Delta Drone, la société grenobloise qui investit en Suisse a-t-elle du plomb dans l’aile?


PAR ARTHUR LAVENANT

Une société grenobloise qui investit en Suisse, un financier à la réputation sulfureuse, des petits actionnaires ruinés: de drôles de drones planent sur le marché financier suisse. Retour sur le décollage difficile d’une start-up aux débuts pourtant prometteurs dans un secteur d’avenir.

Delta Drone c’était au départ une belle histoire : trois co-fondateurs passionnés créent une start-up en 2011 pour concevoir et commercialiser des drones. Dix ans plus tard, la société est cotée en bourse, mais ne conçoit quasiment plus de drones. 

En 2013, l’avenir est prometteur mais Delta Drone est en manque de financement. Alors, un investisseur lyonnais, Christian Viguié, se présente et met 500 000 euros sur la table. Peu à peu, il prend en main l’entreprise et organise l’entrée en bourse de la société. Le dirigeant est habile, il parvient à attirer investisseurs et petits porteurs. Mais la société utilise des modes de financement dilutif controversés, comme l’OCABSA. Le principe est simple mais redoutable : pour attirer des capitaux, la société émet un grand nombre de titres, ce qui dilue de fait la part détenue par chaque actionnaire et en diminue la valeur. L’action dégringole au fil des mois, passant de 1€10 il y a 5 ans à moins d’un demi centime aujourd’hui. 

Certains petits porteurs s’estiment lésés et certains soupçonnent une escroquerie destinée à leur vider les poches. Un coup d’oeil à l’actionnariat de l’entreprise achève de les inquiéter : Delta Drone serait détenue à plus de 70% par Yorkville Advisors, un fonds d’investissement américain, par le biais de sa filiale aux îles Caïmans, déjà mis en cause par la SEC, le gendarme de la bourse américain. L’Autorité des Marchés Financiers française a déjà condamné Delta Drone et deux de ses anciens administrateurs pour manquements d’initiés en 2018 mais l’un des deux a pu échapper à l’amende de 400 000 euros en sa qualité de résident suisse. Reste à savoir si la FINMA aussi pourrait un jour vouloir s’intéresser au fonctionnement de Delta Drone.

Contactée, la direction de Delta Drone indique que la société est sous-cotée et que le cours de l’action remontera à moyen ou long-terme, et impute la chute du cours aux actionnaires qui auraient manqué de fidélité en empochant les fruits de leur investissement sans continuer à soutenir l’entreprise. Quant aux actionnaires qui ont perdu de l’argent, c’est le jeu : « Chacun est libre d’acheter et de vendre à tout instant. »

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