Il n’y a pas un fascisme mais des fascismes!


Quand on associe Donal Trump ou Marine Le Pen au fascisme, les temps sont devenus graves.

PAR FRANÇOIS MEYLAN

Comme le dit si bien, le philosophe Michel Onfray, associer Marine Le Pen à Auschwitz – le terrible camp de la mort nazi que j’ai moi-même visité – est très inquiétant, ceci à plus d’un titre. C’est minimiser l’abject. C’est réduire l’horreur de l’Holocauste à une seule personnalité politique de droite qui elle est fréquentable.

Il en est de même pour tout ce petit monde à l’instinct grégaire qui joue à se faire peur et à fantasmer sur le «méchant» Donald Trump. Pourtant, le fascisme ou plutôt les fascismes existent bien. Mais ils ne sont pas forcément là où la pensée unique et les modes les désignent. Certes, le terme fascisme est associé à la période mussolinienne de l’histoire italienne. Ceci pour le sens étroit du terme. Mais les débats et les interprétations sont nombreux. Des historiens ne manquent pas à qualifier l’Espagne de Franco, Cuba de Castro et même la France de Vichy de régimes fascistes. Jusqu’alors, il était notoirement admis que le fascisme était un système politique autoritaire qui associait populisme, nationalisme et totalitarisme au nom d’un but collectif suprême.

Mais à l’air de la mondialisation qu’en-est-il? Dans les faits, le fascisme peut s’expliquer – sans se tromper – comme l’application totale d’une doctrine. En niant l’individu comme la démocratie. Mais également en bafouant le droit à la différence comme celui de penser autrement. Et c’est là que d’autres fascismes voient le jour. Le néolibéralisme comme l’écologie ou encore le féminisme peuvent devenir fascisants. Le mieux étant l’ennemi du bien. Et concernant le féminisme il est lui-même la première victime d’un féminisme fasciste dualiste, vindicatif et hautement récupérable politiquement. Tout est une question de dosage.

On se rappelle encore quand l’ancienne Conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey était intervenue sur la volée des candidats diplomates de 2005. Dix hommes et quatre femmes avaient alors été sélectionnés. Dirigiste, elle avait invoqué la parité pour écarter six candidats hommes pourtant ayant toutes les qualifications requises. Une vue de l’esprit qui ne constitue pour autant pas un programme politique… sauf quand celui-ci devient totalitaire. Une attitude dogmatique et malheureuse qui avait non seulement heurté l’opinion mais aussi poussé le sénateur Dick Marti à la démission de la commission de sélection. Pour imposer sa vision, la Conseillère fédérale changeait les règles en cours de route, bafouait les préceptes même du débat et de la démocratie. Surtout, elle niait l’individu.

Toute idéologie appliquée avec totalitarisme fait le lit d’un fascisme. Un Etat peut être dirigiste mais pas seulement. L’organisation criminelle Daech est fasciste sans même émaner, pour autant, d’un Etat reconnu. L’Etat islamique n’est que succession de conquêtes autant criminelles que temporaires.

Et il ne sert à rien d’affronter le fascisme de plein front. Comme pour la tumeur qu’il est, ça le rend plus fort. Le seul antidote valable et durable est de garantir le droit de penser autrement. Garantir le droit à la différence!

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3 commmentaires à “Il n’y a pas un fascisme mais des fascismes!”

  1. heizmann 25 janvier 2017 at 12:52 #

    Merci pour cette brève, mais combien pertinente remise à l’heure des pendules de la bien-pensance!!!

  2. Gérard Blanc 11 février 2018 at 14:42 #

    Je regrette de ne pas partager votre opinion. Pour moi, le fascisme est personnalisé par l’intolérance et le rejet de l’autre, le refus d’opinions contraires et l’obscurantisme sous toutes ses formes. Si je suis d’accord avec le fait qu’il y ait plusieurs fascismes (et je suis aussi d’accord d’y inclure Daech), mais mettre Micheline Calmy-Rey sur le même plan que Donald Trump, Marine Le Pen, Erdogan, Poutine ou Loukatchenko me semble quelque-peu hasardeux non?
    Comme vous le savez, le problème de la parité hommes-femmes dans les gouvernements et les entreprises est plus que jamais d’actualité. Les politiques s’arrachent souvent les cheveux pour savoir comment s’y prendre et Micheline Calmy-Rey n’a pas fait exception. Peut-être a-t- elle été maladroite dans sa démarche, mais de là à faire une telle comparaison…
    Peut-être que dans le conseil fédéral actuel, d’autres sont également dirigistes, même s’ils ne le montrent pas. Christophe Blocher ne l’a-t-il pas été aussi?

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    François Meylan 12 février 2018 at 07:23 #

    Monsieur Blanc,
    Vous n’avez pas à regretter de ne pas être d’accord avec moi. C’est, au contraire, un enrichissement. Pour moi, atteindre la parité hommes – femmes coûte que coûte n’est ni une priorité ni une une politique raisonnable. Je privilégie de loin les compétences et aptitudes. L’exemple que j’ai donné avec cette ancienne conseillère fédérale a pour but de démontrer qu’à l’inverse du féminisme légitime tel que celui qui milite pour l’égalité des salaires il y a aussi un très mauvais féminisme qui se veut polémiste, dualiste, brutal, discriminatoire et qui prend le chemin d’une forme de fascisme. Ce «féminisme » qui est l’application totalitaire d’un dogme ne fera que des dégâts et des perdants à terme si on le ne contre pas. Parce qu’il oppose un pan de population contre l’autre. Et notre ancienne ministre de l’attiser.

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