La BNS connaîtra-t-elle le sort de Credit Suisse? Sans aller jusque-là, Michel Santi démythifie en larges couches d’analyse corrosive la politique d’investissement de l’institut d’émission helvétique. Le casino n’est pas loin. Ce passage de son dernier essai “BNS, rien ne va plus”:
Les banques centrales les plus puissantes n’ont jamais été aussi frénétiquement attirées par les placements boursier que ne l’a été la Suisse. Sa miraculeuse faculté de création monétaire lui a permis de se propulser au rang de très influent hedge fund.
Hedge fund, synonyme du risque maximal, le mot est lancé. Le macroéconomiste franco-libanais-suisse, chroniqueur d’infoméduse, ne s’arrête pas en si cru chemin.
Ce sont les grands investisseurs, et c’est la finance mondiale, qui ont donné à la BNS l’illusion de son pouvoir – et accessoirement un vertige à 1000 milliards.
Financement à la ponzi, bitcoin, la BNS fait feu de tout bois, elle est devenue une “banale spéculatrice”. Mais “qui aime la spéculation récolte une tempête”, il importe aujourd’hui de “récupérer cet argent” livré à l’appétit boulimique. Dans son épilogue constructif, Michel Santi imagine une BNS régénérée par une passion civique, l’engagement climatique. “La banque centrale suisse, l’industrie suisse, la place financière suisse, le pays tout entier peuvent devenir la référence absolue et positive, sans pour autant que le niveau de croissance national ne soit remis en question”.
Il est permis de rêver.
A ceci près que le mythe de la croissance infinie dans un monde fini semble rester le dogme de base, si l’on en croit la dernière citation.
J’espère me tromper, si l’on veut que l’espèce humaine évolue harmonieusement, et non dans une suite de catastrophes plus ou moins apocalyptiques qui ne font que faire souffrir les petits (et peut-être même les gros, qui sait…). Cela me fait ajouter mon grain de sel rimé:
La foi dans les lois du marché
Et dans la croissance infinie
N’est-ce la porte aux avanies ?
Mais ne l’avons-nous pas cherché
En suivant les économistes
Et les trahisons des juristes?
Remède institutionnel transitoire: ne laisser aux partis politiques en place (trop souvent promoteurs de ces magouilles spéculatrices) des fonctions que proportionnellement à leur réelle représentativité démocratique, c’est à dire au plus 20% des sièges dans le service public; les 80% restant à attribuer par tirage au sort entre les non-membres des partis.