furieusement à un déferlement d’égos au détriment de l’idéal civique. Il incomberait au Conseil d’Etat de faire l’arbitre mais le moins que l’on puisse dire est qu’il ne donne pas l’exemple depuis l’affaire du bouclier fiscal qui a provoqué de graves tensions internes ayant motivé une enquête parlementaire. « Les sociétés sans projet deviennent claustrophobes. Conjugué avec l’amnésie et l’inespoir, le tout tout de suite rallume la guerre des mots et la chamaillerie procédurale de tous contre tous. » (Jean-Claude Guillebaud)

Christian Campiche