Bernard Arnault cultive les valeurs olfactives dans ses jugements. Rien de plus normal pour un homme qui fabrique des parfums haut de gamme. En homme de goût, il tolère les journaux qui sentent bon le compliment et la déférence. Par contre les titres qui se vautrent dans les bas-fonds malodorants doivent être punis sans pitié. Les employés de LVMH, le groupe contrôlé par M. Arnault, ont ainsi l’ “interdiction absolue de parler” aux journalistes de Mediapart ou du Canard Enchaîné. Cela leur apprendra, à ces mécréants, de ne pas dire que du bien de lui! Qu’ils suivent l’exemple des autres titres dont les pages sont constellées de publicités pour ses marques et tout leur sera pardonné!
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La Norvège ne veut plus entendre parler de moteurs à essence. En 2025, qu’on se le tienne pour dit, il ne s’y vendra plus que des voitures “zéro émission”! Pendant ce temps, en Italie, le discours est diamétralement opposé. Rome, ou plutôt Turin, siège de Fiat, entend faire pression sur Bruxelles pour infléchir une politique énergétique axée sur l’interdiction des moteurs diesel et à essence dans l’UE à compter de 2035. Le gotha de l’industrie de la péninsule est mobilisé derrière le ministre du “made in Italy”, Adolfo Urso. Lequel exige un report aux calendes grecques de la date butoir. Motif de cette levée de boucliers: la voiture électrique ne convainc plus les foules, les fabricants broient du noir. Seule issue pour eux, s’ils ne veulent pas mettre la clé sous le paillasson: revenir au bon vieux moteur à explosion. En Europe aussi, le pétrole est enjeu de tensions.
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Procès Pelicot en France. Très bon reportage dans le “Matin Dimanche” du correspondant à Paris Alain Rebetez. Dommage, cette légende-photo réductrice, que l’on doit au secrétariat de rédaction: “Gisèle Pelicot salue CELLES qui l’applaudissent”. L’auteur de l’article écrit bien, pourtant: “Une haie d’honneur se forme dans le hall. Des femmes surtout, MAIS PAS SEULEMENT…”.
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La Confédération aimerait raboter chaque année 4 milliards dans ses dépenses. D’épais traits rouges sillonnent déjà les carnets de la grande-argentière Keller-Sutter. On dit la radio Swissinfo menacée, la voix des Suisses dans le monde pourrait s’éteindre. Pas question en revanche de tailler dans le budget de l’armée, comme semblait le souhaiter il y a encore une dizaine de jours un groupe d’experts mandaté pour plancher sur des mesures d’économie, sous la houlette de l’ancien syndicaliste Serge Gaillard. En mai dernier, Mmes Keller-Sutter et Amherd se regardaient encore en chiens de faïence, on disait la ministre des finances agacée par l’appétit de la cheffe du département de la défense. Aujourd’hui on a l’impression qu’elle lui passe tout. Que s’est-il passé pour que les deux se rabibochent? Combien d’assiettes de rösti ont-elles partagé autour d’un verre de blanc-cassis?
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Cette publicité des CFF: “Un nouvel horaire pour la Suisse occidentale dès 2025”. Factuelle, on ne lui demande rien de plus. Parmi “les principaux changements en un coup d’œil”:
La gare de Renens devient un carrefour ferroviaire de premier ordre.
A Lausanne, dont la gare est toujours dans le flou concernant son avenir, les usagers sont bien forcés de prendre les CFF au mot. Dans l’attente d’une décision urbanistique délimitant les contours exacts du projet ferroviaire, les rêves de grandeur sont rangés au hangar des utopies. Renens, première gare du canton? Après tout, le chef-lieu de l’Ouest lausannois n’est qu’à deux pas de l’EPFL et de la Silicon Valley vaudoise…
Christian Campiche