L’automne, du latin autumnus ou plutôt auctumnus ; ce mot vient d’augeo, ou d’augmenter, avec une même racine qu’auctor, l’auteur. C’est donc une saison qui est augmentée, et enrichie de récoltes. Mais de quelles récoltes ? A chacun sa réponse.
La chaleur de l’été s’est retirée derrière la fraîcheur de septembre, et l’ajout d’une pelure chaude tiendra jusqu’à l’Etoile de l’hiver. L’horloge de l’automne, offre une heure de plus, pour la cueillette des baies vermeilles, juste avant que la gifle du vent les écrase sur la terre rougie de gelée.
Ce temps automnal dispute nuages et soleil : raies de pluie contre rayon de chaleur ; et cette alternance entre grisaille et couleurs, est aussi celle de nos vies. Sur la plaine, la brume étale son mystère et voile la clarté du réveil, puis, touchée par le soleil, elle s’évapore.
Suivant le retrait des jours, le paysage tellurien brunit, fait transparaître l’arborescence silvestre et ses couronnes encore verdoyantes ; pourtant, çà et là, la futaie allume déjà des lampions jaune vif, ces amas de feuilles fatiguées de chaleur.
L’été s’enfuit derrière ces éclairs colorés, fusionnant bientôt en une parure flamboyante. Le vent soulève et agite les mains du feuillage, elles saluent puis, chacune à son tour, ajoute sa couleur au parterre. La nouvelle lumière, polychrome et finissante, éclaire les chemins du vignoble vendangé et son coteau tenté de rouge-grenat. Dans les prés, des bouquets d’arrière-saison ajoutent le jaune, le rose et le mauve des colchiques et cyclamens avec la surprise d’un iris blanc attardé, et souriant de pétales.
Une escadrille d’étourneaux strie le ciel et signe leur « au revoir », un vide est laissé par les passereaux déjà envolés. Quant aux ailés résilients, sans chanter, ils gonfleront leurs plumes contre la froidure, en attente du renouveau.
Les automnales… un temps de récoltes, d’émerveillement ou de déceptions, un temps d’anniversaires qui fête les initiations hivernales. Les automnales, sont aussi un espace de silence et d’’écoute des disparus, des oubliés ou déplacés ; un temps de repos et d’attention pour créer l’invisible.
L’automne, c’est la récolte nouvelle de l’espérance, patiente, et confiante, orientée pour tous, vers la Lumière de décembre
Claire-Dominique
