Forfaits fiscaux, le carrousel des vases communicants

La classe moyenne a le sentiment de porter l’essentiel du fardeau de la charge commune.

PAR CHRISTIAN CAMPICHE

Deux objets intéressant la cagnotte des Suisses, le maintien du secret bancaire et l’abandon des forfaits fiscaux, seront soumis au peuple au cours des deux ans à venir, pour autant qu’aboutisse également la première initiative, celle lancée par Thomas Matter, le dauphin de Christoph Blocher, dont on croit savoir qu’elle est à bout touchant.

En ce qui concerne la seconde, parrainée par la gauche, le doute n’est plus de mise. Après avoir été balayée aux Chambres fédérales, elle sera soumise au peuple.  La votation aura-t-elle lieu avant ou après une consultation des Genevois sur le même sujet?

La question se complique au bout du lac avec le dépôt d’un contre-projet liant le maintien des cadeaux fiscaux au relèvement du seuil minimal des dépenses théoriques des riches hôtes étrangers, alors qu’ailleurs en Suisse, certaines régions, dont Zurich, ont déjà carrément banni le forfait fiscal. Et que d’autres s’arc-boutent au contraire sur cette pratique accordée à quelques milliers de privilégiés au nom de la santé présumée des boutiques de luxe et remonte-pentes locaux.

Une manne dont l’importance est somme toute relative, comme l’admet le Conseil fédéral dans son message au Parlement, après avoir examiné la situation sur la Côte d’or zurichoise.  
«Une harmonisation générale des législations fiscales en Europe est des plus improbables, allez voir dans les îles anglo-normandes, à Monaco, Andorre, Estoril, Pourquoi la Suisse courrait-elle le risque de voir ses réfugiés fiscaux déménager là-bas?», s’étranglent les grands argentiers romands.

Quelle que soit la réponse, la classe moyenne a le sentiment de porter l’essentiel du fardeau de la charge commune, prise en sandwich dans le carrousel des chaises musicales et vases communicants où virevoltent fortunes étrangères exilées, gros contribuables suisses s’envolant  massivement vers des cieux plus cléments et bas revenus exonérés d’impôts.

Chronique parue dans GHI du 11 juin 2014.

Tags: , ,

2 commmentaires à “Forfaits fiscaux, le carrousel des vases communicants”

  1. Schindler 15 juin 2014 at 13:22 #

    Cher Christian,
    D’accord, les forfaits fiscaux, c’est pas très moral, mais ca rapporte quelques centaines de millions à Genève. Et puis, l’impot sur les sociétés a13% à Neuchâtel, c’est pas du dumping fiscal ? Quand l’UE accepte que la prostitution et la drogue fassent partie du PIB, on se dit que la morale fait mauvais ménage avec la fiscalité.

  2. Arnaud Némoz 17 juin 2014 at 15:34 #

    “Quand l’UE accepte que la prostitution et la drogue fassent partie du PIB, on se dit que la morale fait mauvais ménage avec la fiscalité.”

Laisser un commentaire

Les commentaires sous pseudonyme ne seront pas acceptés sur la Méduse, veuillez utiliser votre vrai nom.

Mentions légales - Autorenrechte

Les droits d'utilisation des textes sur www.lameduse.ch restent propriété des auteurs, à moins qu'il n'en soit fait mention autrement. Les textes ne peuvent pas être copiés ou utilisés à des fins commerciales sans l'assentiment des auteurs.

Die Autorenrechte an den Texten auf www.lameduse.ch liegen bei den Autoren, falls dies nicht anders vermerkt ist. Die Texte dûrfen ohne die ausdrûckliche Zustimmung der Autoren nicht kopiert oder fûr kommerzielle Zwecke gebraucht werden.