«La Brise», la mal nommée


C’est le nom de cette sculpture en pied placée au N° 61 du quai Gustave Ador, avançant fièrement vers le lac.

PAR GENNY D

Cette œuvre est de H. Koenig (1940). Avec le temps tout le monde la connaît sous le nom de «La Bise», car les promeneurs du quartier des Eaux-Vives ou d’ailleurs, gourmands d’images nettes et lumineuses, savent bien que ces clichés doivent être mérités en quelque sorte, Genève calviniste oblige, puisque même en Eté sous le soleil, ce vent du Nord violant et glacial, la bise, gifle les visages.

En cette même ambiance tempétueuse ce dernier week-end d’avril où nous achevons de nous installer au cinquième étage, nos deux oreillers jaunes «équilibristes» se mettent à jouer d’abord avec la résistance des volets métalliques qui grincent et gémissent, se libèrent aussitôt de ceux-ci et finissent par s’offrir un vol aller-simple via les courettes de deux immeubles accolés dans la rue principale, le nôtre et celui d’une personne sympathique que je mentionne plus loin.

A 14 heures un dimanche après-midi aussi maussade, je doute fort trouver une solution pour récupérer ces garnitures un peu usées certes, mais encore essentielles à un bon sommeil…

Alentours tout accès à l’intérieur des bâtiments est protégé par un code voire un interphone. De plus à cette heure-ci, la plupart des occupants d’appartements sont affairés à s’approvisionner dans les super marchés ou, un peu engourdis par le froid venteux et le rythme ralenti de fin de semaine, font tout simplement ripaille familiale au restaurant ou sont au cinéma entre amis.

Handicapée, marchant avec deux sticks d’appuis mais armée de courage, je décide tout à trac d’investiguer dans notre rue des Eaux-Vives déserte et silencieuse. Avec méthode je veux actionner tous les boutons et toutes les sonnettes des interphones des deux immeubles, une entrée après l’autre, déterminée à atteindre mes garnitures en prenant contact avec un occupant (non celui d’un répondeur automatique) pour résumer ma mésaventure et trouver une solution…! Je commence donc par notre bâtisse, et sonne partout. Un moment s’écoule… puis une voix, celle de ma voisine du dessous qui demande: «oui?» D’une phrase je lui explique la situation. «Je descends de suite dans le hall d’entrée et voyons ensemble ce que nous pouvons faire.» me dit-elle.» Et c’est ainsi que par chance de l’avoir trouvée chez elle et grâce à sa débrouillardise, je retrouve l’un de mes oreillers le soir même!

Et pour atteindre le second coussin, comment diable m’y prendre ?….Un pressentiment négatif m’effleure mais je procède de la même manière pour l’entrée d’à côté, patiemment.

Une bonne heure s’est écoulée depuis le début de mes investigations et la bise n’a toujours pas faibli! Malgré tout je continue à sonner de plus belle; je dois paraître un peu folle!

«Peu de chance de trouver âme qui vive ici» me dis-je… Et comme je m’apprête à rebrousser chemin, intuitivement mon index pèse avec insistance sur un certain bouton…

Et là, après un message pré enregistré que j’écoute vaguement une voix claironne: «bonjour, qui êtes-vous, comment avez-vous mon N° de portable?»… je recommence le narration de ma petite histoire que je complète avec mon état de santé; à ma grande surprise la voix féminine me dit: «oui ceci est ennuyeux… votre garniture… écoutez, je suis sur Genève mais dans une rue malheureusement éloignée de la rive gauche; alors une fois rentrée chez vous, envoyez un message de votre téléphone sur le mien, ainsi j’aurai aussi votre N° de mobile pour vous contacter au cas où je trouve le moyen de mettre la main sur ce deuxième coussin volant!»

Ainsi fut fait. J’étais ravie dès lors que j’avais obtenu ce bon contact.

Le lendemain tôt, lundi, nouvel SMS sur mon téléphone portable: «on ne baisse pas les bras, on va tout faire pour le retrouver!» Admirative, j’imagine les traits de cette personne de qualité, si aimable. Encore virtuelle la veille, je la rencontre bientôt, ce même jour.

Ainsi à l’heure du déjeuner, Kashka H m’annonce qu’elle se dirige vers notre immeuble avec ma garniture et qu’elle peut me la remettre de suite, si je veux bien manipuler la commande à distance d’ouverture de la porte d’entrée, ce que je fais immédiatement. Elle sort de l’ascenseur à notre étage. A peine entrée chez nous avec son paquet, nous nous tendons la main et faisons rapidement connaissance. Comme elle était un peu pressée, j’ai omis de la questionner sur sa technique de récupération!

Mais j’aurai certainement l’occasion de le faire à la prochaine Fête des Voisins, fête qui prend tout son sens à travers cette nouvelle.

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Un commentaire à “«La Brise», la mal nommée”

  1. laury 22 mai 2014 at 21:20 #

    Il n’y a que Genny à qui ces choses arrivent parce qu’elle sait provoquer la vie

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