Nous publions cet appel d’un lecteur de “L’Express”:
Chers lectrices, chers lecteurs,
Que votre quotidien préféré se nomme “L’Impartial” ou “L’Express”, sachez qu’il y a péril en la demeure. Si vous avez suivi comme moi les rebondissements secouant les rédactions de ces deux titres, vous vous êtes peut-être dit que l’Etat de Neuchâtel ne laisserait pas tomber les deux quotidiens qui relayent son identité depuis des lustres. Vous vous êtes certainement dit que – à l’inverse du groupe parisien qui fait preuve d’un tel mépris pour les journalistes qu’il emploie – l’Etat de Neuchâtel, par le biais de son service de l’emploi, saurait soutenir l’un des maillons essentiels de sa cohésion socio-économique.
C’était sans compter sur l’étroitesse d’esprit de nos fonctionnaires cantonaux et des décideurs politiques que nous avons élus ! Quand il s’agit de créer une crèche à l’intention presque exclusive de ses employés, l’Etat sait trouver des solutions innovantes en développant des partenariats publics privés inédits. Quand il s’agit de défendre les piliers de l’expression de notre identité régionale, nos fonctionnaires et politiciens neuchâtelois ne savent plus que se cacher derrière des règlements et procédures obscurantistes.
Il ne reste donc plus que vous, lectrices et lecteurs des présentes colonnes, pour affirmer haut et fort que “L’Express” et “L’impartial” doivent vivre. Selon les derniers chiffres certifiés par la REMP, nous sommes près de 100′000 personnes à lire régulièrement l’un de ces deux titres. 100′000 lecteurs qui doivent aujourd’hui se mobiliser pour que leurs médias régionaux ne sombrent pas et ne se réduisent pas à une vulgaire feuille d’annonces. Car si, comme l’Etat de Neuchâtel, le groupe Hersant et la direction de “L’Express” et “L’Impartial”, vous cautionnez l’amputation du quart des postes de journalistes dans ces deux titres, vous vous résignez à ne plus lire que des dépêches d’agences et des publicités à peine déguisées. Une école se ferme dans le canton, personne ne le saura ! Une association restaure un moulin dans le Val-de-Ruz, personne ne le relatera ! Nos sportifs juniors s’illustrent brillamment lors des concours régionaux, personne ne le lira !
Je suis convaincu que, comme moi, cette vision vous dérange, voire vous consterne. La situation financière de ces deux titres est certainement difficile mais l’on ne me fera pas croire qu’elle est désespérée. En tous cas, une chose est sûre, ce n’est pas en sabordant ce qui fait la force des ces quotidiens, que leurs dirigeants les sauveront ! Il semble en effet que ces derniers aient perdu de vue ce qui fait la particularité et la raison d’être de leur support média : une actualité régionale de fond, traitée par des journalistes compétents et proches des préoccupations de leur lectorat. Supprimer cette « unique selling proposal » – comme disent les spécialistes du marketing – reviendrait à éditer une feuille de chou plus même capable de rivaliser avec “Le Matin Bleu” ou “20 Minutes” : un suicide programmé !
Il nous appartient donc, en tant que lectrices et lecteurs, de refuser un tel futur pour nos deux titres ! Je vous engage par conséquent à prendre la plume et à signifier votre attachement à une presse régionale de qualité en écrivant aux rédactions de “”L’Express” et de “L’Impartial” les mots suivants : « Notre canton a besoin d’une presse régionale forte et de qualité, nous enjoignons le Groupe Hersant, la direction de “L’Express” et de “L’Impartial” ainsi que le canton de Neuchâtel, à chercher des solutions pour garantir à ces quotidiens une rédaction capable de mener à bien sa mission première ». Si les 100′000 lecteurs que nous sommes prenaient seulement la peine de signer les trois lignes suivantes, ils donneraient à n’en pas douter un autre poids aux revendications des rédacteurs de leurs quotidiens favoris. Car croyez-moi, c’est pour bien plus que pour leurs places de travail que ces journalistes se battent, ils luttent pour notre identité et notre patrimoine : Ne les laissons pas tomber !
Patrick Kohler
Lecteur de “L’Express” et spécialiste en relations publiques
Une précision s’impose. L’Etat de Neuchâtel ne se désintéresse pas du sort de nos journaux. Mais, en ce qui regarde la demande refusée de chômage partiel, il n’avait pas d’autre choix que de la rejeter car l’entreprise l’a formulée de manière à ce qu’elle soit rejetée… puisqu’elle n’en voulait pas. La preuve: c’est suite au refus d’entrer en matière sur ce point que la rédaction s’est mise en grève. Il est donc parfaitement injuste dans ce dossier d’attaquer l’Etat, qui ne pouvait faire autrement que de refuser une demande motivée à l’inverse de ce qu’il aurait fallu pour pouvoir être acceptée. Le fond de l’affaire est de savoir si la réduction de la masse salariale a une cause conjoncturelle (baisse des annonces) et donc temporaire ou s’il s’agit, du moins en partie, d’un problème structurel, donc définitif. En indiquant dès le départ qu’après les six mois de chômage partiel, elle supprimerait six autres postes, la direction a répondu à cette question. Il n’y avait de sa part aucun doute possible: la réduction de la voilure est d’ordre structurel, bien qu’ayant été enclenchée par une réelle baisse conjoncturelle. Le chômage partiel, payé par l’ensemble des travailleurs suisse, n’a pas pour mission de venir en aide à une entreprise privée qui décide de se restructurer ou pour prendre un autre exemple de délocaliser sa production. Une telle aide serait à juste titre ressentie comme parfaitement scandaleuse. La revendication des journalistes que la direction présente une demande de chômage partiel a permis, c’est son mérite, de mettre la vérité en évidence, à savoir que la conjoncture n’est pas la seule responsable de la réduction drastique de voilure imposée à la rédaction. Il y a bien une volonté a priori de la SNP, conjoncture ou pas, d’alléger la masse salariale et, singulièrement, de réduire de manière importante les coûts que représente une rédaction professionnelle. Ceux qui attaquent l’Etat lui font donc un mauvais procès.
@ Léo Bysaeth: factuelle, précise, concise, complète, véridique (on le postule), merci pour votre info. Seule la présentation pourrait être améliorée par des mises à la ligne etc. Mais ce coté “pondu sans discontinuité” renforce encore le caractère formel et pur du message.
Bon, votre opinion est incorporée à l’info, mais on a affaire à une réaction sur un blog et pas à un article de presse! (Idem pour mon intervention)
Ça nous change de certains verbiages désordonnés, incomplets et/ou tendancieux et accrocheurs, limite populistes qui polluent une bonne partie de la Presse (sans frontières).
Que les qualités intrinsèques de votre prose serve d’exemple et fasse des émules, c’est tout le bien que je souhaite à la Presse en général et à la presse écrite en particulier.