“Stop world war with Russia!” Une menace bien relative pour les médias helvétiques?


La perspective d’une troisième guerre mondiale ne semble pas émouvoir outre mesure la presse helvétique. Alors que les médias américains et russes tartinent depuis plusieurs jours sur les risques de dérapage cataclysmique qu’induirait un largage de missiles sur la Syrie, les quotidiens lémaniques ne consacrent que deux colonnes au sujet. Quant à la RTS, dans son journal du matin, elle ne place le conflit Syrien qu’en troisième position. Une petite poignée de minutes suffit à traiter le sujet par une correspondance au Proche-Orient, donnant la parole à quelques malheureux habitants de Damas qui attendent l’holocauste. Comme si un potentiel conflit mondial ne pouvait représenter une menace mortelle que pour la capitale syrienne!

La presse helvétique se dit peut-être que les élucubrations du président américain, empêtré dans plusieurs affaires intérieures qui remettent en question son leadership, ne valent pas que l’on prenne ses menaces au sérieux. L’argument se défendrait, si ce n’est que le problème n’est même plus Trump, mais ses suiveurs européens, à commencer par Emmanuel Macron qui se lance tête baissée dans des discours guerriers. Au point qu’en France, certains commentateurs commencent à s’interroger sur la maturité du président. «Si la France frappait la Syrie sans mandat des Nations Unies, ce serait un véritable tournant néoconservateur dans la politique étrangère d’Emmanuel Macron. La première grande faute diplomatique du quinquennat», commente l’expert militaire Hadrien Desuin dans le journal en ligne Causeur.

La France fer de lance de l’OTAN? On est bien loin du « machin » que Charles de Gaulle utilisait pour qualifier l’alliance créée par les Etats-Unis, bras armé de l’Occident.

“Stop world war with Russia”. Capture d’écran sur le site américain infowars, 13 avril 2018.

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9 commmentaires à ““Stop world war with Russia!” Une menace bien relative pour les médias helvétiques?”

  1. Erni Pierre 13 avril 2018 at 17:44 #

    Bonne analyse, mais qui peut actuellement se mettre en face, efficacement, de politiciens qui veulent se comparer à Néron ou Mussol…? Tous ceux qui veulent gouverner sans que le peuple ne puisse intervenir. Sommes-nous déjà en train de perdre la guerre à cause de ceux qui ont été nommés à la tête de leurs pays avec l’aide cachée de Facebook?

  2. Pierre-Henri Heizmann 14 avril 2018 at 09:53 #

    En effet, le Monde est tombé subitement dans une situation géostratégique des plus dramatiques en très peu de temps. Cette survenance est en cela inquiétante, qu’elle ne permet pas à ces acteurs principaux de prendre la mesure de cette escalade.
    Un de ceux-ci : l’OTAN, dont pour rappel le commandement est constitutionnellement sous la suprématie des USA, pratique depuis la dissolution en juillet 1991 du Pacte de Varsovie, une politique hégémoniste effarante. De 17 pays en 1990, l’alliance est passée à 30 pays en 2017… Et trois pays attendent leur adhésion avec impatience, dont pas un des moindre : la Géorgie!
    Car
    Sachant que les objectifs de l’OTAN se déclinent sur deux axes, l’un politique, l’autre militaire, il est bon de relire l’article 1 de de son acte fondateur :

    Les parties s’engagent, ainsi qu’il est stipulé dans la Charte des Nations Unies, à régler par des moyens pacifiques tous différends internationaux dans lesquels elles pourraient être impliquées, de telle manière que la paix et la sécurité internationales, ainsi que la justice, ne soient pas mises en danger, et à s’abstenir dans leurs relations internationales de recourir à la menace ou à l’emploi de la force de toute manière incompatible avec les buts des Nations Unies.

    Et non, Madame, Monsieur, nous ne sommes pas le 1er avril….

