Ce matin, mon ordinateur ne m’a pas racketté


Peut-être fais-tu partie des victimes de la nouvelle attaque cybernétique mondiale qui frappe les ordinateurs. Tu devras débourser pour accéder à tes fichiers. As-tu remarqué que ces crimes ne profitent pas qu’aux pirates ?

PAR JOËL CERUTTI

Ce matin, mon ordinateur ne m’a demandé aucune rançon. Des mails de pubs, d’insultes de mon ex (un seul, elle faiblit), de La Poste, d’Infomaniak (renouvellement de l’hébergement, important !) mais aucun message de racket. J’accède librement à mes dossiers sans devoir payer des centaines d’euros, de dollars ou de francs. Ah-quelle-chance-j’ai-de-passer-au-travers-de-la-nouvelle-cyber-attaque-criminelle-qui-frappe-le-monde-global. Peut-être parce que je tapote depuis un coin reculé et montagnard ? Ils ne montent pas jusqu’ici, les hackers ? J’habite dans un segment de niche trop minuscule pour être rentable ? Les correspondances des transports en commun sont trop espacées pour eux ? Ou alors ils n’essaient même rien sur mon vénérable et adoré Mac parce que La Force de Steve Jobs me protège. Qu’il en soit vénéré des tréfonds de mon iPhone et MacBook Air…

J’ironise parce que j’aime immanquablement me demander à qui profite le crime. « Aux salauds de sagouins qui s’immiscent dans ton disque dur et le rendent malléable et corvéable à souhaits, eh, banane ! Une faille dans Windows et hop c’est la porte ouverte au chantage ! »

Je te remercie.

Tes deux précieuses phrases, lues à voix haute, montrent déjà que Windows t’a vendu un produit qui refoule du codage. Pourquoi son système d’exploitation présente-t-il immanquablement des failles ? Ne pourrait-il pas être un plus outillé face à l’ennemi ?

Lors de l’avant-dernière attaque cybernétique – en mai – j’ai mangé avec un informaticien plutôt amusé devant l’astuce qui se mettait en place. Selon lui, ce sont les ordinateurs qui tournent sur l’antique XP – et dont Microsoft n’assure plus le support depuis trois ans – qui succombent à l’abordage des pirates. Sur les systèmes qui lui ont succédé, la protection face aux virus était intégrée et ne coûtait plus le plus petit centime aux consommateurs. « Avec le climat de terreur qui s’installe, tu vois toutes les entreprises trembler et rappeler fissa des experts qui leur coûtent un saladier… », a conclu mon ami en finissant de mastiquer son onglet de bœuf. Cela mérite réflexion, non ?

Personne n’insinue que les vagues de virus qui recouvrent ton PC sont commanditées par Microsoft. Cela serait du complotisme sommaire et primaire.

Pourtant, nul doute que les successeurs de Bill Gates planchent sur des logiciels – pas gratuits, tu as compris l’astuce – qui mettront en échec ces retors de pirates. Qui dénicheront une parade en un battement de cils. Cette escalade crée un profitable sentiment constant de panique. Avec la pétoche aux tripes, à chaque fois que tu allumes ton PC, tu sauras te montrer généreux envers ta sauvegarde.

De par cette spirale se constitue un cercle vicieux. C’est la firme qui t’a vendu un système d’exploitation plutôt lamentable qui te propose les solutions aux problèmes qu’elle génère. Un peu comme si un fabricant de bagnole, après ta première sortie de route, se décidait à enfin te fournir le volant qui va avec… Si tu as l’impression d’être réincarné dans une dinde perpétuellement bourrée de marrons, c’est normal. Noël, comprends-tu, chez Microsoft comme ailleurs, se déroule 365 jours sur 365 en termes de business.

PJI

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Un commentaire à “Ce matin, mon ordinateur ne m’a pas racketté”

  1. brigitte 2 juillet 2017 at 16:10 #

    Excellent article qui prouve s’il en était besoin que le serpent informatique n’est pas encore prêt à se mordre la queue

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