Recourant à l’intelligence artificielle, l’hebdomadaire zurichois Die Weltwoche lance en français La Weltwoche. La traduction ne coûtant rien du tout, l’avantage de la formule est évident en termes de modèle économique. Le problème est que le lecteur exigeant reste sur sa faim. Que penser de titres du style: « Lausanne est la grande ville la plus criminelle de Suisse…»? Nul doute que la formulation ne satisferait pas Boileau. Moins pragmatique que l’allemand, la langue française ne s’adapte pas à une traduction littérale, telle que le robot la conçoit. Dans la phrase qui nous intéresse, le titre « Lausanne, chef-lieu de la criminalité » conviendrait mieux, par exemple. Votre serviteur s’est fendu d’un commentaire: « En tant qu’auteur amoureux de la langue française, je ne puis que déplorer la mauvaise qualité de la traduction par le robot. Bien sûr, on comprend le sens du contenu – j’imagine que le but est atteint, à vos yeux – mais il y a des maladresses de style et parfois même un doute sur la signification réelle du propos. En tout état de cause, une telle démarche ne peut que nuire, à terme, à La Weltwoche. » Le robot n’a pas réagi.
♦️
La plupart des médias semblent l’ignorer mais la dette souveraine de la France a été dégradée par Fitch Ratings passant de « AA- » (qualité élevée) à « A+ » (qualité moyenne supérieure), relève Le Figaro pour qui « le symbole est puissant : en faisant changer le pays de catégorie, l’agence de notation américaine prend acte de l’incapacité des quatre gouvernements qui se sont succédé en un an à réduire efficacement le déficit public. » Ce déclassement place la France au niveau de la Belgique, l’Estonie, Malte, des Emirats et de l’Arabie Saoudite. Une position qui reste honorable en dépit du fait que la France a quitté depuis longtemps le club des AAA où figure encore l’Allemagne, parmi ses complices européens. Quant à la Suisse, on peut se dire ce que l’on veut d’elle, mais l’agence lui maintient année après année son triple A.
♦️
Dassault a regardé la liste des premiers ministrables et pointé Lecornu. Un bon type, tout jeune, bon contact avec les généraux. Utile par les temps qui courent. Sympa, cette gué-guerre contre la Russie!
♦️
Le PDG de Rolex invite Trump et sa famille à l’US Open de tennis. L’empereur, dans la loge:
– T’es un bon gars, je t’absous, on laisse tomber les 39%!
– Hey, Majesté, ok, mais vous n’allez pas faire à la Suisse le coup du Qatar!
– Quoi?
– Bombarder… L’émir venait de vous offrir un gros Boeing! Il vous trouve très ingrat.
– Non, pour toi j’ai d’autres plans!
– Ah bon?
– Une tour Trump, en face du jet d’eau.

♦️
Que dirait-on de la Suisse si tout à coup le chef du gouvernement de Schaffhouse s’en allait critiquer les cantons de Vaud et de Fribourg lors d’un voyage à l’étranger? C’est pourtant bien le mauvais exemple que donne l’Union européenne quand le premier ministre finlandais se rend à Kiev, capitale d’un pays qui ne fait pas partie de l’UE, pour tirer à boulets rouges sur la Slovaquie et la Hongrie, membres de l’UE au même titre que la Finlande, « coupables » de continuer à acheter le gaz russe dont ces deux pays sont entièrement dépendants. Détail qui en dit long sur le premier ministre en question: sa critique est censée informer… Donald Trump de la situation sur le terrain. Maîtresse, c’est lui, pas moi! Plus servile, tu meurs.
♦️
Frappé au visage durant les émeutes de Lausanne fin août, un journaliste du quotidien numérique Watson a porté plainte, déplorant par ailleurs le manque de soutien syndical, mais aussi médiatique, dans cette affaire. Piqué au vif, le syndicat impressum a manifesté sa solidarité indignée dans un communiqué de presse: « Ces violences traduisent une inquiétante remise en cause de la légitimité et du rôle fondamental des journalistes dans une société démocratique ».
♦️
Transparency International France annonce le lancement du Prix Van Ruymbeke, du nom du juge incorruptible français décédé en 2024. Parmi les dix livres en lice, « Ce que l’empire Nestlé vous cache » de Bernard Nicolas et Yasmine Motarjemi, lanceuse d’alerte bien connue des lecteurs d’infoméduse.
♦️
« Lieu de vie au coeur de la ville de Lausanne ». « Un projet bon pour Lausanne », promet l’affiche plantée à l’avenue de la gare. L’image offre un décor rousseauiste où évoluent, floutés, musiciens de rue, enfants enjoués, gentils adultes et toutous affectueux. En réalité un gratte-ciel de 16 étages, un complexe de la taille du CHUV qui sera mis à l’enquête à la fin de l’année, prévient l’association Perirasude, opposée au projet. La population est invitée à se réunir en assemblée extraordinaire le 7 octobre prochain. Lausanne, capitale olympique? Capitale des palissades et du saut d’obstacles, oui!
Christian Campiche