Boeing, et la fête continue


Déjà mal  en point après les crashes de deux de ses 737 MAX, Boeing  doit maintenant faire face à des révélations problématiques concernant la fabrication du B787 Dreamliner. Selon le New York Times, des employés d’une usine Boeing de Caroline du Sud assurent que la sécurité des Boeing 787 ne serait pas garantie en raison de défauts constatés lors de sa fabrication.

Plusieurs de ses employés accusent l’avionneur d’avoir caché des problèmes rencontrés lors de la production du B787 Dreamliner, appareil pouvant transporter jusqu’à 310 passagers et construit pour concurrencer l’Airbus A 380. Après avoir épluché des mails internes, des documents d’entreprise et des archives fédérales et interrogé une dizaine d’employés, actuels ou ayant été au service de Boeing, le New York Times a ouvertement accusé Boeing dans ses colonnes.

Il ressort que des cadences infernales sont infligées aux employés de l’usine de North Charleston en Caroline du Sud, où sont produits les B787.  14 Dreamliners doivent sortir d’usine chaque mois depuis le début de 2019. Joseph Clayton, un ancien technicien préposé à l’examen des avions avant livraison, a révélé que la direction de l’avionneur était prête à sacrifier la sécurité de l’appareil pour accélérer la production et maximiser les profits. Lui et plusieurs employés ont été mis à la porte ou sanctionnés après avoir exprimé leurs préoccupations. Certains ont décidé de poursuivre l’entreprise en justice suite à des menaces de représailles.

Selon le New York Times, des composants défectueux auraient été installés dans certains appareils et des débris de métal auraient été laissés à bord après les installations des circuits électriques. Une échelle et une guirlande lumineuse auraient été oubliées à l’intérieur de la queue d’un des avions à côté des engrenages du stabilisateur horizontal. Qatar Airways, l’un des plus gros clients en Dreamliner, a décidé de ne plus accepter les avions sortis de l’usine de North Charleston, justifiant cette décision par les retards de livraison, mais aussi  après les révélations du quotidien newyorkais. Une enquête de la F.A.A (Federal Air Administration) est  en cours suite au signalement d’un employé ayant noté que du chewing-gum avait été utilisé pour maintenir l’encadrement d’une porte dans un avion qui allait être livré.

L’US Airforce fait à son tour état de problèmes détectés par ses pilotes à propos du ravitailleur KC-46A (un 767 revisité) avec des corps étrangers (apparemment des outils et des pièces métalliques) oubliés dans des compartiments clos de l’appareil pouvant mettre en péril la sécurité des vols. Le Pentagone est furieux et menace une retenue pouvant aller jusqu’à 28 millions de dollars par avion au cas où les appareils inspectés ne répondraient pas au cahier des charges.

En soi, ces problèmes pourrait être considérés comme mineurs et se placeraient en seconde position après ceux concernant le système anti-décrochage des B737 MAX qui a causé la vie des passagers de Lion Air et d’Ethopian Airlines, mais le pire dans cette affaire, outre les négligences constatées, est aussi l’atmosphère de représailles et de menaces envers les employés de Boeing. Cela risque d’accentuer la défiance des acheteurs. En effet, comment peut-on faire confiance à une entreprise qui punit les employés qui signalent des défauts de fabrication ? Comment peut-on aussi donner son crédit à une entreprise qui fait passer la cadence de fabrication avant la sécurité des passagers ?

Souhaitons que la crise actuelle soit l’occasion pour Boeing de revoir ses méthodes et de redonner confiance au marché, non par la dissimulation, mais par la transparence. Certes, la pression est grande face au concurrent Airbus, mais ce n’est certainement pas avec de telles armes que l’avionneur américain pourra sortir de ce bourbier. La chose tombe d’autant plus mal que le Salon international de l’aéronautique et de l’espace se tiendra au Bourget du 17 au 23 juin 2019. C’est l’occasion que veulent saisir tous les constructeurs aéronautiques pour remplir leurs carnets de commande auprès des compagnies aériennes présentes, Boeing en tête.

Gérard Blanc

Je pars

Sources : Le Parisien/New York Times,/CNBC/INC

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