Alexandre a aimé…

       Sigmund Freud, un juif sans Dieu

2019

Durée : 97 min

Les Films d’ici / Arte France

WilDart Film

          Un très beau documentaire !

         💐🌹💐🌹💐🌹💐🌹💐🌹💐

        Une réflexion très intéressante 

Isabelle Hupert      Anna Freud
Mathieu Amalric      Sigmund Freud
Denis Podalydès      Narrateur
etc …

De superbes archives en noir et blanc ; parfois stupéfiantes (20:18 à 21:53)

43:28 :  25 novembre 1914

S.F.  :  Chère Lou Andrea Salomé,

 Je ne doute pas que l’humanité se remettra aussi de cette guerre-ci ; mais je sais avec certitude que moi et mes contemporains ne verrons plus le monde sous un jour heureux.

Le plus triste, c’est qu’il est tel que nous aurions dû nous représenter les hommes et leurs comportements d’après la psychanalyse. 

J’avais conclu dans le secret de mon âme que puisque la culture la plus haute de notre temps était entachée si affreusement d’hypocrisie, c’est que nous n’étions pas fait pour cette culture.

Il ne nous reste plus qu’à nous retirer.

Le narrateur :

… Pour Freud, l’idée nationaliste appartenait davantage à la culture chrétienne. …

A 1:02:10  :

26 février 1930

S.F.  :   Monsieur le docteur,

Je ne peux pas faire ce que vous souhaitez.

Mon jugement réservé sur le sionisme ne le permet pas.

J’ai assurément les meilleurs sentiments de sympathie pour des efforts librement consentis.

Je suis fier de notre université de Jérusalem et je me réjouis de la prospérité  des établissements de nos colons.

Mais d’un autre côté, je ne crois pas que la Palestine puisse jamais devenir un État juif, ni que le monde chrétien comme le monde islamique puisse un jour être prêt à confier leurs lieux saints à la garde des Juifs.

Il m’aurait semblé plus avisé de fonder une patrie juive sur un sol historiquement non chargé.
Certes, je sais que pour un projet aussi rationnel, jamais on aurait pu susciter l’exaltation des masses et la coopération des riches.

Je concède aussi avec regret que le fanatisme peu réaliste de nos compatriotes porte sa part de responsabilité dans l’éveil de la méfiance des Arabes.

Je ne puis éprouver la moindre sympathie pour une piété mal interprétée qui fait d’un morceau du mur d’Hérode une relique nationale, et à cause d’elle, défie les sentiments des habitants du pays.

Jugez vous-mêmes, si avec un point de vue aussi critique, je suis la personne qu’il faut pour jouer le rôle de consolateur d’un peuple ébranlé par un espoir injustifié.

Malaise dans la civilisation – 1930 :

« L’homme est en effet tenté de satisfaire son besoin d’agression aux dépens de son prochain, d’exploiter son travail sans dédommagements, de l’utiliser sexuellement sans son consentement, de s’approprier ses biens, de l’humilier, de lui infliger des souffrances, de le martyriser et de le tuer.

Homo homini lupus :

Qui aurait le courage, en face de tous les enseignements de la vie et de l’histoire, de s’inscrire en faux contre cet adage ?

Cette tendance à l’agression, que nous pouvons déceler en nous-mêmes et dont nous supposons à bon droit l’existence chez autrui, constitue le facteur principal de perturbation dans nos rapports avec notre prochain ; c’est elle qui impose à la civilisation tant d’efforts.

Par suite de cette hostlilité primaire qui dresse les hommes les uns contre les autres, la société civilisée est constamment menacée de ruine. »

S.F.   :    Si je doute que l’Humanité soit destinée à progresser vers une plus grande perfection sur le chemin de la culture et si je vois dans cett vie une lutte continuelle entre Eros et pulsions de mort, je ne crois pas exprimer par là aucune de mes propres dispositions affectives.

Je ne suis pas un bourreau de moi-même. Moi aussi, je voudrais quelque chose de réconfortant, quelque chose qui me fasse croire à un avenir brillant.

La pulsion de mort n’est pas pour moi un besoin du coeur. Elle m’apparaît seulement comme une hypothèse inévitable, à la la fois pour des raisons biologiques et psychologiques.

Mon pessimisme me semble donc être un résultat.

Je pourrais dire encore que j’ai conclu avec mes sombres théories un mariage de raison. Tandis que les autres vivent avec les leurs un mariage d’inclination.

Espérons ainsi qu’ils seront plus heureux que moi.

Au cours de son évolution culturelle, l’homme s’est élevé au rang du seigneur sur ses semblables de race animale.

Il leurs refusa la raison et s’octroya une âme immortelle, se targua d’une descendance divine qui lui permettait de déchirer tout lien de solidarité avec le monde animal.

Non content de cette prédominance, il a creusé un abîme entre eux et lui.

L’enfant ne connaît pas ce fossé infranchissable ; c’est seulement après avoir grandi et s’être suffisamment éloigné de l’animal qu’il peut injurier l’Homme en lui donnant des noms de bêtes.

A 1:26:16

Anna Freud  :

A Theresin, jusqu’à l’âge de trois ans, les enfants avaient mené l’existence de détenus d’un quartier pénitenciaire, à l’intérieur d’un espace réduit, sans jouets, sans la possibilité de se mouvoir librement, d’avoir des contacts avec des animaux et d’observer la nature.

Ils n’avaient pas partagé la vie courante des gens. Et en l’absence de liens affectifs étroits avec les personnes qui les surveillaient, ils avaient manqué de ce qui normalement suscite l’imitation des adultes et l’identification à eux.

Theresin était un camp de transit, et des milliers d’enfants et d’adultes y passèrent, en route vers les camps d’extermination nazis.

Le fait qu’ils n’avaient jamais connu le milieu vivant les rendait en fait plus indifférents aux horreurs qui survenaient autour d’eux.

La question de savoir pourquoi l’atmosphère d’anxiété et de terreur dans laquelle les enfants avaient passés leurs premières années ne les avaient pas prédiposés à des états d’anxiété particuliers plus violents reste sans réponse.

A 1:33:45

Le narrateur  :

Freud revenait sur le héros biblique, son identité et l’héritage de son propre père.

Il avait vengé Jacob de son humiliation à Freiberg en devenant un homme illustre.

Il avait inscrit son nom juif au panthéon des héros de la culture. Il était lui-même devenu le père d’une oeuvre occidentale.

Il transgressait pourtant une dernière fois la foi et la tradition. Il renvoyait la Bible (…) à une pieuse fiction et il retirait aux Juifs leur prétention à l’élection.

Si on lui demandait, qu’est-ce qui est encore juif chez toi, alors que tu as renoncé à tout ce patrimoine, il répondrait  : encore beaucoup de choses, et probablement l’essentiel.

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