Bien loin des mandarines et des quelques cacahuètes d’antan, la Suisse consomme à Noël 7 % de plus qu’en 2012.
PAR SAMUEL WAELTI
Selon la RTS, les disciples du bonnet rouge dépensent environ 800 francs pour la grande fête du sapin. 436 francs sont dévolus aux cadeaux et 250 pour les kilos superflus, soit les 2/3 du revenu minimum de base. Pourtant, les joujoux par milliers ne tombent pas dans tous les petits souliers. La Suisse reconnaît du bout des lèvres que la pauvreté s’accroît, comme l’atteste le «Nouveau manuel sur la pauvreté en Suisse» de Caritas Suisse: plus d’un million de citoyens ont les poches vides ou vivent juste au-dessus du seuil de pauvreté. Pour quatre personnes qui dépensent 436 francs de cadeaux, une ne peut malheureusement pas se payer le dentiste.
Il n’y a pas que les tonnes de boîtes de chocolat qui font mal aux dents. “Caritas Suisse s’inquiète, cela fait plus de dix ans qu’il n’y avait plus eu autant de personnes en fin de droit et la réduction des prestations sociales est préocuppante”, nous explique Dominique Schärer, rédactrice et responsable du service presse de Caritas Suisse. Et si le taux de pauvreté en Suisse est constant, la situation s’aggrave pour les plus démunis.
Les aides vont décroissant, le risque de pauvreté s’accroît pour certains et Dominique Schärer souligne: “de plus en plus de personnes sont en danger. Et la révision des directives pour l’aide sociale est synonyme de situation plus dure pour les grandes familles et les jeunes adultes.” Alors oui, c’est bien joli de flamber 800 francs pour un plaisir éphémère et les goûts dispendieux de Junior. Cependant à l’heure de déguster votre dinde farcie avec dévotion la veille, il serait judicieux d’avoir une petite pensée pour la mère de famille à l’aide sociale. Elle qui ne peut se permettre de dépenser plus de 30 francs par jour, nourriture, vêtements et prestations sociales comprises.
Pour prolonger les aberrations de cette société à deux vitesses, rappelons, au risque d’en décevoir certains, que ce ne sont pas les petits lutins qui s’occupent des jouets de Papi Noël. Effectivement, loin du Pôle Nord, «l’Idole» de Coca Cola opte depuis longtemps pour les grandes industries. Et ce quitte à bafouer l’éthique du travail: une Barbie de 49,90 francs rapporte 1 franc à un ouvrier chinois, lequel est bien souvent mineur. Mais, comme le souligne Francesco Cuordileone, responsable du secteur jouets chez Manor: “Les grandes marques comme Playmobil, Mattel, et Lego constituent 60 à 70% du marché du jouet”.
Eh oui, concernant les grandes marques l’argent passe avant tout. L’esprit de Noël s’est fait la malle pour prolonger la saison de la chasse. Chargez vos fusils, les bonnes affaires sont lancées et si vos nerfs lâchent, pas d’inquiétude: la RTS vous propose un topic pour évacuer le stress.