“Le programme lunaire a permis d’éviter une troisième guerre mondiale”


Quand Dame Lune se réveille, la population s’émerveille. De son plein éclat en ce 19 juillet, veille des cinquante ans de l’alunissage, notre astre éclaire l’horizon loin à la ronde non seulement la nuit tombée, mais dans le cœur des Américains. À mon arrivée en Floride, le douanier a été tout admiratif de me voir faire un petit pas dans sa grande Amérique. Une serveuse d’un fast-food m’a rappelé : « les fusées, ça c’est mon truc ! ». Je me suis senti un peu gêné d’être Suisse. L’ambiance est à l’unisson « si je puis dire » pour cet Apollo 11, ou plutôt Apollo 50, dit-on marquant ainsi tout le programme lunaire d’Apollo 1 (1967) à Apollo 17 (1972). 

On sautille pour faire décoller la fusée Saturne

Dans les rues pas de grandes pancartes qui évoquent la Lune. La grande attraction reste toujours le centre des visiteurs KSC (Kennedy Space Center) archi-comble de touristes qui viennent faire leurs petits pas, voir la grande fusée Saturne V dans son hangar…. Dans une chaleur mouette à 70% d’humidité. La NASA a même installé en plein air (photo RJK) un carrelage de planelles hexagonales sur lesquelles on peut poser les pieds. Plus il y a de petits pas, autrement dit, plus on sautille sur ces planelles, plus le baromètre monte, un peu comme applaudimètre) et lorsque le baromètre en forme de fusée est au sommet, la fusée Saturne (sur un écran vertical) décolle… avec le vrombissement reconstitué… Pour l’Américain moyen, retourner sur la Lune représente une certaine fierté, même si les profanes ne voient pas trop les tenants et aboutissants. Après tout, cela ne peut que raviver le rêve, du tout bon pour les affaires. L’innovation spatiale est un levier de développement très rentable qui irrigue toute l’économie. Le programme lunaire a boosté nombre de technologies dont nous bénéficions encore aujourd’hui : le Téflon, le velvro, l’ensachage des chips, l’airbag, le détecteur de fumée et même les couches-culottes jetables… D’ailleurs, le smartphone et la Wifi n’auraient jamais pu exister sans « l’accéléromètre » et le « gyroscope ». 

382 kilos de roche lunaire 

Les 382 kilos de roche lunaire rapportés sur Terre sont « les matériaux les plus précieux sur Terre » . De nombreuses découvertes sur la nature de l’Univers proviennent de l’étude de ces échantillons rapportés par la première mission, Apollo 11. Les scientifiques ont notamment pu comprendre la façon dont le satellite naturel de la Terre était né, pratiquement en même temps que la planète bleue, il y a 4,3 à 4,4 milliards d’années, à la suite d’un énorme impact sur l’ancêtre de notre planète. Mon confrère journaliste François de Closets le rappelle : “Dans un certain sens, la mission Apollo 11 a permis de sauver notre planète. Pour la première fois, l’humanité a eu un éclair de génie, éviter une autre guerre mondiale, parce que l’on était quand même parti pour s’envoyer des bombes atomiques ! Aujourd’hui, il pourrait y avoir une guerre entre la Chine et les États-Unis. S’ils pouvaient la rejouer dans l’espace…” Les avantages d’un retour sur la Lune ? Utiliser notre astre comme tremplin pour aller sur Mars, car l’eau, qui n’y est pas abondante, suffirait quand même à créer du comburant-carburant (oxygène-hydrogène). Un sacré challenge !  Et puis, il serait aussi possible d’en extraire de l’hélium-3, 300 fois plus présent sur la Lune que sur la Terre. Ce serait le carburant idéal : non polluant, sans déchets radioactifs, il offrirait un très haut rendement dans des réactions de fusion nucléaire.

Sans compter les avancées dans la recherche scientifique autour et sur la lune et ses potentielles retombées, le nouveau programme de la NASA Artemis (déesse de la Lune, fratrie d’Apollo-n) est très, très ambitieux. Trop pour notre époque ? 

Le programme restant des festivités

Une grande action nationale et populaire a été mise sur pied aux USA, soit 200 manifestations publiques depuis le début de l’année jusqu’au 5 août 2019, dont les 3/4 rien que ce mois de juillet. Cela va de pièces théâtrales, à des représentations dans des salles de cinéma, de tournées de golf (Alan Shepard était un féru de golf), des soirées en tenue spatiales, des défis d’étudiants en créant des alunissages avec des drones, des camps d’été lunaires, des dîners, des galas. D’ailleurs, le 16 juillet (jour du lancement, il y a 50 ans), il y a eu un gala officiel ici en Floride avec Collins et Duke. Sans oublier la Parade des astronautes dans Coco Bach en corvette, le 14 juillet. Un grand moment attendu ce samedi 20 juillet se situe sur le célèbre Times Square à New York qui se transforme pour l’occasion en mer de la Tranquillité avec un pas géant lunaire reconstitué en sable. 

Décollage reporté à mercredi 24 juillet

Et puis, nec plus ultra ce décollage CRS-18 de la fusée SpaceX Falcon 9, ici à Cap Canaveral qui, s’il n’est pas lunaire et habité, sera symbolique et quand même historique. Même si ce lancement vient d’être reporté de quelques jours, il restera quand même dans les annales pour l’anniversaire d’Apollo… 50.

Roland J. Keller, Cap Canaveral

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