Une brève de scénario de fiction s’est glissée au milieu de l’actualité tragique de la semaine.
PAR CHRISTIAN CAMPICHE
Un non-événement qui n’a pas fait la Une des journaux, pourtant il aurait pu changer la face du monde. Fausse alerte, heureusement, mais une grosse peur rétrospective, la prise de conscience de ce qu’aurait pu représenter une tempête solaire balayant la Terre. Nous y aurions échappé de justesse, si tant est que la NASA ne raconte pas des sornettes.
Selon l’agence spatiale américaine, un tel accident aurait pu coûter 2000 milliards de dollars à la planète en paralysant les communications et brouillant les réseaux bancaires. Le grand bond en arrière, un monde revenu à l’état de l’an 1800. Pas besoin de dessin pour imaginer le chaos. Pince sans rire, la NASA nous prédit que le pire n’est pas évitable: une éruption solaire touchant la Terre se vérifie tous les 150 ans. La dernière ayant eu lieu en 1859, la suivante a 12% de chances de se produire au cours de la prochaine décennie.
L’information tombant au moment où la moitié de l’univers se bronze sur les plages, la probabilité existe pour que la plupart des décideurs ne se soient pas rendu compte du danger à côté duquel ils sont passés. Tant mieux pour eux et tant pis pour ceux dont la distraction est de se faire du mauvais sang. Mais que dire de la responsabilité des gouvernants? Bonjour l’autruche!
On peut espérer tout de même que quelques sages fonctionnaires auront découpé soigneusement la dépêche faisant état de la menace cosmique et la remettront à qui de droit au retour des vacances. L’intention étant moins d’empêcher le soleil de nous faire ses caprices – tâche pour le moins problématique – que de prévoir les moyens de s’adapter à une ère de grande obscurité.
Chronique parue dans “GHI” du 30 juillet 2014.
Bonjour,
On pourrait avoir une source, un lien, enfin un truc qui fasse un peu journaliste pro?
@Béat: L’article est une chronique (en l’occurrence réalisée dans un cadre rédactionnel donné pour un journal genevois), genre d’exercice destiné à soulever des lièvres, amener des pistes ou suggérer des réflexions. L’enquête est une autre démarche. C’est aussi pourquoi j’interpelle les gouvernants. A mon sens, quand sort une hypothèse telle que celle avancée par un organisme “sérieux” comme la NASA, l’office étatique compétent devrait réagir par voie de communiqué, ne serait-ce que pour annoncer qu’il se penche sur la question.
Je veux bien recevoir tous vos arguments, mais ma question reste entière. Vous devriez être bien placé pour savoir que l’on ne rédige ni ne publie de la même façon pour un média en ligne que pour un journal papier.
Cela fait des années que les «professionnels de la profession» du journalisme nous serinent – en gros – que tout ce qui parait sur internet n’est pas sérieux quand cela n’est pas rédigé par un «vrai» journaliste, qui a son éthique, qui recoupe ses infos, qui cite ses sources, etc. Qu’il s’agisse ici d’un billet de réflexion n’y change rien: le lecteur voudrait savoir quel est l’article qui l’a inspiré.
En journalisme «papier» il est parfois compliqué de sourcer un article. Mais sur internet, l’opération est tellement simple que les liens sont devenus des éléments constitutifs du média. S’ils manquent, cela est vu comme un oubli ou une faute.
C’est une dépêche d’agence qui a fait état de la communication de la NASA, ce qui devrait écarter tout soupçon de fantaisie quant à la source. La nouvelle n’a été commentée nulle part ailleurs, à ma connaissance. L’ambition de la chronique est seulement de rebondir sur cette nouvelle pour apporter une réflexion un tant soit peu originale. Je ne prétends rien d’autre et j’espère que certains lecteurs y auront trouvé un minimum d’intérêt. Le fait que le support soit internet ou un journal papier n’enlève rien aux critères de pertinence d’une information d’intérêt public.