La rédaction de l’Agence télégraphique suisse (ATS) a débrayé pendant trois heures, mardi 23 janvier 2018. Entre 14 heures et 17 heures, il n’y avait plus aucune nouvelle, ou presque, sur le fil de la première agence de presse helvétique qui affronte de fortes turbulences suite aux suppressions importantes de postes décidées par la direction (la Méduse du 11 janvier 2017). Dans une résolution adoptée à l’issue de la manifestation, les grévistes, très déterminés, se sont déclarés “prêts à se joindre aux efforts d’assainissement financier de l’entreprise, pour autant que l’employeur joue le jeu de la transparence budgétaire et stratégique et qu’il engage des négociations sérieuses avec le personnel et ses représentants”. Un délai de réponse de 24 heures a été donné à la direction.
On entend souvent dire: “l’ATS est elle aussi victime de la crise des médias”. En réalité l’ATS est d’abord victime de la crise de l’identité helvétique. Le sens de l’intérêt public et de la cohésion nationale est malmené par un mode de vie soumis aux assureurs et aux financiers. En 1988, le personnel de l’ATS – j’y étais juste avant de rejoindre le magazine Bilan qui se lançait – vivait déjà sur le fil du rasoir, les assemblées succédaient aux assemblées. Edipresse avait l’idée de créer sa propre agence de presse… Finalement il y a renoncé, heureusement pour la diversité de l’information. La crise de la presse a bon dos. A l’époque elle n’avait en tout cas rien de conjoncturel. Aujourd’hui, on est bien d’accord, le modèle économique basé sur la publicité a du plomb dans l’aile mais il est vrai aussi que l’on peut faire dire aux chiffres ce que l’on veut. Quand on veut tuer son chien…