Tribune libre – OFSP, une enquête d’image suspecte


L’auteur nous précise que sa lettre qui suit (quasiment une lettre ouverte au Conseil fédéral) n’a reçu immédiatement du destinataire d’Infras (“bureau d’étude et de conseil indépendant engagé en faveur du développement durable”) désigné pour répondre aux questions sur cette “enquête” que l’avis automatique “notre réponse au sujet de l’enquête peut être retardée de quelques jours”. Ce délai ne peut que laisser au lecteur la charge de tirer lui-même, du texte brut de la lettre, les conclusions évidentes. Réd.

Mesdames, Messieurs les cadres d’Infras,

A ma connaissance, Infras a toujours été une firme professionnelle et soucieuse du bien commun.
Aussi quelle n’a pas été ma surprise de recevoir personnellement de l’OFSP une invitation à répondre par Internet à une enquête d’image le concernant, et mettant Infras en cause, ainsi qu’une invitation-rappel, provenant de la même source (OFSP).
En tant qu’ingénieur-physicien EPFL et ancien député au Grand Conseil vaudois, ayant donc connaissance et pratique des milieux et procédures techniques, scientifiques et politiques, cette opération m’a paru suspecte.
Elle me l’a paru évidemment d’autant plus de par son sujet que du fait qu’elle détourne manifestement à des fins d’image ou de sauvetage de la face de l’administration et du Conseil fédéral des fonds publics qui devraient être consacrés à la lutte sanitaire contre les effets du Covid.

Les éléments de cette opération qui, au demeurant, devrait être publique et ouverte, ne répond pas aux caractéristiques suivantes de ce qu’est une VRAIE enquête SCIENTIFIQUE, et particulièrement dans le cas particulier:

1) Transparence générale de l’OFSP et du Conseil fédéral sur leur action.
2) Taille et composition réelles de l’échantillon observé à communiquer spontanément et préalablement aux sondés.
3) Liste des questions posées à communiquer spontanément et préalablement aux sondés.
4) Vu la signature et le papier à lettre qui désigne Infras comme mandataire, la non-implication dans l’opération des fonctionnaires “intéressés” aux résultats.
5) Dépouillement par des gens ne dépendant ni de commandes de l’Etat, ni des partis politiques, ni des firmes finançant ces partis.

En complément, on constate les graves défauts méthodologiques suivants:

6) Divulgation en clair, donc lisibles par n’importe quel fonctionnaire de l’OFSP, du mot de passe permettant d’accéder à la partie qui me concerne de ce questionnaire, et donc de répondre à ma place ou de transformer mes réponses. On peut imaginer que je ne suis pas le seul dont les mots de passe sont divulgués aux intéressés aux résultats de l’enquête.
7) Désignation obscure, à ma connaissance, du mandataire Infras, sans passage, de bonne foi, par les règles sur les marchés publics. (“De bonne foi” ne se contente pas de l’affirmation “légal”).
8) Vu les antécédents, dans toute cette crise COVID, des comportements erratiques et suspects des officines impliquées (OFSP, Taskforce, Conseil fédéral) et l’absence d’informations claires sur l’échantillon et sur les questions posées, la possibilité d’une sorte de “bourrage des urnes”, càd du remplissage par l’OFSP des questionnaires pour sortir les résultats souhaités par les cadres des officines susmentionnées, par exemple un satisfecit.
9) Absence d’un contrôle ne dépendant ni de commandes de l’Etat, ni des partis politiques, ni des firmes finançant ces partis.

Je relèverai en outre le point suivant: comment oser parler d’anonymat face à l’OFSP (voir ses lettres) quand le rappel lancé pour extorquer une réponse informatique à l'”enquête”, fait par l’OFSP lui-même, démontre que l’OFSP exerce une surveillance personnalisée du comportement des membres de l’échantillon, dans la plus pure tradition orwellienne?

Cette opération est parfaitement contraire, au vu de ses caractéristiques ci-dessus, à la lettre et à l’esprit de la Constitution et à des pratiques réellement scientifiques.
Les “résultats” publiés ne seront donc pas plus crédibles que ne le sont les chiffres actuels, lacunaires et/ou orientés publiés par les officines sus-mentionnées dans le cadre COVID.
Je ne répondrai donc pas à cette “enquête”, et les fonctionnaires ayant eu connaissance de mon mot de passe pourront à loisir confirmer la justesse de mon analyse…

La transparence et l’honnêteté, notamment intellectuelle, sont les meilleurs remèdes permettant de réformer le système institutionnel suisse en cours de désagrégation. Cette désagrégation se prolonge par les dénis des autorités quant aux effets sur elles-mêmes de leur ego et de leur peur, ainsi que le démontrent journellement les officines susmentionnées, et à témoin notamment la présente “enquête”.
C’est dans un esprit de dépassement de cette situation que je me permets de mettre copie de la présente à divers médias et élus ou fonctionnaires, dont la signataire de la lettre, le Président du Conseil fédéral Parmelin et le Conseiller fédéral Berset, à toutes fins utiles à cette réforme.

Je me tiens bien sûr à disposition pour des explications complémentaires, notamment quant aux remèdes.

Veuillez agréer, Mesdames, Messieurs les cadres d’Infras, mes salutations distinguées.

P. Santschi

Copies mentionnées

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Pierre Santschi, Ing.-phys. EPFL, SIA, ACM
Ancien député au Grand Conseil VD, Lausanne

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Un commentaire à “Tribune libre – OFSP, une enquête d’image suspecte”

  1. Michèle Herzog 28 janvier 2021 at 16:22 #

    Merci M. Santschi d’avoir réagi suite à cette demande d’Infras. Le fait de fournir un mot de passe en clair sur une lettre permet effectivement ensuite de créer des abus. Une entreprise telle d’Infras ne peut l’ignorer. Cordialement.

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