On croyait qu’en politique, les gesticulations et les vociférations appartenaient au passé. Ces mimiques faciles reviennent par la grande porte, en Suisse, cette fois, où la dernière campagne électorale a dépassé en effets de manche tout ce que l’on pouvait imaginer. Pour le salut de la population? Permettons-nous d’en douter.
Quand l’animateur du Grand Huit de la radio romande place l’émission matinale sur le thème des élections, la rengaine ne varie pas. Immanquablement on nous sort une remarque du genre: “mais vous ne trouvez pas que Blocher met du piment dans la politique suisse? Vous ne trouvez pas qu’il est plus sexy que Pelli?”
Les jeunes générations ont peut-être perdu le sens des valeurs qui cimentaient les Suisses. Mais il serait bon de leur rappeler que ce pays plurilingue ne doit sa cohésion qu’à une culture de compromis. Ramener le Conseil fédéral à un ring de catcheurs traduit une méconnaissance fondamentale du tissu helvétique et risque de conduire à sa désagrégration.
Il fut un temps où les étrangers trouvaient la politique suisse ennuyeuse. Aujourd’hui l’image a changé. La Suisse est devenue un pays dont on parle. Mais si c’est pour entendre dire partout qu’elle le nouveau terrain d’expérimentation du populisme en Europe, alors vive l’ennui!
* Editorial paru dans “La Lettre hebdomadaire du Journal de Genève et Gazette de Lausanne” du 26 octobre au 1er novembre 2007, No 25