Les Mayas, Habermas, Twitter ou Facebook?


Qu’est-ce qu’un débat aujourd’hui? La prise de parole dans l’espace public se limite-t-elle à Twitter et Facebook? Quel rôle jouent encore les quotidiens imprimés sur papier dans l’information citoyenne? Toutes ces questions ont été soulevées lors d’une table-ronde organisée vendredi 14 décembre 2012 sous les auspices conjoints du journal “La Cité” et de la Méduse dans les locaux de l’ex-fonderie Kugler à Genève par la compagnie théâtrale québéco-genevoise insanë. L’occasion pour les représentants de trois “pôles” d’activité, artiste, politicien et journalistes, de confronter leurs expériences et points de vue.

Christian Campiche (la Méduse) introduit la discussion en citant le philosophe Jürgen Habermas. L’espace public s’inscrit dans une vision subversive. Il doit être suffisamment critique pour contrer les pouvoirs dominants. Le débat est donc indissociable de la réflexion sur la démocratie participative. Mais comment faire pour donner un écho suffisant aux voix dissidentes, hors du conformisme ambiant entretenu dans la majorité des médias? Comment provoquer un débat constructif et surtout transparent sur des grands problèmes tels que l’énergie nucléaire, les gazoducs, l’armée, l’urbanisme, la santé, l’alimentation.

Metteur en scène et directeur de la compagnie insanë, Julien Brun compare la situation actuelle à la fin du monde façon Maya. Les réseaux sociaux bouleversent la manière de communiquer. Twitter et ses messages de 140 caractères investissent le terrain de l’information. Non sans risque pour l’utilisateur, toutefois. Cette dimension implique d’assumer les conséquences de ses paroles. Quelque part, elle revalorise la création théâtrale également. Dernier lieu permettant l’expression d’un face à face physique entre les gens, le théâtre devient un laboratoire où s’expérimente le débat public, du moins ce qui en reste.

Député genevois militant dans les rangs du parti socialiste, Cyril Mizrahi ne surestime pas les réseaux sociaux qui sont en quelque sorte le mégaphone du pauvre. La possibilité d’expression varie en fonction des moyens. Si l’UDC semble avoir moins besoin des réseaux sociaux, c’est qu’elle peut financer un tout-ménage qui a beaucoup plus d’impact sur l’opinion publique. Reste que Facebook peut être un bon instrument de propagande. Pour le politicien, la tentation est grande d’utiliser la provocation pour faire passer ses messages. Les jeunes politiciens le comprennent bien, qui s’affranchissent des relais traditionnels de communication. En donnant leur avis sur tout et sur rien, ils brisent les carcans de l’information formatée. Ils deviennent en quelque sorte leurs propres attachés de presse, déstabilisant les dircoms.

Journaliste à la RTS, Magali Philip relève les vertus des réseaux sociaux dans l’accès aux sources d’information. L’enjeu, pour les rédactions, étant le contrôle de ces mêmes sources, justement. A la radio, ce travail de vérification est fait sérieusement. Les outils mis en place dans ce dessein sont efficaces. Ils ont permis d’éviter que de grosses erreurs se produisent. La confusion à ne pas faire est de promouvoir journaliste toute personne qui utilise un réseau social pour diffuser une information. Le journalisme est un métier qui ne s’improvise pas. Une autre ambiguïté à lever est celle de la terminologie utilisée par Facebook: mieux vaut ne pas considérer systématiquement son interlocuteur comme un(e “ami(e)”.

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