“Socialement, L’Hebdo est rentable” – Plaidoyer pour un fonds de soutien public


Medien für alle – médias pour tous – media per tutti est un mouvement national fondé en 2016 par des journalistes et des cinéastes de toute la Suisse, ouverts à tous ceux qu’inquiète la disparition de la diversité et de la richesse de la presse imprimée et la remise en cause du service public audiovisuel. Suite à l’annonce de la disparition de “L’Hebdo”, il publie le communiqué suivant.

“La Suisse romande subirait un appauvrissement considérable de ses moyens d’information et de débat démocratique si elle perdait son principal organe d’information hebdomadaire. Mais le nombre de lecteurs a beau être significatif pour la Suisse romande, ce n’est pas le critère principal pour le trust multinational germano-suisse Ringier/Axel Springer (Suisse), dont la logique de rentabilité , artificiellement déconnectée des petites annonces qui l’alimentait autrefois, “condamne” ce titre. Un acte grave, qui laisse beaucoup de savoir-faire journalistique sur le carreau et dépouille toute une région d’un de ses moyens d’affirmation.”

“On peut évaluer la rentabilité d’un point de vue plus large, et dire que sur le plan social, politique et culturel, “L’Hebdo” est rentable – même si la tendance à la numérisation et la perte de publicité qui en découle affectent cet organe de presse autant que les autres. S’il faut se substituer aux moyens publicitaires en fuite vers les majors sur internet, la collectivité peut le faire et doit le faire à notre avis. La Suisse romande culturelle et politique ne devrait pas baisser les bras, et, dans l’immédiat, les gouvernements cantonaux et les institutions publiques devraient mettre sur pied d’urgence un fonds de soutien pour garantir une parution continue de “L’Hebdo”, en assurant une solution de transition entre les actuels propriétaires, démissionnaires, et une forme associative ou une autre forme de participation permettant aux lecteurs de sauver “L’Hebdo”.”

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5 commmentaires à ““Socialement, L’Hebdo est rentable” – Plaidoyer pour un fonds de soutien public”

  1. Christian Campiche 25 janvier 2017 at 10:27 #

    Le débat sur l’aide publique devrait s’élargir à l’ensemble des médias. Il s’agit moins de “subventionner” des titres édités par des groupes très rentables globalement que de soutenir la presse romande, en très mauvaise posture. Un coup de pouce ponctuel d’institutions étatiques serait particulièrement bienvenu pour aider de nouveaux médias, conçus par des professionnels de l’information, à prendre leur envol.

  2. Antoine 26 janvier 2017 at 07:52 #

    Merci à la Méduse. Je suis gourmand de commentaires originaux, documentés et pondérés dans leurs jugements. La table de l’Hebdo en était richement garnie. Quelle tristesse!

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    Sima Dakkus Rassoul 26 janvier 2017 at 12:21 #

    En effet, il ne faut pas seulement utiliser les médias à des fins promotionnelles, mais les aider à exister, à continuer un travail nécessaire pour la société d’une information de qualité. Il ne faut pas les étrangler, mais les encourager dans plus grande indépendance possible. L’exercice est réalisable.

  4. J.-V. de Muralt 27 janvier 2017 at 03:27 #

    Pas d’accord. Ce serait un abus des fonds publics et un pas dangereux vers une presse d’état permettant toutes les dérives ultérieures.

    Le temps est venu où les lecteurs devront accepter de soutenir de leurs deniers des médias indépendants et engagés. L’état ne peut aider, et généreusement, qu’en accordant des tarifs postaux préférentiels et autres mesures accordées également à tous les éditeurs de publications d’information et d’opinion. Mais aucune subvention à des équipes n’est acceptable.

    Comment pouvez-vous soutenir une idée pareille? Une presse subventionnée c’est un cauchemar.

    En amitié

  5. Christian Campiche 28 janvier 2017 at 15:49 #

    Les éditeurs sont déjà subventionnés indirectement par l’Etat qui donne 50 millions par an pour adoucir les tarifs postaux. Les éditeurs ont donc une responsabilité sociale à ce titre et devraient veiller à accorder des plans sociaux décents, de préférence spontanément, sans attendre que les syndicats leur tapent sur les doigts. Cela dit le débat sur l’aide directe tient sa pertinence de l’hypocrisie des politiciens qui pleurent sur les ondes dès qu’un journal subit des mesures de restructuration, en même temps qu’ils refusent l’idée d’une telle aide. Ils invoquent le danger de l’atteinte à la liberté de la presse, sans voir que les journalistes de la RTS n’ont jamais dénoncé une intrusion de l’Etat dans les contenus rédactionnels. Par ailleurs, on cite toujours en exemple La Liberté, village d’Astérix, qui a la réputation de publier une information indépendante de qualité. On ne voit pas non plus, ou l’on ne sait pas, que ce journal est partiellement en main de l’Etat par le biais de la banque cantonale et d’un groupe de l’électricité contrôlé par des pouvoirs publics.

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