Afghanistan, médias et société


En observatrice des médias de langue dari et pashto, je constate que la presse joue un rôle pleinement citoyen dans la lutte contre le silence en Afghanistan. Il est bien connu que les médias afghans n’ont l’accès aux informations officielles qu’au compte-gouttes, voire pas du tout.

PAR SIMA DAKKUS RASSOUL

Il faut d’emblée préciser que se mettre à l’écoute des médias à distance géographique permet de se rendre compte de leur vitalité, mais ne donne pas une idée exacte des difficultés réelles qu’ils rencontrent dans un pays plus grand que la France, avec trente-quatre provinces et trente millions d’habitants. Un pays au sous-sol montagneux fabuleusement riche, soit dit en passant.

Les médias rendent compte de l’insécurité qui est le problème-clé du pays. Un cercle vicieux, car sans sécurité, la guerre persiste. Avec la guerre pas de sécurité pour la vie quotidienne et le commerce de première nécessité. Sans sécurité pas de vie économique viable, voire pas de vie du tout. On estime à trente mille le nombre des migrants afghans à l’intérieur qui perdent tout ce qu’ils ont pour fuir les attentats et les zones que les talibans, parmi lesquels on vient d’arrêter bon nombre de Pakistanais et d’Iraniens, essaient de prendre.

Or, après la «mère» des bombes dont on ne sait pas l’efficacité contre Daesh faute d’informations, les attentats continuent. L’attentat de Kaboul du 31 mai dernier a vu l’explosion d’une charge d’une tonne et demie d’explosifs. Dans le quartier des ambassades. Il a fait plus de cent morts et des centaines de blessés. L’état de certains corps ne permet pas l’identification et on peut imaginer la douleur des proches des disparus.

Le président afghan a condamné à mort onze talibans et des membres de la bande de Haqqani, groupe impliqué dans les attentats du pays. Mais la patience de la population est à bout. Les habitants voient leur vie sacrifiée quotidiennement.

Le matin du 2 juin 2017, une foule nombreuse est venue manifester au centre de Kaboul qui a subi des dégâts matériels énormes sur la scène de l’attentat. Des commerçants ont presque tout perdu, la liste de sans-logis s’allonge, celle des morts aussi.

Si les médias afghans répondent présent, la crédibilité des gouvernants est minime. Elle diminue encore depuis qu’on a fait entrer Hekmatyar en grande pompe. Il est arrivé comme un chef d’Etat et a disparu de la scène pour le moment.

Sur les plateaux de télévision, les participants au débat sur les conditions étranges de l’attentat affirment qu’on savait que le projet était en cours. Les ambassades allemande et américaine ont demandé à leurs membres de s’éloigner pour deux jours. Le gouvernement savait-il et ne pouvait-il prévoir et mieux protéger la population?

La manifestation massive des citoyens de Kaboul et des environs donne une idée de la réponse à cette question. Ils veulent que les responsables soient identifiés et jugés.

Le mystère est entier. On se demande comment ces groupes traversent les barrages de sécurité pour perpétrer des attentats d’une telle envergure. Sans aide intérieure, est-ce bien possible?

Spécialistes, journalistes et intellectuels afghans y vont de leurs hypothèses. Les questions brûlantes restant sans réponse officielle.

TolonewsMaiwandtv, 1TV.afg. La plupart des TV ont sur leur site une version anglaise de leurs nouvelles. 

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