UBCS, et le gagnant est…


PAR PIERRE ROCHAT

Dans l’hypothèse d’une fusion de UBS et de Crédit Suisse, les actionnaires seraient les gagnants et les employés les perdants. C’est à peine caricatural. Reste le sort du client. Je pencherais pour perdant: son argent sera géré au profit de la banque et très subsidiairement dans son intérêt, sauf bien sûr s’il est de taille « Wall Street ». Ce n’est hélas pas nouveau, mais avec la fusion augmenteraient aussi les attentes capitalistiques, ce qui ne laisserait aucune marge pour un partage « durable » du profit.

Mais il y aurait un gagnant surprise. Faisons un peu de politique fiction. La loi suisse sur la concurrence stipule que les « positions dominantes » dans un marché sont proscrites. Or la combinaison des portefeuilles de crédits domestiques des deux banques serait « dominante », en tout cas dans les régions urbaines. La Commission de la concurrence, la COMCO, serait saisie et jugerait que la fusion est possible sous condition qu’un certain volume de crédits soit vendu.

Hasard ? La Poste, plus précisément son bras financier PostFinance, est sur le point de recevoir des chambres fédérales l’autorisation de se déployer dans le domaine du crédit. PostFinance doit absolument diversifier les canaux de placements de ses énormes liquidités car les taux d’intérêts négatifs ont saigné à blanc sa rentabilité.

Quelle aubaine de pouvoir acheter en un coup un beau portefeuille qu’il aurait fallu des années à constituer ! Pas étonnant dès lors que Monsieur le Conseiller Fédéral Maurer ait été informé du projet « Signal » : le deal est «tu nous laisses fusionner et on gâte ta Poste».

Reste le concept «too big to fail». Le deux banques ont déjà ce statut. L’entité fusionnée, même amaigrie de quelques milliards de crédits, représenterait un risque «systémique» d’autant plus grand. Quelles seraient les garanties demandées par la FINMA, l’autorité de surveillance des banques, pour valider la fusion? Son rôle est de protéger les déposants. Sous cet angle, la fusion serait difficile à justifier car un « accident de parcours », euphémisme politiquement correct pour éviter le mot de faillite, entraînerait avec lui un trop grand nombre d’épargnants vers la ruine. Ce risque serait inacceptable pour les politiques. Il y aurait donc de grandes chances pour que la FINMA soit mise sous pression, Poste ou pas.

Photo: CdT

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