  3. Emilie Salamin-Amar 14 avril 2018 at 11:21 #

    Il me semble que dans le passé, la Suisse s’est bien gardée de rester à l’écart des 2 Guerres mondiales alors que l’Europe et le monde étaient à feux et à sang. Alors, pourquoi s’étonner de la “suissitude” de l’Helvétie face à des menaces de 3ème Guerre mondiale? Il faut croire que cette Suisse-là se sent intouchable et… pas du tout concernée par ce qui se passe au Proche-Orient ou ailleurs. Elle fait le gros dos derrière ses montagnes, elle se prend pour un chat. Surtout, ne pas faire d’éclat, ne rien dire, ne rien faire, pas de vagues… Les autorités qui gouvernent ce pays que l’on dit idyllique, observent de loin et… peut-être bien qu’ils analysent ce qu’ils pourraient en tirer… se faire du beurre… du beurre suisse, de préférence!

  4. Gérard Blanc 14 avril 2018 at 12:25 #

    Il faudrait être un très bon journaliste d’investigation pour avoir une analyse complète de la situation.

    D’après les dernières informations recueillies, il semblerait que les frappes de missiles n’ont atteint que des espaces militaires et des lieux de stockages d’armes chimiques. Il semblerait aussi que la Russie ait été avertie et que les lieux de cantonnements de l’armée russe aient été évité, de même que les lieux d’habitations des population civiles. J’ai entendu (sauf erreur sur BFMTV) un analyste indiquant que la Russie serait de plus en plus embarrassée par la présence de Bachar El Assad et que les uns et les autres des gouvernemens impliqués dans le conflit chercheraient un terrain d’entente à la défaveur de Bachar El Assad et de sa famille. Même Erdogan semble avoir approuvé l’intervention occidentale. Faut-il ou non donner crédit à cette version? Bien sûr, les gouvernements ne laissent filtrer que ce qu’ils veulent qu’on entende et ce n’est pas aujourd’hui qu’on sera mis dans le secret, mais si le conflit tournait le bon sens, je ne serais pas le seul à en être ravi…

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    François Meylan 14 avril 2018 at 14:44 #

    Au départ, il faut croire que Bachar est un bien piètre stratège pour lancer une attaque chimique sur la Ghouta alors qu’il vient de la récupérer. Ou alors on nous dit pas tout. Je crois plutôt en cette seconde possibilité. À qui profite le crime ? Dans tous les cas, pas à lui.

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    Christian Campiche 14 avril 2018 at 17:09 #

    S’il est vrai que des sites de production d’armes chimiques ont été bombardés, je demande quelles sont les conséquences pour l’homme et l’environnement. Tiré de wikipedia:
    “Certains de ces produits ne se dégradent pas, ou ne se dégradent que très lentement et les amorces des munitions anciennes contiennent par ailleurs du mercure toxique (sous forme de 2 grammes de fulminate de mercure) et un explosif souvent également toxique. Les stocks de munitions chimiques ou de toxiques de guerre sont un danger permanent exposant à un risque croissant de fuites et de contacts dans le cas des munitions anciennes qui se dégradent inéluctablement. De nombreuses munitions non explosées ont été détruites dans de mauvaises conditions après guerre sur terre, ou en mer, ou persistent dans les sols, notamment en Belgique et en France, dans la zone rouge la plus touchée par la Première Guerre mondiale. Les stocks de munitions non explosées ou non utilisées ou immergées, avec plusieurs dépôts de dizaines de milliers de tonnes, contribuent aux séquelles durables des guerres mondiales et de la guerre froide (eau, air et sols pollués, écosystèmes dégradés, menace permanente pour les ressources en eau potable et en produits de la mer, problèmes de santé).
    Une convention internationale engage ses pays signataires à éliminer leurs stocks d’armes chimiques avant 2007, cette date n’a pas été respectée par plusieurs pays ayant des stocks importants. Des pays ont construit des usines spécialisées dont le SECOIA en France pour éliminer ces munitions chimiques. La résolution du problème des nombreux dépôts immergés en mer – et dont on ne connaît pas toujours l’emplacement exact ni l’état de dégradation – n’est pas incluse dans la convention. La Commission OSPAR et la Commission HELCOM y travaillent également dans le cadre de deux conventions régionales, mais sans que ce sujet semble prioritaire pour leurs états membres, bien que les pays de la Baltique s’en inquiètent sérieusement depuis la découverte par les pêcheurs d’un nombre important d’obus ou de contenants fuyants dans leurs filets (au Danemark notamment, où 400 pêcheurs au moins auraient été brûlés par de l’Ypérite).”

