Education positive ou échec avéré?

PAR MARTIN DE WAZIERS

A force de prôner le laisser-faire pour l’éducation des enfants, le constat d’échec avéré est désolant à ce jour : ‘restaurer une autorité structurante et bienveillante’ est la conclusion du rapport rendu ce 13 février 2025 après 14 mois d’études, au Ministère Français des Familles! Impliquer davantage les pères dans l’éducation des enfants et les inviter à s’investir dans l’école et la vie scolaire de leur petit, tel est un pan des 40 recommandations à la clé !

Sous prétexte de tolérance d’un enfant soi-disant capable de s’autogérer sans la maturité nécessaire, on est passé de l’enfant-tyran à l’enfant-roi et maintenant l’enfant-dieu dont le savoir et l’omniscience lui donnent tous les privilèges ! Rajouter l’omniprésence des media électroniques, des smartphones et écrans de tous genres distribués allègrement aux petites têtes blondes, et vous avez la recette explosive du mal-être psychologique des enfants !

Sortir de l’état sauvage

Doit-on accuser Mai’68, la libération de la femme, l’hyper-modernité et son hyper-connexion, la matérialisation extrême du monde actuel au détriment d’une spiritualité qui puisse donner un équilibre de vie et ré-enchanter le monde ? L’heure n’est pas aux boucs-émissaires de mise, dans ce genre de situation, mais à retrouver le juste milieu dans les comportements délétères de parents débordés par l’hyperactivité et le stress cumulés corps-âme-esprit !

Non, nous se sommes plus aux combats de coq entre réformateurs et conservateurs même si le sujet reste brûlant, mais, à une vraie prise de conscience des déboires de l’éducation positive, avec ses relents de nivellement par le bas. L’enfant ne peut décemment pas trouver les solutions à son éducation, ce mot même indiquant par son étymologie le besoin d’être guidé proprement pour sortir de l’état sauvage, au moyen de jalons précis et autoritaires !

Comment écouter?

Car, il s’agit bien de rétablir cette autorité, pouvoir d’imposer l’obéissance qui, elle-même, veut dire «prêter l’oreille à quelqu’un»! Comment le faire si elle est derrière des écouteurs 24/24? Comment écouter si l’on est distrait à longueur de journée par des notifications sans intérêt, des messages à répétition, des nouvelles toutes plus tristes les unes que les autres? Il ne s’agit pas de revenir en arrière, mais de respecter des bases saines pour mieux sauter!

L’enfant se doit d’acquérir des racines profondes tel l’olivier qui descend chercher son eau à 70m de profondeur et ne pas être l’eucalyptus qui la pompe en superficie et risque de chuter à la première bourrasque. Non, interdits et sanctions ne sont pas violence et ont fait leurs preuves sur des millénaires mais les parents craignent de ne pas être aimés et les voisins sont rapides à appeler la police quand ils sont témoins d’une fessée ou gifle passagère…

Les bastions de nos intelligences multiples

Le non-respect du chef de famille et du patronyme (nom du père) y sont peut-être pour une part, la dévalorisation du chef de foyer et du matrimoine (souvenir de la mère) pour une autre mais, le temps et la patience y sont pour beaucoup. Donner du temps au temps, quand on n’en a pas, difficile équation ! Développer sa patience dans le monde où les plaisirs priment, un paradoxe bien complexe. Grand père professionnel de 6 petits-enfants, je le comprends !

Revenir aux fondamentaux pourrait paraître suranné et, cependant, nous avons poussé le bouchon trop loin. Ne pas négliger le besoin d’ouverture, d’innovation et d’élévation, doit rester un impératif afin de ne pas nier le progrès. Mais, si l’on prône le ‘thinking out of the box’, sortir du cadre veut bien dire que l’on en a donné un à la base. Histoire, culture et religion ont été les bastions de notre évolution et surtout de nos intelligences multiples.

Si la psychologie comportementaliste et l’envolée des neurosciences ont instrumentalisé les déboires de l’éducation positive, il est temps d’en revenir. Si l’on dit ‘la raison doit obéir à la science’, encore faut-il ‘savoir raison garder’ ! Mais, plus important, au-delà de l’instinct qui dicte notre quotidien, laissons notre intuition nous guider dans la gestion de nos foyers pour retrouver une autorité saine et partagée et donner à nos enfants ‘des racines et des ailes’.

©Martin de Waziers

Retrouver le juste milieu dans les comportements délétères de parents débordés par l’hyperactivité.

Tags: , , , , ,

Un commentaire à “Education positive ou échec avéré?”

  1. Le Houelleur Yann 17 février 2025 at 10:46 #

    L’auteur de cet article ponctué de conseils élémentaires n’a que trop raison. Il s’agit de détricoter toutes les errances commises et admises depuis Mai 1968 lorsqu’a triomphé l’incantation à « interdire d’interdire ». On se rend compte aujourd’hui des ravages survenus, en particulier l’éducation des enfants. Par exemple, il est désormais convenu que nos tout jeunes doivent apprendre à maitriser leurs frustrations quand ils s’entendent dire «Non», faute de quoi ils se croiront tout permis et deviendront de la «graine de délinquance». Et puis, plus question de mettre entre les mains des gosses des portables qui se substitueraient à l’attention – et même à l’ amour – parental ainsi qu’aux enseignants dès la maternelle. Je sais que cela fait de nous des « réacs » et même des « fachos » mais une bonne fessée ne condamne pas un gosse au malheur perpétuel. Mon père m’a donné de copieux «pan pan» au derrière et il n’était pas pour autant un tortionnaire, bien au contraire. Malgré mon esprit rebelle et incrédule, qui fait paraît-il le sel de certains de mes articles (!!!), je respecte l’autorité, pour autant évidemment qu’elle soit légitime. En France s’est mis à fleurir tout un débat sur les mineurs et on constate qu’un enfant et un adolescent insuffisamment pourvu de repères moraux peut devenir une bombe à retardement. Bravo Martin, le propre d’un journaliste et d’un chroniqueur c’est de mettre le doigt sur la plaie et de montrer que sans la plaie il n’y aurait pas lieu de s’indigner !

Laisser un commentaire

Les commentaires sous pseudonyme ne seront pas acceptés sur la Méduse, veuillez utiliser votre vrai nom.

Mentions légales - Autorenrechte

Les droits d'utilisation des textes sur www.lameduse.ch restent propriété des auteurs, à moins qu'il n'en soit fait mention autrement. Les textes ne peuvent pas être copiés ou utilisés à des fins commerciales sans l'assentiment des auteurs.

Die Autorenrechte an den Texten auf www.lameduse.ch liegen bei den Autoren, falls dies nicht anders vermerkt ist. Die Texte dûrfen ohne die ausdrûckliche Zustimmung der Autoren nicht kopiert oder fûr kommerzielle Zwecke gebraucht werden.