Nous sommes dans l’Etoile Mystérieuse de Tintin et nous nous souvenons tous de ce vieux à la barbe et la tunique blanches comme neige : un prophète qui tape sur un gong en criant aux passants : c’est le châtiment, faites pénitence, la fin des temps est venue ! Philippulus nous amusait, gamins, on ne pouvait croire à un astéroïde qui détruirait la terre. Il faut noter qu’Hergé écrit le 10ème tome des aventures de Tintin en 1941, sous occupation allemande !
Or, si l’on passe l’après-guerre dont les baby-boomers comme moi ont largement bénéficié, l’humanité n’a pas arrêté, si ce n’est de se taper dessus, de créer des perspectives funestes au travers d’évènements : Mai’68, les crises du pétrole des années 70, le SIDA, la peur de l’an 2000 avec l’éclipse du 11 août 1999 et le bug informatique du passage du millénaire, les crises économiques avec 3 grands crash planétaires et, bien sûr, sans l’oublier, la COVID…
Le sujet du climat
Le bonheur est dans le pré mais nous ne pouvons éviter le sujet du climat, parlons-en : 1.5° de plus dans quelques décennies et cela fait couler de l’encre, des allocations à n’en plus finir dans tous les domaines pour lancer des initiatives qui coûtent une fortune (we’ll do what it takes, disait Draghi, on fera tout ce qu’il faut) et des déficits abyssaux que l’on fait rouler d’une année à l’autre sans vergogne. La terre se refera seule en 100 ans si nous partons !
Alors, finalement, la fin du monde, annoncée par toutes sortes de prophètes de mauvaise augure, aura bien lieu. Mais qu’est-ce qui fait courir le monde de l’hypermodernité et de la surconsommation ? Ne devrions-nous pas nous délecter d’une Kriek Framboise pour les belges, d’un blanc-cassis pour les français ou d’un petit fendant pour les suisses, et rester tranquilles à attendre l’échéance, plutôt que cette hyperactivité qui est maladie du siècle ?
Mots du nouveau testament
Armageddon ou apocalypse, ces deux mots sont devenus aussi communs que la baguette de pain. Or, en bon amateur de sémantique, je tiens à corriger leur usage. D’abord, pour un monde qui s’est déchristianisé dans sa pratique (même si la chrétienté reste la religion de référence en Europe), ces mots sont du nouveau testament, dans l’Apocalypse qui veut dire la révélation et référence à Har-Megiddo où certains combats du Moyen-Orient ont eu lieu !
On est très loin de la catastrophe ou du cataclysme signifié dans notre culture moderne même si l’on parle de combat ou de plaies de l’humanité, mais, au contraire, on veut faire référence au dévoilement du destin de l’humanité. S’il y a référence au bien et au mal, c’est dans le combat naturel des hommes qui devrait culminer dans la victoire du premier sur le second, devrait-on plutôt jubiler puisque nous vivons de l’espérance d’un monde meilleur ?
C’est Jésus, reconnu par les 3 monothéismes, qui en est le protagoniste, comme Messie, car il s’agit bien là d’un texte chrétien du nouveau testament, comme conclusion de l’Histoire. Il y est prophète de la fin des temps, même si l’écrit ne sera composé qu’à la fin du 1er siècle, donc 60 ans après sa mort, et montre le passage de l’ancien monde vers le nouveau en passe de s’accomplir. Il marque l’intervention divine qui sépare impies et élus, selon leur vie terrestre.
Rassurez-vous, les calculs étaient faux
Alors, ce dernier livre apparaît, comme la science-fiction moderne, pour répondre au besoin de l’homme de rêver son avenir, de définir son évolution car s’il y a une peur majeure chez lui, c’est la mort et l’au-delà, à voir tous les débats actuels sur son approche et l’euthanasie. Le rapprochement avec une grande catastrophe peut se comprendre car il faut bien que ce monde s’achève un jour mais de là à prendre ces mots en référence, c’est un vil raccourci !
Tintin se rend à l’observatoire pour demander au professeur Calys ce qu’il pense de l’étoile maléfique, et sa réponse est sans appel : il s’agit d’une immense boule de matière en fusion qui va entrer en collision avec la terre. Juste ciel ! Tintin s’exclame : mais alors, c’est la fin du monde… Oui, s’écrie Calys, le cataclysme aura lieu à 8 heures, 12 minutes et 30 secondes. Rassurez-vous, les calculs étaient faux : la fin du monde est remise à une date ultérieure !
©Martin de Waziers
