l’artillerie du rire est inutile
je peux rire autant que je veux
sous les toits à n’importe quelle table
avec de la lumière à tous les étages
je peux rire à m’en noyer la gorge
à m’en charbonner le souffle à m’en
convaincre que l’instant est trop court
puisque je ris même en disant amen
puisque je ris même en faisant l’amour
en roue libre comme la rose des vents
sans choisir le jour ni le temps qu’il fait
c’est-à-dire loin de la beauté et du laid
je peux rire mais si le rire s’en va
la seule chose qui garde un éclat
réel et nu et sans secret et sans valise
c’est le calme après le rire l’armistice
Poème tiré du recueil « A l’aube des mouches », par Arthur Billerey, Préface de Corinne Desarzens, Editions de l’Aire, 2019.