  7. Feuz alec 15 avril 2018 at 08:50 #

    Le machin du Genéral, c’était L’ONU , pas l’OTAN.
    À part ca cette opération me semble plus théâtrale qu’autre chose. Tous les acteurs semblent avoir été informés d’ou l’absence de victimes…les barils toxiques bombardés ne semblent pas avoir causé la moindre fuite toxique, tout va bien.
    Trump et Cie ont sauvé la face en 10’ de spectacle annoncé !

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    François Meylan 15 avril 2018 at 17:48 #

    Tout semble avoir été fait pour éviter des dommages collatéraux à la Russie. Les cibles ont été communiquées à temps et l’évacuation complète a pu se faire. À quoi rime ce bombardement que l’on qualifie, en l’absence de résolution de l’ONU, d’agression? Sept ans de guerre en Syrie avec comme seul objectif le renversement de Bachar el-Assad et de satisfaire leurs « amis » tant saoudiens, turques que israéliens. Parce qu’il s’agit bien de cela. Pour rappel, la guerre de Syrie – sur fond d’un printemps arabe médiatisé – a débuté sur un litige lié à l’exploitation d’hydrocarbures. Le rapprochement de Damas avec Téhéran dérange au plus haut point. Bachar devient aussitôt l’homme à abattre. La suite, on la connaît.
    Endosser l’uniforme de chef de guerre tombe à point nommé pour Macron. Avec une France qui fait la une depuis des mois pour ses grèves et ses réformes, reprendre de l’ascendant jupitérien lui fait du bien à tous les niveaux. Quant à l’Iran et la Russie, reste à savoir quelles sont leurs cartes reprendre le lead sur le théâtre syrien.

  9. Sima Dakkus Rassoul 16 avril 2018 at 17:57 #

    Partir sur l’idée de deux blocs, dans cette nouvelle guerre froide, bien entamée est une erreur. Depuis ces toutes dernières années, ce qui se passe dans des conditions médiatiques qui sont médiocres en ce qui nous concernent nous les Occidentaux, annonce bien d’autres alliances et un avenir dont on ne veut pas voir le profil.
    Il y a trois ans qu’en Afghanistan on craint la “syrisation” du pays. C’est là-bas que les choses se passent. Daech y a rejoint les autres groupes qui troublent l’eau pour que les gros poissons puissent avaler les petits.
    Les talibans font figure d’enfants de coeur dans la situation actuelle. Une sorte de compétition à qui est le plus cruel pour se venger sur les civils. On attaque les civils, on noyaute leurs maisons. De mystérieux avions débarquent les membres de Daech dans le Nord du pays. La mère des bombes y a brûlé du terrain et rendu sourds des civils. Echec de la Mamma des bombes censée éliminer Daech, mais le groupe en vacances d’Iraq et de Syrie est présent en Afghanistan. Parmi eux, une sorte de communauté internationale, les ressortissants de tous les pays voisins et de France, des USA etc.
    Il faut peut-être arrêter de battre le fer froid d’une idéologie obsolète de tous les côtés. Pour informer sur le monde, il faut tenter de le connaître dans son état actuel et non sur les schémas ancestraux. Et cela passe par des connaissances large sur la culture et les cultures. Le droit du plus fort n’a pas besoin de dialectique ou de savoir.

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