Il paraît que la majorité des Suisses sont pour l’achat de F35, mais seulement 45% pour augmenter le budget de l’armée. Mais qu’en serait-il si le peuple était bien informé? Ne voudrait-il pas d’une meilleure armée, mais 10 à 20% moins cher?
Le chef de l’armée, Thomas Süssli, l’a déclaré dans “24 heures” du 10 mars: en cas d’attaque de la Suisse, avec les moyens actuels, le pays ne tiendrait pas plus de quelques semaines. Et dans “Le Temps”, le député vert Fabien Fivaz commente: «si Viola Amherd veut 2 milliards de plus pour l’armée, il faut qu’elle nous dise pourquoi». Laquelle Viola Amherd répond que «la Suisse doit être capable de protéger son espace aérien afin qu’il ne soit pas utilisé abusivement par une partie au conflit». La journaliste Sylvia Ravelo indique que la socialiste membre du GSSA, Amanda Gavilanes, observe, « un emballement généraliste militarisé en Europe. C’est un réflexe de peur et la droite s’enfonce dans la brèche », estime-t-elle, jugeant plus nécessaire que jamais de porter un discours pacifiste et antimilitariste.
Les politiciens de gauche sont irréalistes dans leurs évaluations militaires, niant trop de réalités. Ils ne se rendent pas compte que les influenceurs néocapitalistes utilisent leurs propos idéalistes pour polariser le débat, sans aborder les ingérences et surenchères au sein de notre armée.
La solution consiste donc à pallier l’incapacité de la gauche à proposer une armée efficace et économique avec un discours créatif, scientifique et pertinent. Il faut changer le questionnement sur la défense. Le 19h30 du 17 mars recommence avec un discours qui ne pose pas les bonnes questions. Le journaliste Pierre Nebel présente un documentaire sur le budget de l’armée. On y voit les PLR cautionner un budget de 7 milliards, contre 10 pour l’UDC, 3 pour les Socialistes et 5 milliards pour les Verts.
S’il est bien une chose que le peuple suisse ignore au sujet de son armée, c’est sa médiocrité. Son coût est trop élevé par rapport aux services qu’elle est capable de fournir. Et c’est le comportement du DDPS, de la majorité bourgeoise, du Conseil fédéral et des médias qui maintient le peuple dans cette inconscience sécuritaire qui permet à des industriels de l’armement d’abuser de sa confiance et de son argent. Les propos du chef de l’armée, comme ceux de Jacqueline de Quattro et d’autres PLR et UDC, vont davantage dans le sens d’une armée néocapitaliste de profit que d’une défense efficace.
Bertil Rouiller, expert indépendant en aéronautique, La Chaux-de-Fonds
